Parés pour les montagnes russes?

Pierre Debru, WisdomTree

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Octobre et novembre pourraient s’avérer très volatils sur les marchés boursiers. Les portefeuilles devraient s’équiper de valeurs «tout-terrain».

A l’orée du quatrième trimestre d’une année littéralement époustouflante, tout le monde semble attendre la prochaine «surprise». Après avoir subi la plongée boursière la plus rapide de l’histoire, puis assisté à une reprise tout aussi véloce causée par la flambée des valeurs technologiques, les investisseurs sont perplexes quant à l’avenir immédiat.

Une forte volatilité pourrait se profiler à l’horizon, attisée par l’augmentation des cas d’infection par le coronavirus ainsi que par la prochaine élection présidentielle aux Etats-Unis. Cependant, la volatilité étant par nature imprévisible, les changements de régime du VIX sont notoirement difficiles à anticiper. Cette fois pourtant, nous disposons de quelques indicateurs avancés. Pour se préparer à affronter ce quatrième trimestre, les investisseurs devraient s’appuyer sur l’histoire et examiner quelles sont les stratégies qui ont donné de bons résultats dans le passé et  quelles sont celles qui sont les mieux adaptées à une période de volatilité et de risques accrus.

Pour ce qui concerne les marchés actions, la qualité a l’avantage d’offrir un profil de performance équilibré: elle protège les portefeuilles lorsque le risque augmente et elle bénéficie de la phase normalisation qui lui succède. Par ailleurs, des actifs tels que l’or et les emprunts d’Etat à long terme qui recèlent un fort potentiel de diversification, s’avèrent généralement de très bons stabilisateurs, avant, pendant et après la phase d’accroissement de la volatilité.

Toute l’année 2020 a été jusqu’à présent très volatile. Néanmoins, si l’on en croit le marché, cet automne pourrait l’être plus encore. A mi-septembre, le VIX se situait à 25 et les opérateurs le voient grimper au-delà de 30 dans les semaines à venir. Que ce sursaut résulte d’une flambée des infections dues au Covid-19, des incertitudes concernant le vaccin, de la contestation du résultat des élections américaines ou d’un ralentissement de la reprise emmenée par les valeurs technologique ne changera rien au message qu’il envoie aux investisseurs: tenez-vous prêts!

Les actifs les mieux adaptés aux périodes
de volatilité élevée sont les actifs «tout-terrain».
Les actifs qui résistent le mieux aux pics de volatilité

Si la volatilité se matérialise effectivement, comment protéger les portefeuilles et tirer le meilleur parti d’une telle évolution? Pour répondre à cette question, il peut être intéressant de se tourner vers le passé et d’examiner comment les différents actifs se comportent lors des changements de régime de la volatilité, en l’occurrence deux mois avant son pic, deux mois après et durant les quatre mois qui entourent ce pic.

Cette année, le plus pic de volatilité, à 24,86, a été enregistré le 16 mars. Durant les deux mois qui l’on précédé, les actifs qui ont affiché les meilleures performances ont été les emprunts d’Etat, l’or et les stratégies de minimum variance. Durant les deux mois qui l’on suivi, ce sont l’or, les stratégies croissance puis, arrivant ex-aequo en 3e position, les stratégies «momentum» et actions de qualité, qui ont remporté la palme des meilleurs résultats. Ces deux catégories diffèrent en ce que la première tend à être défensive alors que la seconde est plus cyclique.

Sur toute la période, donc sur quatre mois, c’est l’or qui est sorti grand gagnant, suivi des emprunts d’Etat à longue échéance. Au niveau des actions, les stratégies «momentum», croissance et actions de qualité sont celles qui ont affiché les meilleurs résultats. Les deux premières ont bénéficié de l’envolée des valeurs technologiques aux 2e et 3e trimestres, tandis que la 3e a bénéficié de son profil équilibré, avant et après le pic.

Privilégier le tout-terrain

Afin de vérifier si ces résultats se confirment, examinons tous les pics de volatilité depuis 2002 (un pic étant défini comme une augmentation du VIX de 5 points ou plus). Durant les périodes précédant un pic, les actifs défensifs tendent à réaliser de très bonnes performances: il s’agit en l’occurrence de l’or, des emprunts d’Etat en euros, des stratégies «minimum variance» et des actions de qualité. L’or a surperformé de 13,1% en moyenne les actions monde, alors que cet écart a été d’environ 9% pour les emprunts d’Etat. Côté actions, la surperformance des stratégies «minimum variance» s’est établie à  3,8% et celle des titres de qualité à 1,8%. Ces résultats correspondent donc parfaitement à ceux observés en mars 2020.

Durant la période située immédiatement après le pic de volatilité, le «top 4» est tout à fait différent. L’or arrive en tête avec une performance moyenne de 2,8% (contre 0,5% pour les actions monde). Il est suivi des actions de qualité (+2,6%). Les obligations d'État sont en 3e position, suivies des stratégies «croissance» et «momentum» qui arrivent à égalité avec une performance de 1,17% sur les deux mois. Ces résultats sont donc aussi assez similaires à ceux du 1er trimestre 2020.

Toute cette analyse montre donc que, d’un point de vue historique, les actifs les mieux adaptés aux périodes de volatilité élevée sont les actifs «tout-terrain»: ils présentent une forte capacité défensive durant les phases de baisse tout en étant en mesure de capter une bonne partie des hausses. Il s’agit en l’occurrence des actions de qualité, des emprunts d’Etat à long terme et de l’or. Accroître les expositions à ces actifs pourrait donc représenter un bon moyen de préparer les portefeuilles à affronter une période de hausse de la volatilité et de l’incertitude.

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