La Chine prend enfin le taureau par les cornes et les marchés d’actions asiatiques décollent. Le pessimisme européen s’estompe. Le repli du pétrole parait susceptible d’accélérer l’assouplissement monétaire en zone euro.
L’économie mondiale connait peut-être un tournant inattendu. Le gouvernement de Pékin et la Banque Populaire de Chine (PBoC) semblent changer de braquet pour raviver la demande interne chinoise. Les mesures monétaires s’enchainent pour soutenir les marchés d’actions alors qu’on murmure que le volet budgétaire atteindrait 3% du PIB. Le yuan et les matières premières valident cette embellie et les rachats de positions vendeuses s’accumulent à Shanghai. La baisse du brut (71 dollars le Brent) alimente par ailleurs les anticipations de baisse de taux de la BCE dès le mois d’octobre. Au Japon, la victoire d’Ishiba aux élections du LDP soutient le yen. Les taux longs sont stabilisés autour de 3,75% sur le T-note et 2,15% sur le Bund.
Répercussions sur les matières premières
Les autorités chinoises ont longtemps enchainé les demi-mesures sans parvenir à redresser la croissance. Le gouvernement veut mettre fin à la glissade des prix du logement, qui mine le moral des consommateurs et inhibe le canal du crédit. Les principales banques seront aussi recapitalisées à hauteur d’1 billion de yuans. La PBoC réduit ses taux de 30pb, effaçant ainsi l’effet de la baisse des taux hypothécaires sur les marges d’intérêt bancaires. Aux Etats-Unis, la croissance s’est révélée plus forte qu’attendu depuis 2020 et l’activité courante demeure solide. La zone euro voit, dans la baisse du pétrole, un soutien potentiel alors que l’économie allemande s’enlise et que la consolidation budgétaire s’annonce ardue.
Sur les marchés financiers, les indices boursiers marquent des records aux Etats-Unis dans le sillage du rebond de 12% du marché chinois la semaine passée. Seule l’appréciation de l’or semble en porte-à-faux avec ce climat favorable aux actifs risqués. Les anticipations de reprise profitent aux métaux de sorte que la tonne de cuivre renoue avec le seuil des 10’000 dollars. La pentification des courbes se poursuit avec la chute du pétrole (avec le retour de l’offre libyenne et saoudienne) qui accélère le calendrier des baisses de taux prévu par le marché. Le T-note évolue dans une fourchette de 10 pb centrée sur 3,75%. Le Bund oscille autour de 2,15%, dans l’espoir d’un mouvement de la BCE en octobre. Les spreads souverains sont globalement bien orientés. Le primaire se place bien et la Chine a même levé 2 Mds €. Le BTP (130 pb contre Bund) est revigoré par les révisions du PIB italien qui abaissent le ratio de dette depuis 2020. A l’inverse, l’OAT (80 pb) est sous pression entrainant un élargissement mécanique des OLO belges. Le déficit français annoncé finalement à 6% en 2024 requiert un tour de vis sans précédent pour convaincre les marchés. Sur le crédit, le resserrement des swap spreads entraine une hausse des primes sur l’IG sans réelle conséquence pour une classe d’actifs offrant des spreads 117 pb contre Bund. Le high yield est stable malgré les difficultés du secteur automobile. La dette émergente (362 pb contre UST) bénéficie de l’allègement de la Fed et du stimulus chinois. Les actions chinoises et hong-kongaises reprennent 12% sur une semaine, tirant à la hausse les valeurs européennes exposées à la Chine.