En tant qu'investisseur à impact, nous cherchons délibérément et intentionnellement à avoir un impact positif sur la société et l’environnement grâce à nos investissements. Nous nous engageons à mesurer cette performance et à en rendre compte régulièrement.

Mesurer l'impact n'est ni un art, ni une science, et nécessite un mélange soigneusement étudié de mesures qualitatives et quantitatives pour évaluer «l’additionnalité» d'un investissement, c'est-à-dire la mesure dans laquelle ce dernier a entraîné des changements - tant positifs que négatifs - qui n'auraient pas eu lieu autrement. Conformément au règlement SFDR, un investissement doit également démontrer qu'il a un impact positif et ne cause pas de préjudice.

Par conséquent, et par sa définition même, un impact doit nécessairement impliquer l'injection d'argent frais dans l'économie. À cet égard important, le développement d'actifs réels est fondamentalement différent de la négociation d'actifs financiers. Les premiers apportent de nouveaux fonds, créent de véritables emplois et construisent de nouvelles infrastructures. Les seconds ne font que changer la propriété d'un certificat d'action, sans que de l’argent frais soit disponible pour l’investissement et sans impact direct sur l’emploi, la croissance économique ou les résultats sociaux et environnementaux plus larges.

Nous sommes convaincus que la clé de l'impact est la création d'emplois. Un travail est source de revenus, de sécurité, de responsabilité et de dignité. Il contribue à la stabilité au sein de la famille et favorise le respect des institutions et de la loi. Le développement des infrastructures nécessite à la fois des capitaux et de la main-d'œuvre. Il requiert beaucoup d'argent et crée de nombreux emplois qui vont bien au-delà de l'investissement initial du projet.

Il ne s'agit pas des emplois sales et polluants d'hier: l'extraction du charbon ou la combustion de ressources naturelles précieuses dans l'industrie lourde. Il s'agit d'emplois dans la nouvelle économie verte: produire de l'énergie durable et renouvelable afin de fournir de l'électricité propre et produite localement pour alimenter les entreprises, éclairer les écoles et améliorer la vie des ménages.

 L’accès à une source d’électricité fiable et propre transforme les vies dans les pays d'Asie qui connaissent la croissance la plus rapide, et sur lesquels doivent désormais porter nos efforts pour atténuer véritablement le changement climatique. Nous avons assisté à la croissance de nouvelles industries, telles que l'externalisation des processus d'entreprise (BPO), qui créent des emplois sûrs pour les femmes et contribuent ainsi à réduire le déséquilibre traditionnel entre les sexes et à offrir des chances égales à des millions de personnes.

La population de l'Asie devrait augmenter de 650 millions de personnes au cours des 30 prochaines années. Cela équivaut à 8 fois la population de l’Allemagne ou 10 fois celle de la France. En fait, la population de l’Asie dépasse de 50% la population de l'ensemble des pays qui composent aujourd'hui l’UE-27. C'est donc là que nous pouvons être le plus efficaces dans la lutte contre le changement climatique.

Si l’on prend l'exemple de nos investissements dans des centrales à biomasse aux Philippines, qui brûlent les déchets laissés par la récolte de la canne à sucre, nous pouvons mettre en évidence des impacts concrets et mesurables qui sont le résultat direct de nos actions:

• Augmentation des revenus agricoles, puisque nous payons directement les agriculteurs pour leurs déchets.
• Enlèvement des déchets dans les champs, ce qui réduit les infestations de rongeurs.
• Amélioration de la qualité du sol grâce à la collecte mécanisée
• Amélioration de la qualité de l'air en supprimant la combustion des déchets de la récolte en plein champ.
• Production locale d'électricité verte et durable
• Développement de l’autosuffisance et renforcement de la sécurité économique grâce à la réduction de la dépendance à l'égard des combustibles importés.

Nous ne saurions trop insister sur cette différence fondamentale entre les actifs réels et les actifs financiers. En effet, les investisseurs risquent d'être sérieusement trompés par des fournisseurs et des promoteurs d'actifs purement financiers qui vendent des produits d'investissement dits «durables» sur la base d'affirmations douteuses quant à leur impact social et environnemental.

L'investissement à impact n'est pas la même chose que l'investissement basé sur les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), qui est devenu très à la mode récemment et a attiré des flux nets substantiels d’investisseurs. Nous pensons que l'ESG ne fait que codifier un ensemble de comportements que tout individu ou entreprise responsable devrait déjà adopter. Les critères ESG peuvent fournir des listes de contrôle de plus en plus sophistiquées pour démontrer l'engagement ou la conformité, mais ils ne seront ni le catalyseur d'un changement fondamental, ni la norme par rapport à laquelle ce changement peut être mesuré.

L'investissement responsable ne consiste pas à retirer les serviettes en papier des toilettes de l'entreprise tout en achetant des actions de constructeurs automobiles ou de producteurs de combustibles fossiles.

Si nous voulons avoir le plus grand impact positif sur l'environnement, le climat et la pauvreté, nous devons voir plus loin. Soyons audacieux et ambitieux. Il est certain que nous pouvons jouer un rôle en apportant de petits changements dans notre vie quotidienne en Europe. Mais la grande opportunité et les plus grands bénéfices pour tous viennent lorsque nous investissons là où notre argent fait la différence pour des dizaines ou des centaines de millions de personnes – en investissant dans des infrastructures durables pour aider l'Asie et faire du monde entier un endroit meilleur. C'est ce que nous appelons l'impact.