Nouvelle accélération de l’euro en vue?

Alexandre Baradez, IG Bank

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La devise européenne consolide avant de reprendre potentiellement sa course haussière vers 1,15$.

Depuis 3 semaines, le dollar retrouve des couleurs face aux principales devises majeures comme l’euro, la livre ou le yen, à cause de deux facteurs: le premier est un effet lié à la persistance de l’inflation «core» aux Etats-Unis (inflation hors alimentation et énergie) qui a entraîné un rebond des taux américains comme le 2 ans par exemple qui a rebondi de 3,6% à plus 4,60% en l’espace d’un mois.

Et la publication vendredi dernier des chiffres d’inflation PCE aux Etats-Unis, une autre mesure d’inflation particulièrement surveillée par la Réserve Fédérale, n’a montré aucun signal de détente. C’est même l’inverse: l’inflation PCE globale a rebondi à 4,4% en avril (en donnée annuelle) contre 4,2% le mois précédent et la partie «core» de l’inflation PCE a également rebondi à 4,7% contre 4,6% le mois précédent, soit le niveau le plus élevé depuis janvier…

Difficile d’imaginer la Fed se satisfaire d’une telle publication, alors même que l’hypothèse d’une pause sur les hausses de taux plane depuis quelques semaines. La publication des prochains chiffres d’inflation CPI en juin, qui interviendra la veille de la décision de la Fed, jouera probablement un rôle décisif dans la prochaine décision de la Fed.

Le potentiel baissier de l’euro ne nous semble pas durable même si d’un point de vue technique, un retour sur la zone support de mars est possible dans les jours qui viennent.

Après les chiffres d’inflation, le dollar a continué de se renforcer ainsi que le taux.

L’autre origine de la hausse du billet vert, et elle peut sembler paradoxale, est la situation de stress qui entoure le plafond de la dette aux Etats-Unis: même si un accord de principe bipartisan a été trouvé, il doit encore passer l’étape du Congrès pour éviter un «shutdown». Le Trésor américain a averti que les Etats-Unis risquaient de ne plus pouvoir faire face à leurs engagements financiers à partir du 5 juin.

Cette situation de tension, même si elle émane des Etats-Unis eux-mêmes, n’a pas provoqué de fuite du dollar car ce dernier a joué toujours son rôle de valeur refuge. En effet, si la situation dérapait réellement pendant quelques jours, la volatilité grimperait d’un coup sur l’ensemble des marchés de la planète et pas seulement les marchés américains, et donc le dollar conserverait son rôle de devise «refuge» comme c’est souvent le cas lors des phases de stress de marché.

La confirmation, la semaine dernière, que l’Allemagne était finalement entrée en récession au premier trimestre a également pu peser sur l’euro face au dollar, même si le moteur principal de la baisse de l’euro depuis plusieurs semaines vient plutôt de la force du dollar liée aux éléments cités précédemment.

Les oscillations que connaît l’euro face au dollar depuis le début de l’année semblent appartenir à une phase de consolidation latérale avant nouvelle accélération haussière vers les 1,15$, plutôt qu’à un retournement baissier. D’un point de vue graphique, l’euro semble être entré dans une phase plus «latérale» après l’énorme poussée de 0,95$ à plus de 1,10$ entre octobre et janvier, qui avait accompagné le rebond des marchés actions européens. Le couloir de consolidation semble être délimité par la zone 1,05$/1,11$.

Le potentiel baissier de l’euro ne nous semble pas durable même si d’un point de vue technique, un retour sur la zone support de mars est possible dans les jours qui viennent. La Fed devant probablement annoncer une pause dans ses hausses de taux avant la BCE, l’euro pourrait bénéficier de ce décalage pour rebondir, sachant que les taux américains devraient également connaître une phase de détente dans la foulée, réduisant ainsi l’écart avec les rendements en Europe.

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