Nos 7 convictions pour 2024

Arthur Jurus, ODDO BHF

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La principale déception de 2023 était la sous-performance des valeurs défensives, notamment des secteurs européens de la consommation de base.

  1. L’année 2023 a été positive pour les investisseurs. Les actions américaines (+24%), européennes (+20%) et suisses (+4%) ont progressé. Les valeurs de croissance (+35%) et de qualité (+29%) ont surperformé. Les indices actions ont été soutenus par peu de valeurs. Aux États-Unis, 7 valeurs expliquent 80% de la performance du S&P500 : Nvidia (+238% sur l’année), Meta (+194%), Tesla (+101%), Amazon (+80%), Google (+58%), Microsoft (+56%) et Apple (+48%). En Europe, 7 valeurs expliquent plus de 40% de la performance : Unicredit (+94%), Novo Nordisk (+48%), SAP (+44%), HSBC (+23%), ASML (+35%), l’Oréal (+35%) et Shell (+10%).
     
  2. La principale déception de 2023 était la sous-performance des valeurs défensives, notamment des secteurs européens de la consommation de base (-3,4%) et de la santé (3,8%). L’indice des actions suisses SMI a ainsi sous-performé (+4%). En ajoutant l’appréciation du franc suisse de 5,8% face à l’EUR et de 9% face à l’USD, investir en actions suisses restait néanmoins une bonne idée pour les investisseurs internationaux.
     
  3. L’année a également été positive pour les marchés obligataires en CHF (+6,9%), en EUR (+5,6%) et en USD (+3,2%). La désinflation s'est poursuivie l’an dernier. Sur un an, l'inflation a ainsi baissé de 6,4% à 3,1% aux États-Unis, de 8,6% à 2,4% en zone euro et de 2,8% à 1,4% en Suisse. Ces baisses s'expliquent par la diminution de la demande, dans un contexte de taux d'intérêt élevés, et par la baisse des prix de l'énergie, due à un impact moindre du choc d'offre négatif de 2022. Les banquiers centraux envisagent dorénavant des premières baisses des taux directeurs en 2024, ce qui s’est traduit par la baisse des taux d’intérêt en fin d’année. Les taux longs américains 10 ans (3,9%) sont ainsi restés stables sur l’ensemble de l’année, ceux allemands (2%) ont baissé de 40 points de base et ceux suisses (0,65%) ont diminué de 80 points de base.
     
  4. Le prix de l’once d’or (+13%) a profité de la dépréciation du dollar américain, de la fin de la hausse des taux longs américains et de la forte demande de la part de la Chine et de la Russie qui ont augmenté de 6% leurs réserves d’or. Enfin, le prix du pétrole a diminué de 10% dans un contexte de ralentissement économique mondial qui se poursuivra. 
     
  5. Sur le marché des devises, le dollar américain s’est globalement déprécié de 3%, notamment face à l’EUR (-3,5%) et face au CHF (-9%). Cette évolution s’est fortement accentuée en fin d’année en raison des investisseurs qui anticipent des baisses des taux FED en 2024 de 160 points de base. En Suisse, ces derniers anticipent seulement une baisse du taux BNS de 65 points de base, ce qui explique pourquoi le CHF a poursuivi son appréciation fin décembre (USD/CHF à 0.85 et EUR/CHF à 0.93).
     

Nos convictions en 7 messages clés

  1. La croissance mondiale va ralentir de 3% en 2023 à 2,4% en 2024. Malgré la résilience du consommateur américain et la reprise en Chine, des défis persistent dans le secteur immobilier chinois, l'inflation élevée pénalisera le pouvoir d'achat des ménages et les taux d'intérêt élevés pénaliseront la reprise de l'investissement. Le risque de récession est désormais inférieur à 50% aux Etats-Unis. 
     
  2. L'inflation restera supérieure à 2% en 2024. L'inflation s'est généralisée aux États-Unis et en Europe en 2023, mais la désinflation va se poursuivre. L'inflation restera au-dessus des 2% et contribuera à l'absence de baisse des taux en début d'année. Nous anticipons une inflation moyenne en 2024 à 2,7% aux Etats-Unis, 2,3% en zone euro et 2,1% en Suisse. Les loyers contribueront à une nouvelle hausse de l’inflation en Suisse.
     
  3. Les banques centrales vont arrêter le durcissement des politiques monétaires. La désinflation en cours et le ralentissement confirme l'impact négatif des taux élevés sur l'activité. L'attention des investisseurs porte désormais sur le rythme et l'importance des baisses des taux directeurs en réaction au fort ralentissement de l'économie mondiale. Des premières baisses des taux sont envisageables dès le deuxième trimestre 2024. 
     
  4. Le risque géopolitique restera élevé. Aux États-Unis, une nouvelle élection entre Joe Biden et Donald Trump est envisageable. Aux Pays-Bas, un référendum sur la sortie de la zone euro reste encore possible. À Taïwan, de nouvelles élections en janvier auront lieu et pourraient entraîner un regain de tensions entre la Chine et son voisin insulaire. Les conflits au Moyen-Orient persistent. 
     
  5. Sur les marchés obligataires, les niveaux des taux restent élevés et attractifs pour les investisseurs sur le long terme. Nous privilégions les obligations ayant des maturités plus importantes. Les baisses des taux d'intérêt directeurs pourraient faire monter les prix des obligations. L'ajout d'obligations dans les portefeuilles aura à nouveau un effet de diversification qui contribuera à réduire le risque. 
     
  6. Sur les marchés actions, nous entamerons 2024 avec un positionnement neutre. Les marchés d'actions devraient bénéficier de la fin des hausses de taux d'intérêt, de l’accélération de la croissance des bénéfices en 2024 et de valorisations attractives. Néanmoins, les risques persistent et pourraient faire baisser les marges, notamment le ralentissement économique et les conditions financières restrictives pour les entreprises.
     
  7. La sélection entre les entreprises devient la priorité. Nous privilégions les valeurs défensives, de qualité et de croissance aux valeurs cycliques. Nous privilégions les entreprises ayant une grande efficacité du capital, un endettement modéré et le potentiel de bénéficier de tendances de croissance à long terme. C'est le cas des entreprises technologiques, en particulier de l'intelligence artificielle, ainsi que des soins de santé, qui devraient bénéficier des changements démographiques, sans oublier les produits de luxe, qui sont tirés par la hausse des revenus dans les marchés émergents. La sélection sera discriminante pour la performance des portefeuilles investis sur les actions mais aussi sur les crédits d’entreprise.

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