Que reste-t-il de notre avenir?

Steen Jakobsen, Saxo Bank

2 minutes de lecture

Cette année, le mécontentement croissant à l’égard de l’establishment se répercutera sur les élections européennes, au Royaume-Uni et éventuellement aux Etats-Unis.

L’avenir, autrefois radieux, semble aujourd’hui plus sombre que jamais. Des conflits géopolitiques sans fin se multiplient. Et, malgré un désir généralisé de changement politique, qui se traduit par la montée des partis d’extrême gauche et d’extrême droite, les perspectives politiques restent désespérément inchangées. En effet, la plupart des programmes politiques contiennent des propositions de changement éculées dans des versions édulcorées. Même la vie culturelle est dominée par les redites et le recommencement. La productivité et la créativité dans l’industrie, la culture et la politique ont pratiquement disparu.

En lieu et place des voitures volantes que l’on nous promettait, nous avons droit à leurs cousins moins impressionnants, les véhicules électriques. Alors que nous devrions investir du temps dans la recherche d’un moyen de se rendre sur Mars, nous le passons sur les réseaux sociaux, qui nous ôtent notre esprit critique et nous transforment en Kardashian. Nous nous consacrons à des activités insignifiantes dans un monde qui a désespérément besoin de solutions pour l’eau potable, la protection contre les inondations, le changement climatique, les inégalités, la défense, la cybersécurité, l’éducation et les infrastructures.

Un mécontentement croissant à l’égard de l’establishment

La fin du statu quo et des faux-semblants approche. Pour autant, nous estimons que 2024 commencera et s’achèvera sur la même note. Le mécontentement croissant à l’égard de l’establishment se répercutera sur les élections européennes, au Royaume-Uni et éventuellement aux Etats-Unis. Les cyniques diront que c’est peut-être l’avenir que nous méritons.

Les voix du désespoir et du mécontentement ont besoin d’une plateforme politique pour montrer que les solutions ne résident pas dans des mesures anti-immigration, la fermeture des frontières, l’abandon de la coopération internationale, la focalisation exclusive sur la sécurité nationale ou le fait de céder à la panique et à la peur. Toutes ces mesures sont guidées par la peur, l’instinct le plus primaire de chacun d’entre nous. Faire preuve de compassion exige de dépasser les raisonnements simplistes et l’égoïsme, et d’accueillir l’autre. La personne la plus intelligente dans une pièce est sans doute la plus compatissante, et non la plus agressive.

Nos prévisions se concentreront donc sur la façon dont le monde choisit encore une fois le statu quo et les faux-semblants. On ne sait pas si cela durera un an ou deux, mais les gouvernements soutiendront le système par des dépenses publiques et le fardeau de la dette redeviendra un problème. Les élections seront influencées par la peur et la rhétorique antisystème. Economiquement, cela se traduira à coup sûr par une croissance lente et une inflation sous-jacente relativement élevée. Le premier semestre présente principalement des risques économiques tandis que le deuxième devrait être marqué par un risque politique accru.

Privilégier les titres de valeur, sous-pondérer les méga-capitalisations

Les banques centrales procèderont à une baisse des taux en 2024, marquant un changement par rapport à la politique de resserrement de l’année précédente. Les métaux précieux connaîtront un regain de demande dans la perspective d’une baisse des taux des fonds fédéraux et d’une diminution des rendements réels. L’or devrait atteindre un nouveau record, tandis que l’argent bénéficiera d’un coup de pouce supplémentaire de la COP28 et de la hausse des dépenses dans l’énergie renouvelable.

L’affaiblissement de la croissance, le ralentissement de l’inflation et un environnement politique incertain créeront les conditions idéales pour une surperformance des obligations par rapport aux autres actifs, car les investisseurs obligataires auront l’occasion de dégager l’un des rendements les plus élevés depuis plus de dix ans. La probabilité que les titres à revenu fixe affichent des revenus négatifs est ainsi réduite, même si les rendements augmentent à nouveau légèrement.

Des opportunités se présenteront sur des thèmes tels que les titres de valeur, la cybersécurité et les actions de défense, car le réarmement, la relocalisation et la reconstitution des stocks se poursuivront sans relâche en 2024. Nous voyons d’un œil positif les actions britanniques et européennes pour des raisons de valorisation et, sur les marchés émergents, nous privilégions le Brésil, l’Inde, le Mexique et le Vietnam. Nous recommandons de sous-pondérer les méga-capitalisations, car l’engouement pour l’IA a porté la concentration de l’indice S&P 500 à un niveau historiquement élevé, ce qui n’est pas soutenable. Compte tenu des risques d’appréciation du yen, nous sous-pondérons les actions japonaises.

Les tensions géopolitiques et le populisme en politique constitueront en 2024 des facteurs de risque importants qui nécessiteront une surveillance étroite.

A lire aussi...