Des temps incertains

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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L’Allemagne est confrontée à un resserrement budgétaire. Les élections néerlandaises constituent un casse-tête pour l’UE. La frénésie de consommation se poursuit aux Etats-Unis.

La semaine dernière, une légère hausse de l’indice composite des directeurs d’achat de novembre – la première en cinq mois – a constitué une bonne nouvelle pour la zone euro. Cette amélioration est due en grande partie au secteur manufacturier, dont l’activité est peut-être sur le point de se redresser. Mais la nouvelle a été éclipsée par des événements laissant entrevoir l’ampleur des défis auxquels le continent serait confronté l’année prochaine. En Allemagne, la décision de la Cour constitutionnelle de bloquer le projet du gouvernement d’utiliser 60 milliards d’euros de fonds «d’urgence» non dépensés durant la pandémie a semé le trouble, sachant que les sommes considérables mobilisées, entre autres, pour lutter contre le changement climatique sont placées dans des véhicules hors budget visant à contourner le «frein à l’endettement» inscrit dans la Constitution. Le gouvernement a réagi en suspendant le mécanisme de frein à l’endettement en 2023, pour la quatrième année consécutive. Mais la décision de la Cour soulève des interrogations majeures pour l’année prochaine, le resserrement budgétaire constituant une menace pour une économie allemande encore fragile.

Le triomphe surprise du Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders – anti-UE et anti-immigration – aux élections générales néerlandaises a renforcé l’incertitude en Europe. Bien que l’on ne sache pas encore comment, quand et avec qui il serait en mesure de former une coalition gouvernementale, la montée en puissance du PVV pourrait renforcer l’opposition néerlandaise à toute hausse du budget de l’UE, des emprunts communs ou de l’aide à l’Ukraine. Alors que les préoccupations liées à l’immigration s’intensifient dans toute l’Europe, la victoire de Geert Wilders sonne comme un coup de semonce pour les politiciens traditionnels avant une année électorale chargée, durant laquelle auront lieu des élections au Parlement européen ainsi qu’au Portugal et en Autriche (et éventuellement au Royaume-Uni). En dehors de l’Europe, l’élection présidentielle à Taïwan approche à grands pas (elle est programmée pour janvier prochain). La tentative de l’opposition de présenter un candidat commun contre le dirigeant du Parti démocrate progressiste (DPP) au pouvoir a échoué. La course à la présidence devrait être serrée et son résultat sera déterminant pour l’évolution des relations délicates entre Taïwan et la Chine. En Argentine, une semaine après sa victoire à l’élection présidentielle, Xavier Milei semble revenir sur certains de ses projets politiques les plus radicaux, notamment la «dollarisation» de l’économie. Avec une base politique étroite et sans contrôle du Parlement, la capacité du nouveau président à appliquer son programme de rupture visant à remettre l’Argentine sur pied suscite de nombreux doutes.

Aux Etats-Unis, la fête de Thanksgiving a été suivie d’un «Black Friday» qui a tenu ses promesses, les ventes en ligne ayant augmenté de 7,5% par rapport à l’année dernière. La frénésie de consommation devrait se poursuivre avec le «Cyber Monday», ce qui souligne la vigueur des dépenses de consommation. Cela ne cadre pas tout à fait avec le climat morose révélé par la dernière enquête de l’université du Michigan concernant la confiance des consommateurs, mais fait écho à la hausse des anticipations d’inflation à un an mise en évidence par la même enquête. Signe de la volatilité du marché obligataire, la vigueur des dépenses et cette augmentation des anticipations d’inflation ont entraîné une nouvelle hausse des rendements des bons du Trésor en fin de semaine dernière.

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