Moment idéal pour les infrastructures durables

Nick Parsons, ThomasLloyd GAM

2 minutes de lecture

Le déficit d’investissement annuel pour atteindre les ODD d’ici à 2030 est de 2’500 milliards de dollars dont 75% concerne les infrastructures essentielles.

Selon un rapport des Nations unies, plus de 73% de la population des pays émergents vivra dans des villes d‘ici à 2030. L‘urbanisation croissante appelle des mesures importantes de développement des infrastructures, en particulier dans les pays émergents. Car malgré tous les projets d’envergure en cours et achevés, les pays émergents ont encore beaucoup de retard à combler en matière d’infrastructures par rapport aux pays industrialisés, comme a pu le montrer une étude du Forum économique mondial. Il existe donc un fort besoin de développement mais également des opportunités pour les investisseurs.

Depuis toujours, les infrastructures forment l’épine dorsale de toute société prospère. En effet, il est essentiel pour toute population d'avoir accès à l’énergie, aux transports, aux installations sanitaires, aux hôpitaux et aux écoles pour se développer et s'épanouir.

Malheureusement, la façon dont nous avons construit la grande majorité de ces infrastructures au cours du dernier siècle a été extrêmement intensive en émissions de carbone, tant au niveau de la construction que de l’exploitation.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que 60% des émissions mondiales actuelles sont attribuables aux infrastructures. Les infrastructures durables joueront donc un rôle central dans la lutte contre le changement climatique et détermineront notre capacité à atteindre les objectifs de la neutralité carbone à l’horizon 2050, annoncés avant la COP26.

Les avantages de la croissance

La croissance économique crée un besoin important de développement des infrastructures dans un environnement où les gouvernements locaux et les autres sources de financement sont loin de pouvoir y répondre. Les Nations unies soulignent la nécessité d’investir massivement dans les infrastructures des pays en développement pour atteindre les ambitieux objectifs de développement durable (ODD).

L’impact doit être au cœur de cette approche, c’est-à-dire investir là où l'argent fait une réelle différence dans la qualité de vie.

Actuellement, il existe un déficit d’investissement annuel (la différence entre les dépenses requises et les dépenses réelles prévues) de 2500 milliards de dollars US dans les pays en développement, qui doit être comblé pour atteindre les ODD des Nations unies d’ici à 2030. Environ 75% de ce déficit concerne des projets d’infrastructures essentielles dans les pays en développement. Les investissements dans les énergies propres sur les marchés émergents doivent augmenter de 700% d’ici à 2030 pour répondre à une demande en forte croissance.

Un déficit qui constitue une opportunité

Le déficit de financement des infrastructures durables est surtout le résultat de mauvaises politiques, de défaillances institutionnelles et du manque de familiarité des investisseurs avec les technologies et les projets plus écologiques. Étant donné le rythme auquel les gouvernements doivent construire des infrastructures, beaucoup d’entre eux auront du mal à trouver les fonds nécessaires pour répondre à la demande. Les budgets publics serrés signifient que les gouvernements devront puiser dans les milliers de milliards de dollars des marchés financiers mondiaux.

Les nombreux défis que posent les investissements dans les infrastructures, qu’il s’agisse de la complexité de la planification, des retards potentiels de construction ou du temps qui s’écoule avant que les actifs ne génèrent des flux de trésorerie et ne produisent un retour sur investissement, ont historiquement dissuadé les investisseurs privés qui se contentaient des actions et des titres à revenu fixe traditionnels. Sur les plus de 120'000 milliards dollars US d’actifs gérés par les banques et les investisseurs institutionnels dans le monde, les infrastructures ne représentent qu’environ 5%.

La bonne nouvelle c’est que les investisseurs ont enfin commencé à apprécier les infrastructures durables comme une opportunité à la fois financière et d’impact, comme en témoigne le montant record de 272 milliards dollars US de projets d’infrastructures durables dans des catégories telles que l’éolien, le solaire, les déchets et autres, qui ont été annoncés en 2020.

Les investisseurs ont commencé à voir les avantages de l’exposition aux infrastructures durables – soutenues par des actifs durables à long terme, les infrastructures sont très résistantes à la volatilité de l’économie ou du marché et le niveau de la demande est inélastique et n’a pas tendance à réagir aux fluctuations du marché. Cela apporte de véritables avantages en termes de diversification, qui sont intéressants pour les investisseurs ayant un horizon d’investissement à long terme, car les actifs réels sont généralement non corrélés avec d’autres classes d’actifs ou marchés cotés.

L’impact comme ligne directrice

Outre les investissements ESG, l’impact doit être au cœur de cette approche, c’est-à-dire investir là où l'argent fait une réelle différence dans la qualité de vie, tout en offrant des rendements attractifs. L’alignement des intérêts entre les investisseurs privés et les besoins en infrastructures sur les marchés émergents offre une opportunité claire de combler le déficit de financement. Il crée l’environnement idéal pour attirer les investissements dans des projets d’infrastructures durables, à faible émission de carbone et résilientes au changement climatique. Soutenu par une volonté politique, des institutions efficaces et une réglementation ambitieuse, le moment est venu de mobiliser le financement privé pour cette tâche urgente.

A lire aussi...