Le ratio «bull/bear» a atteint des niveaux de faiblesse qui démontrent une peur excessive des investisseurs.
Les six dernières semaines n’ont pas été tendres avec les investisseurs, qui n’ont guère trouvé d’endroit où se cacher. La mécanique que nous décrivions le mois dernier n’a fait que s’amplifier, toujours sous l’influence d’un marché obligataire en plein marasme. Dans un tel contexte, les actions, les dettes d’entreprises, l’or (dans une moindre mesure), les monnaies (hormis le «dieu» dollar) et surtout les cryptomonnaies ont continué leur descente. Tout se passe donc comme si les investisseurs s’étaient convaincus que la mécanique d’une crise d’illiquidité sur l’obligataire d’Etat vers le crédit puis vers le système financier - phénomène décrit le mois dernier – était désormais largement inévitable.
Face à un «krash» obligataire que plus personne ne peut nier et à des marchés boursiers qui s’approchent dangereusement de la zone de ce qui serait considéré comme un «bear market», on sent que la peur s’est installée dans l’esprit des opérateurs. On en veut pour preuve le niveau élevé de la volatilité implicite tant sur les actifs à revenus fixes que sur les actions, la première continuant à «diriger» la seconde, dans un contexte où les interrogations sur l’évolution de l’inflation restent le facteur majeur d’incertitudes. De la capacité des banquiers centraux - qui sont engagés dans une lutte ardue selon J. Powell lui-même – à favoriser une normalisation de la hausse des prix en seconde partie d’année, dépendra en fin de compte l’issue de la question relative à la réalisation (ou non) d’un atterrissage en douceur de l’économie mondiale.
La peur est justement un des facteurs auxquels nous sommes tous attentifs dans le cadre d’une réflexion sur les signes d’une capitulation sur les marchés. Dans ce contexte, il est intéressant de constater qu’après s’être dangereusement approché de la barre des 3.25%, les rendements des obligations d’état américaines ont récemment connu une détente. Les opérateurs semblent considérés que la prime de risque qui s’est reconstituée sur ces actifs mérite (peut-être) de s’y réintéresser. Une confirmation de cette évolution au cours des prochaines semaines serait de nature à démontrer que le temps des paris unilatéraux sur les obligations est derrière nous.
Autre facteur qui intéresse les opérateurs au plus haut moins, lorsqu’il s’agit de jauger la présence d’une capitulation: le sentiment sur les actions; le fameux ratio «bull/bear» est à cet égard souvent cité comme une mesure particulièrement relevante pour mettre en lumière les excès (exubérance-panique) qui affectent le comportement des investisseurs. Force est de constater que ce ratio a atteint des niveaux de faiblesse qui ont historiquement démontré une peur excessive de ces derniers; en d’autres termes, nous pourrions être confrontés à une opportunité d’achat sur les marchés boursiers.
Au demeurant, les flux de fonds sur les ETF et/ou les fonds actions ont récemment affiché une évolution négative qui semble là aussi indiquer que les investisseurs «retail» ont capitulé en avril, amplifiant ainsi le mouvement de correction sur les bourses depuis la fin du mois de mars, marqué par le recul abrupt des «stars» de la cote des dernières années (les célèbres FAANG) sans réelle discrimination.
On pourrait continuer la liste des indices en faveur de l’idée qu’un phénomène de capitulation s’est matérialisé au cours des dernières semaines. Le mouvement est-il suffisant? Les messages susmentionnés sont-ils suffisants pour se repositionner sur les actifs risqués? Le retour à une forme de plus grande liquidité sur les obligations US avec le désir affiché de certains d’accumuler ces dernières est peut-être le plus intéressant. Il doit encore se confirmer pour définitivement conduire à penser que la mécanique de «spirale» négative pour les marchés que nous mentionnions le mois dernier ne va pas se réaliser.