Perspectives séculaires européennes

Konstantin Veit, Pimco

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L'Europe sera probablement mise à l'épreuve par un environnement macroéconomique radicalement différent.

  • Le choc économique provoqué par la crise sanitaire du COVID-19 et les préoccupations croissantes concernant le changement climatique ont favorisé une meilleure coordination entre les responsables politiques européens.
  • Nous pensons que celle-ci a permis de réduire la probabilité de risques extrêmes et préparer le terrain pour une plus grande stabilité de la zone euro à l'horizon séculaire (3 à 5 ans), alors que la décennie pré-pandémique qualifiée de ‘new normal’ et caractérisée par une croissance faible mais stable, une inflation inférieure à l'objectif, une volatilité modérée et des rendements d'actifs élevés, disparaît rapidement dans le rétroviseur.
  • Même si les valorisations de départ offrent une marge limitée pour la compression des spreads et que les risques liés aux perspectives macroéconomiques restent élevés, une zone euro moins sujette aux crises est de bon augure pour les actifs à risque en général.

Le choc économique provoqué par la crise sanitaire du COVID-19 et les préoccupations croissantes concernant le changement climatique ont favorisé une meilleure coordination entre les décideurs européens. Nous pensons que celle-ci a permis de réduire la probabilité de risques extrêmes et préparer le terrain pour une plus grande stabilité à long terme.

Pourtant, comme le reste du monde, l'Europe sera probablement mise à l'épreuve par un environnement macroéconomique radicalement différent. Comme nous l'avons indiqué dans nos récentes Perspectives séculaires, la décennie pré-pandémique de la Nouvelle Normalité, caractérisée par une croissance faible mais stable, une inflation inférieure à l'objectif, une volatilité modérée et des rendements d'actifs élevés, est en train de disparaître rapidement dans le rétroviseur. Ce qui nous attend semble être une croissance et une inflation plus incertaines et inégales avec de nombreux obstacles à surmonter pour les décideurs politiques.

Heureusement, l'Europe semble mieux préparée que par le passé. La Banque centrale européenne (BCE) a renforcé son rôle de prêteur en dernier ressort pour les états de la zone euro, et le fonds de relance NextGenerationEU (NGEU), doté de 800 milliards d'euros, a brisé le tabou du financement des transferts gouvernementaux par l'émission commune d’obligations. Le NGEU entend orienter les investissements publics et privés vers les secteurs de l'économie qui devraient générer des revenus réels plus élevés dans les années à venir. à savoir les secteurs vert et numérique. Et si les obligations émises par le NGEU ne constituent pas des euro-obligations au sens strict, nous pensons qu'elles représentent un pas important dans le sens d'une plus grande cohésion fiscale.

Globalement, nous nous attendons à une évolution plutôt qu'à une révolution en Europe. Ainsi, la perspective d'une modification du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne continue de paraître lointaine, et les considérations politiques et d'aléa moral continuent de justifier une prime de risque importante.

Il est toutefois important de noter qu'en cas de ralentissement économique, l'Europe semble susceptible d'adopter une réponse politique plus calibrée qu'en 2008 et 2011, lorsque les responsables ont agi avec moins de force et de coordination à la crise financière mondiale. Au minimum, une meilleure coordination devrait ouvrir la perspective d'une zone euro moins sujette aux crises et plus stable à l’horizon séculaire. Le choc du COVID-19 a constitué un test de résistance massif pour la cohésion de la zone euro. La réponse politique a été considérablement plus convaincante que lors des épisodes précédents, ce qui est de bon augure pour les actifs à risque.

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