Quand les détenteurs de cryptos deviennent une cible marketing et électorale

Alexandre Stachtchenko & Stanislas Barthélémi, Blockchain Partner by KPMG

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Chronique blockchain. Selon une étude, 8% des Français majeurs détiennent des cryptos et ce chiffre devrait atteindre 12% à fin 2022.

L’ADAN, association des professionnels du secteur crypto en France, a commandé une étude auprès de KPMG France, effectuée en collaboration avec l’institut de sondage IPSOS. L’étude révèle notamment que 8% des français majeurs détiennent des cryptos à fin 2021. Un chiffre qui pourrait monter à 12% dès la fin de l’année.

A l’orée de la tant attendue élection présidentielle en France, l’association des professionnels du secteur crypto dispose maintenant d’éléments chiffrés pour étayer son propos sur l’adoption des cryptoactifs en France.

L’étude en question est la première étude sérieuse réalisée en France avec IPSOS sur un échantillon représentatif de la société française composée de 2004 personnes en Décembre 2021.

L’étude fait état de quelques données clés à retenir:

  • 8% des français majeurs détiennent des cryptoactifs, et cela devrait attendre 12% à l’horizon fin 2022
  • 30% comptent investir dans un futur proche
  • 1 adulte français sur 8 de moins de 35 ans détient de la crypto

Le croisement de l’étude en question avec d’autres plus internationales valide des tendances lourdes constatées depuis 2020.

D’après une étude Hootsuite1 datant de Q3 2021, sur la tranche 16-64 ans, la Thaïlande et le Nigéria dominent le classement de l’adoption des cryptoactifs avec respectivement 20% et 19,4%. Les pays de l’OCDE tournent entre 5% à 12% en moyenne.  

Un enjeu majeur pour les banques

22% des français interrogés sont prêts à changer de banque pour une banque proposant un service crypto.

Par ailleurs, les détenteurs de cryptoactifs sont à 29% clients d’une banque en ligne et à 10% pour une néo-banque soit une surreprésentation respective de 9% et 4%.

L’analyse sociologique des détenteurs souligne que cette cible des moins de 35 ans se retrouve surreprésentée.

Il y a fort à parier que les banques vont s’activer du côté «corporate venture» en cherchant à acquérir des boites proposant ces nouveaux services pour capter cette clientèle en évitant un exode qui a déjà commencé.

La récente actualité de la fintech Lydia souligne cette tendance après un premier pas plutôt réussi dans le secteur dans la droite lignée des fintechs américaines comme Square. En effet, la société propose des expositions à des actions autant qu’à différents cryptoactifs via un partenaire.

En parallèle, les acteurs cryptonatifs tels que Coinbase, Crypto.com pour ne citer qu’eux sont déjà voraces sur les solutions de paiement traditionnelles avec des millions d’utilisateurs, soit autant d’acteurs qui concurrencent frontalement les banques traditionnelles.

Une normalisation dans le débat politique

La résultante de cette adoption se retrouve dans les prémices d’un traitement politique plus sérieux du sujet.

Ainsi la société Ledger invite tous les candidats à l’élection présidentielle à se rendre dans ses locaux pour évoquer le sujet. Certains d’entre eux ont déjà fait part de leur proposition.

Dans l’étude de l’ADAN, près d’un Français sur cinq déclare que le sujet des cryptos influencera sa décision lors des prochaines élections présidentielles. Plus précisément, ce sujet sera déterminant pour 4% d’entre eux. Cyniquement, une clientèle électorale jeune se dégage de ces statistiques, alors qu’il s’agit de la classe d’âge historiquement la plus éloignée des enjeux électoraux et du vote.

Il sera intéressant de suivre les positions des différentes familles politiques à ce propos.

Nous constatons déjà aux Etats-Unis une telle polarisation dans un pays ou l’adoption se situe entre 12 à 15% d’après plusieurs études avec un système bipartisan très divisé sur la question, comme le montrent les propos d’Elisabeth Warren2 ou ceux de Ted Cruz3.

Finalement, les détenteurs de cryptos pourraient faire partie des gagnants quelque que soit le candidat occupant l’Elysée fin Avril 2022. Il n’est pas surprenant que l’on constate dans les élections à venir dans chaque pays cette même clarification à la question suivante: quelle stratégie nationale (et internationale) pour appréhender les sujets de l’internet de la valeur? De beaux débats en perspective…

 

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