Que reste-t-il de la théorie monétaire moderne?

François Savary, Prime Partners

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La théorie monétaire moderne essuie aujourd’hui son baptême du feu face à une réalité inflationniste qui réduit très fortement sa pertinence théorique et pratique. 

Une nouvelle fois encore, cette semaine, les marchés financiers ont subi un «choc» inflationniste.

Non pas que les chiffres publiés aux USA aient été mauvais, même si l’on doit relever que les données de l’inflation sous-jacente ont été plus élevées que le mois précédent, mais parce que le repli escompté de l’indice global s’est révélé nettement plus lent que ce que les opérateurs de marché avaient anticipé.

La réaction sur les bourses internationales, New York en tête, ne s’est pas fait attendre, avec le plus fort recul journalier des indices américains depuis 2020.

Il est vrai que la perspective de voir la Fed augmenter le loyer de l’argent de 100 points de base, lors de sa réunion en milieu de semaine, a sensiblement augmenté, favorisant de nouvelles pressions baissières sur des marchés obligataires qui connaissent définitivement une «annus horribilis». Un environnement bien peu porteur pour les actions!

Vous souvenez-vous de la théorie monétaire moderne, très en vogue au cours de la seconde partie de la décennie 2010, au point qu’elle a certainement influencé la pensée économique de l’administration américaine actuelle et qu’elle n’est peut-être pas totalement innocente dans le refus de la Réserve Fédérale à resserrer les conditions monétaires en 2021.

Fondée sur des hypothèses difficiles à comprendre et des conclusions qui sont parfois largement contestables, cette théorie essuie aujourd’hui son baptême du feu face à une réalité inflationniste qui, pour le moins, réduit très fortement sa pertinence théorique et pratique. 

Nous a-t-on vendu une «nouvelle théorie totalement fumeuse»? On peut légitimement se poser la question!

Nous a-t-on vendu une «nouvelle théorie totalement fumeuse»? On peut légitimement se poser la question! A chacun de se faire son opinion à ce sujet. En revanche, le changement de cap radical des autorités monétaires occidentales, américaines en tête, démontre que le temps de l’expérimentation pratique des «vertus» de cette nouvelle pensée est désormais totalement révolu. Un retour à la réalité s’est imposé, même au sein de la BCE, voire de notre propre institut monétaire. 

Développée dans le sillage de la grande «crainte déflationniste» des années 2010, la théorie monétaire moderne est en passe de retrouver - peut-être de manière définitive - les rayons des bibliothèques qu’elle n’aurait peut-être jamais dû quitter. 

Face à ce qui est le plus grand choc inflationniste depuis 40 ans, l’économie mondiale est confrontée à une perte de crédibilité des banquiers centraux qui n’est pas la bienvenue. Les marchés financiers et le retour marqué de la volatilité qui les affectent ne s’y trompent pas. La recherche d’un nouvel équilibre tant sur les obligations que sur les indices boursiers est douloureuse, longue et particulièrement perturbante.

Ce que certains avaient pu imaginer comme environnement global pour gérer «efficacement» les défis des économies au travers de la théorie monétaire moderne a fait long feu. Au demeurant, n’est-il pas «surprenant» de voir le nom de Milton Friedman refaire largement surface dans les analyses relatives aux moyens de venir à bout du choc inflationniste actuel? Le monétarisme comme secours incontournable à la gabegie inflationniste? Une belle revanche pour l’économiste, si décrié depuis une dizaine d’année. 

Au-delà des mérites de telle ou telle théorie, le plus important est que les grands argentiers parviennent à normaliser l’inflation, que les théoriciens monétaires modernes avait trop rapidement reléguée dans les rayons de l’histoire ; leur plus grosse erreur, à n’en pas douter. 

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