Investir en 2024: vers une poursuite du ralentissement économique sans récession

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Sur les marchés boursiers, nous entamerons l’an prochain avec un positionnement neutre sur cette classe d’actif. La sélection entre les entreprises devient la priorité.

Pour 2024, nous anticipons la poursuite du ralentissement économique, mais n’envisageons pas de récession. Le marché du travail est robuste et le taux de chômage se stabilise aux États-Unis et poursuit sa baisse en Europe. Par ailleurs, et malgré la hausse des taux, l’investissement privé et la consommation privée résistent mieux qu’attendu, notamment outre-Atlantique. De fait, un ralentissement marqué de l’activité mondiale est attendu l’an prochain. Nous anticipons ainsi une croissance à 1,1% aux Etats-Unis et 0,2% en zone euro.

Les taux d’inflation poursuivent leur baisse et confirment l’atténuation du choc d’offre des derniers trimestres. L’activité dans l’industrie et la construction poursuit sa baisse, tandis qu’elle s’essouffle dans le secteur tertiaire. Ces deux facteurs permettent d’espérer la fin du cycle de durcissement monétaire par les banques centrales. Par conséquent, les investisseurs envisagent désormais la généralisation des baisses des taux directeurs pour 2024.

Sur les marchés obligataires, les niveaux des taux restent élevés et attractifs pour les investisseurs sur le long terme.

Si ces prévisions se confirment, les taux d'intérêt pourraient alors être abaissés plus tard en 2024, tant en Europe qu'aux Etats-Unis. Actuellement, les investisseurs anticipent 125 points de base de baisse des taux de la Fed et 150 points de base de baisse en zone euro d’ici décembre 2024. Ce positionnement est trop agressif selon nous, car l’inflation sous-jacente reste élevée (4% aux Etats-Unis et 3,6% en zone euro), et la main d’œuvre coûte plus cher (4,3% aux Etats-Unis et 4,6% en zone euro).

Nous restons également attentifs aux événements politiques et géopolitiques. Aux Etats-Unis, une nouvelle élection entre Joe Biden et Donald Trump est envisageable. L’élection de ce dernier pourrait mettre fin au soutien américain à l’Ukraine qui reste enlisée dans un conflit militaire qui se prolonge toujours. Aux Pays-Bas, un référendum sur la sortie de la zone euro reste encore possible. A Taïwan, de nouvelles élections en janvier auront lieu et pourraient entraîner un regain de tensions entre la Chine et son voisin insulaire.

Sur les marchés obligataires, les niveaux des taux restent élevés et attractifs pour les investisseurs sur le long terme. Nous privilégions les obligations ayant des échéances plus longues ou, dans le cadre d'un portefeuille, des durées légèrement supérieures à la moyenne. En outre, les baisses des taux d'intérêt directeurs pourraient créer des opportunités de gains de prix. Les portefeuilles multi-actifs sont redevenus plus attractifs. La fin du durcissement monétaire permet de se positionner sur les obligations de long terme. Ce nouveau paysage des rendements devrait contribuer à ce que les obligations jouent un rôle plus important dans les stratégies de portefeuille. L'ajout d'obligations dans les portefeuilles aura à nouveau un effet de diversification qui contribuera à réduire le risque. L'année 2024 pourrait ainsi être une excellente période pour les solutions multi-actifs.

Sur les marchés boursiers, nous entamerons 2024 avec un positionnement neutre sur cette classe d’actif. Nous avons augmenté notre allocation aux actions en cette fin d’année. Les risques et les opportunités sur les marchés des actions sont dorénavant équilibrés. Les marchés d'actions devraient bénéficier de la fin des hausses de taux d'intérêt l'année prochaine, ainsi que du début des baisses de taux. En outre, les analystes s'attendent à une accélération de la croissance des bénéfices en 2024. Enfin, les cours rapportés aux bénéfices du S&P 500 et de l'Euro STOXX sont actuellement proches de leurs moyennes à long terme et semblent assez attrayants dans certains secteurs. Néanmoins, 3 risques persistent et pourraient faire baisser les marges: (i) le ralentissement économique, (ii) les conditions financières restrictives pour les entreprises et (iii) la faiblesse de la demande qui rend plus difficile de répercuter la hausse des coûts sur les prix aux consommateurs.

Enfin, pour 2024, la sélection entre les entreprises devient la priorité. Nous privilégions les valeurs défensives, de qualité et de croissance aux valeurs cycliques. Nous privilégions les entreprises ayant une grande efficacité du capital, un endettement modéré et le potentiel de bénéficier de tendances de croissance à long terme, entre autres. C'est le cas des technologies, en particulier de l'intelligence artificielle, ainsi que des soins de santé, qui devraient bénéficier des changements démographiques, sans oublier les produits de luxe, qui sont tirés par la hausse des revenus dans les marchés émergents.

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