Marchés émergents: gagnants à long terme?

Nick Parsons, ThomasLloyd Group

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Des politiques publiques stables sur les énergies et des actifs non corrélés.

Cela peut paraître surprenant, mais le cadre de la politique énergétique en Asie est en réalité beaucoup plus stable que dans la plupart des économies dites développées.

Alors que l'Europe est sans aucun doute le leader mondial de la finance durable, de nombreux pays occidentaux se sont montrés moins stables ou moins déterminés en matière de politique énergétique. Des progrès sont certes réalisés mais l'Asie a été plus claire dans ses intentions de se tourner vers des sources d'énergie alternatives.

L'une des raisons est son besoin important en énergie stable et produite localement - la croissance économique et démographique combinée à une urbanisation rapide se traduit par une augmentation exponentielle des besoins énergétiques. Si les gouvernements asiatiques ont aussi pris conscience des avantages environnementaux des sources d'énergies alternatives, ce sont bien les avantages économiques qui ont motivé ce tournant. En diversifiant leur production d'énergie, ces pays réduiront les tensions sur leur balance des paiements, diminueront les importations de combustibles fossiles et stimuleront l'innovation.

Par conséquent, l'environnement réglementaire de l'Asie pour les énergies renouvelables est aujourd’hui un facteur déterminant, offrant une plateforme stable pour les investisseurs étrangers - les pays asiatiques ont clairement indiqué qu'ils avaient besoin de plus de capitaux étrangers et créent l'environnement politique pour faciliter cela, créant ainsi des opportunités d'investissement dans cette région.

Perspectives pour les investisseurs

Dans un récent article1, le FMI rapporte que les investissements ESG dans les marchés émergents ont connu une année record en 2021 et représentent désormais près de 18% des financements étrangers sur les marchés émergents (hors Chine), soit quatre fois plus que la moyenne de ces dernières années.

Cela est particulièrement important dans le contexte du réchauffement climatique. Les investisseurs ayant des objectifs clairs en matière de climat peuvent avoir un impact plus important en se concentrant sur les marchés émergents, car la plupart des pays développés sont aujourd’hui plus avancés dans leur transition écologique.

En outre, la consommation d'électricité en Europe, n'a augmenté que de 7% au cours des 20 dernières années alors qu’elle a triplé en Asie depuis 20002.

La consommation d'électricité de l'Asie est déterminée par plusieurs facteurs: 1) la croissance démographique, qui devrait atteindre 5,3 milliards d'habitants d'ici à 20503; 2) une économie en pleine expansion. Les nouvelles prévisions de la Banque asiatique de développement suggèrent que l'Asie sera de nouveau sur la voie de la croissance, avec un taux de 5,3% en 2023; et enfin 3) l'urbanisation accrue, de plus en plus de personnes s'installant dans les villes asiatiques.

Cette conjonction entraîne une augmentation de la demande d'énergie, ce qui représente une opportunité considérable pour les investisseurs désireux d'investir dans les énergies durables et renouvelables.

Qu'en est-il de la préférence nationale?

Les investisseurs préfèrent investir dans ce qu'ils connaissent, ce qui dissuade certains de considérer les marchés émergents comme une opportunité d'investissement. Toutefois, ce parti-pris national n'est pas toujours une stratégie gagnante, comme l'ont prouvé les cinq derniers mois.

Par exemple, nombreux sont ceux qui pensent que la classe d'actifs la plus sûre est celle des obligations souveraines, et la note de crédit la plus élevée parmi les Etats souverains en Europe est celle du gouvernement allemand. De nombreux investisseurs européens seraient donc plus enclins à investir dans des obligations allemandes par sécurité, car elles sont plus proches de chez eux. Cependant, les investisseurs qui ont opté pour cette stratégie début 2022 ont perdu près de 15% de leur investissement en raison de la hausse des taux d'intérêt.  

Et ce problème ne concerne pas seulement les obligations souveraines, mais plus largement les classes d'actifs traditionnelles. Les cours des actions sont également en baisse depuis le début de l'année. En comparaison, les actifs d'infrastructure non cotés ne sont pas corrélés aux marchés plus larges et ont donc enregistré de bien meilleures performances. Par exemple, les trois principaux fonds d'investissement britanniques dans les énergies renouvelables (InVIT) ont tous enregistré des rendements absolus positifs depuis le pic de l'indice S&P500, alors que ce dernier a chuté de 22% depuis le début de l’année.

Cette résilience est la principale raison de la croissance du secteur des infrastructures d'énergie renouvelable et représente une opportunité convaincante de diversification à la fois d’un point de vue des classes d’actifs mais aussi géographique pour les investisseurs européens en quête d’impact et de rendements financiers solides.

 

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