Les faucons à la manœuvre

César Pérez Ruiz, Pictet Wealth Management

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Emmanuel Macron se voit confier un second mandat. Chute des marchés actions malgré de solides bénéfices. L’inflation préoccupe les banques centrales.

Le président sortant, Emmanuel Macron, s’est vu confier un second mandat à l’issue des élections présidentielles françaises organisées dimanche. L’euro est resté stable à l’annonce de sa victoire sur sa rivale eurosceptique d’extrême droite, Marine Le Pen. Cela étant, les élections législatives de juin joueront un rôle déterminant. Parmi les autres nouvelles positives pour les marchés, l’indice composite provisoire des directeurs d’achat (PMI) de la zone euro a dépassé les anticipations en avril, faisant plus que compenser le recul enregistré en mars.

Jusqu’ici, les résultats des entreprises au premier trimestre ont été globalement meilleurs que prévu grâce aux revenus. Mais les marchés pénalisent les actions n’atteignant pas leurs objectifs, et notamment celles des sociétés de croissance. A titre d’exemple, Netflix a vu son cours plonger de 36% la semaine dernière après avoir annoncé une perte d’abonnés. Durant une semaine compliquée pour les marchés actions (malgré des résultats globalement satisfaisants), les indices axés sur la croissance sont ceux qui ont le plus souffert, à l’instar des géants de la technologie. La chute globale des actions est désormais du même ordre que celle des obligations, l’indice MSCI All Country World ayant reculé de 11% depuis le début de l’année (en USD), contre 10,6% pour les obligations d’Etat américaines à 7-10 ans.

En Chine, l’impact inflationniste et économique de la politique «zéro Covid» a fait chuter l’indice MSCI China – dans un contexte de détérioration continue du secteur immobilier – de près de 7% la semaine dernière. Les marchés sont préoccupés par la perspective d’un durcissement des politiques monétaires visant à endiguer la hausse des prix. A ce stade, même si la Réserve fédérale et la BCE ont toutes deux musclé leur discours, elles ne sont pas parvenues à freiner la hausse des anticipations d’inflation. A 3%, le point mort d’inflation à 10 ans aux Etats-Unis (le breakeven, l’écart de rendement entre une dette indexée sur l’inflation et une dette nominale de même échéance) a atteint son point le plus élevé depuis au moins 20 ans. Les marchés craignent que la Fed soit contrainte de relever ses taux à un niveau déprimant la croissance pour juguler l’inflation. Or, la robustesse des dépenses de consommation aux Etats-Unis nécessitera potentiellement de multiples hausses des taux de 50 points de base. En Europe, les anticipations d’inflation du marché (swaps d’inflation 5 ans/5 ans) ont atteint leurs plus hauts niveaux depuis 2012. En conséquence, les acteurs anticipent désormais la fin du programme d’assouplissement quantitatif de la BCE en juin, avant une première hausse des taux d’intérêt d’ici septembre, ce qui a poussé le taux du Bund à 10 ans à des niveaux proches du seuil psychologique de 1%. Pour des raisons de protection contre l’inflation, nous ciblons les entreprises dotées du pouvoir de fixer leurs prix et les sociétés d’investissement immobilier cotées (REIT).

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