Ne pas penser trop loin

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Le ton conciliant de la Fed et le plan de financement du Trésor soutiennent les obligations et les actions. Le yen chute malgré l’assouplissement du contrôle de la courbe des taux par la BoJ. La zone euro chancelle et la dette de l’Italie est placée sous revue par Moody’s.

L’appétit pour le risque a fait son retour sur les marchés financiers la semaine dernière, le point d’inflexion accommodant de la Réserve fédérale et le net ralentissement des créations d’emplois aux Etats-Unis semblant confirmer que les taux d’intérêt ont atteint un pic. La Fed a laissé ses taux directeurs inchangés et selon son président, Jerome Powell, une hausse en décembre n’est certes pas exclue, mais paraît peu probable. Ce message tient compte autant de l’inflation que du marché du travail, alors que la Fed déterminera la trajectoire de sa politique monétaire lors de sa réunion des 12 et 13 décembre prochains. Selon le rapport publié vendredi dernier, 150'000 emplois non agricoles ont été créés en octobre, un niveau inférieur aux anticipations (180'000) et en baisse par rapport au chiffre révisé de septembre (297'000). Le département du Trésor a donné le ton pour la semaine avec une mise à jour de sa stratégie de refinancement, qui privilégiera les T-Bills et permettra de réduire les pressions affectant les émissions à plus long terme. L’annonce du Trésor, le point d’inflexion de la Fed et les chiffres de l’emploi ont causé un triple choc sur les marchés, qui s’est traduit par une chute du rendement des bons du Trésor à 10 ans d’environ 30 pb à 4,52%. Les actions américaines ont enregistré leur meilleure performance hebdomadaire depuis le début de l’année. Les entreprises ont affiché de solides marges, mais des ventes en demi-teinte, poussant les estimations de bénéfices pour 2024 à la baisse. Le rallye des marchés boursiers pourrait se poursuivre dans les semaines à venir si la volatilité des taux s’atténuait – les prix à la consommation aux Etats-Unis, attendus le 14 novembre, joueront donc un rôle déterminant. Nous privilégions les obligations investment grade de haute qualité, qui offrent des rendements attrayants.

La Banque d’Angleterre a laissé son taux directeur inchangé à 5,25% pour la deuxième fois consécutive, tout en estimant qu’il était «beaucoup trop tôt pour envisager des baisses de taux». En revanche, la banque centrale du Brésil a abaissé son taux directeur de 50 pb à 12,25%. Nous sommes positifs à l’égard de la dette émergente en devises locales. Reflet des perspectives moroses au niveau des porte-conteneurs, un géant européen du transport maritime a annoncé la suppression de 10'000 emplois. Le PIB de la zone euro a chuté de 0,1% en glissement trimestriel au troisième trimestre, tandis que le chiffre du deuxième trimestre était révisé à la hausse à +0,2% (contre +0,1%). Les chiffres du PIB ont réservé de mauvaises surprises en Italie et au Portugal. Moody’s, qui classe Rome juste un cran au-dessus de la catégorie «junk bond», révisera la note de la dette italienne à la mi-novembre. Dans un registre plus positif, le stockage de gaz en Europe a atteint sa limite physique avant l’hiver.

En Asie, le yen a touché un plancher de 33 ans, malgré l’assouplissement du contrôle de la courbe des taux par la Banque du Japon – la limite de 1% pour les taux à 10 ans est passée d’un «plafond fixe» à une «indication». Il s’agit d’un nouveau pas vers la fin de la politique monétaire ultra-accommodante menée par la BoJ. En matière budgétaire, le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé un plan de relance représentant USD 113 milliards et ciblant  principalement les ménages. Nous sommes positifs vis- à-vis des actions japonaises. En Chine, les indices des directeurs d’achat (PMI) ont montré que le secteur manufacturier était retombé en territoire de contraction en octobre. Nous anticipons de nouvelles mesures de relance chinoises dans les mois à venir.

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