Pressions sur les marges

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Ralentissement de la croissance. Mise sous pression des banques centrales par l’inflation. Chute des actions des marchés développés.

Plusieurs tendances ont été confirmées la semaine dernière, notamment le ralentissement de la croissance et le positionnement agressif des banques centrales. Les indicateurs chinois ont reflété une faiblesse notable, les ventes de détail, les investissements fixes et la production industrielle étant frappés de plein fouet par la politique du «zéro-covid», qui pénètre dans tous les aspects de l’activité économique. La croissance du PIB japonais s’est de son côté inscrite à -1% en glissement trimestriel au premier trimestre en raison de l’affaissement de la consommation intérieure. Si les exportations nippones ont bien résisté jusqu’ici, elles pourraient prochainement souffrir du ralentissement de l’activité en Chine. Aux Etats-Unis, les enquêtes de la Fed de Philadelphie et de la Fed de New York sur l’économie ont été décevantes et le sentiment des promoteurs immobiliers s’est détérioré, la hausse des taux hypothécaires affectant particulièrement le secteur du logement. Robustes en avril, les ventes de détail ont toutefois rassuré. Au cours de la semaine à venir, les indices des directeurs d’achat (PMI) permettront d’en savoir plus sur les perspectives économiques et l’impact des événements récents.

En ce qui concerne l’inflation, l’indice des prix à la consommation (IPC) a atteint 9% au Royaume-Uni en avril, son niveau le plus élevé depuis quatre décennies. Ailleurs, l’indice des prix à la production (IPP) japonais a bondi de 10% en glissement annuel le mois dernier, son taux le plus élevé depuis 1980. En Allemagne, ce même indice s’est envolé de 34%. Ces IPP extrêmement élevés pourraient se traduire par une hausse prochaine des IPC, ce qui incite les banques centrales à agir. En Suisse, l’IPC s’est établi à 2,5% en avril, un niveau supérieur à l’objectif de 2,0% fixé par la Banque nationale suisse (BNS). Les «faucons» de la Réserve fédérale américaine ont réaffirmé qu’une action décisive s’imposait face à une inflation qui dure, tandis que les responsables de la Banque centrale européenne (BCE) préparent les marchés à une première hausse des taux, probablement de 50 pb, pour le mois de juillet. En conséquence, nous avons avancé notre calendrier pour la première hausse des taux de la BNS à septembre. Nous surveillerons également la hausse des prix des denrées alimentaires et les mesures politiques associées, telles que l’interdiction des exportations de blé par l’Inde.

Les actions des marchés développés ont clôturé la semaine dernière en baisse, les pertes étant concentrées sur les indices technologiques américains et les indices européens. Malgré de solides résultats au premier trimestre – 57% des entreprises ont dépassé les prévisions de chiffre d’affaires d’au moins 1% –, les marges commencent donc à souffrir. Le principal choc est venu des deux plus importants acteurs de la grande distribution américaine, Walmart et Target, qui entrevoient la fin des hausses des prix de détail aux Etats-Unis au fur et à mesure que les consommateurs se tourneront davantage vers les marques les moins chères. Les actions dans le secteur de la consommation courante ont reculé face aux doutes de la capacité de ce secteur à répercuter les hausses de coûts sur les détaillants. Cependant, les marchés asiatiques se sont bien comportés la semaine dernière, sur fond de baisses des taux d’intérêt et de potentielles nouvelles mesures de relance en Chine. La combinaison de craintes pour la croissance et d’un resserrement monétaire ailleurs a poussé les marchés obligataires à anticiper un ralentissement de l’économie mondiale, ce qui a entraîné le recul des taux souverains et, de manière plus inquiétante, la sous-performance des obligations high yield par rapport aux titres investment grade. Cette tendance a été illustrée par l’élargissement des spreads high yield européens. Dans ce contexte, nous sous-pondérons partout les obligations high yield.

Enfin, le marché des changes a vivement réagi à la faiblesse des indicateurs américains récents, l’indice dollar perdant plus de 1%, tandis que les devises émergentes et l’or regagnaient du terrain. Nous sommes positifs face à l’or et aux autres actifs réels.

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