Il s’agit d’une bonne nouvelle pour ceux qui y sont exposés mais cela peut être frustrant et coûteux pour ceux qui attendent un repli pour faire fructifier leurs liquidités. Alors que les actions flirtent avec des sommets historiques, de nombreux investisseurs redoutent également d’essuyer des baisses importantes et douloureuses.
Toutefois, si l’on examine le rendement total mensuel des grandes capitalisations américaines (c’est-à-dire le S&P 500) depuis 1945, il apparaît que, sur le long terme, le risque de perte n’est peut-être pas aussi important que certains investisseurs pourraient le penser. Explication en trois points.
1.Le risque de perte à partir de points de départ choisis aléatoirement n’est pas aussi marqué qu’on ne le pense généralement
A supposer qu’un individu investisse sur le marché américain des actions selon un calendrier aléatoire, dans 28% des cas, son investissement (dividendes compris) n’aurait jamais évolué dans le rouge. Dans un peu plus de la moitié des cas, l’investisseur n’aurait à aucun moment vu son investissement perdre plus de 5% de sa valeur.
Enfin, dans seulement 19% des cas, il aurait connu un «marché baissier personnel», autrement dit une perte supérieure à 20% sur son nouvel investissement en actions américaines.
2.Historiquement, les pertes sont moins probables si les actions sont à un sommet historique
Aussi surprenant que cela puisse paraître, le risque de perte à partir d’un sommet historique est moins marqué que celui observé à partir de points choisis aléatoirement. Dans 32% des cas, un investisseur ne constatera à aucun moment une perte (dividendes compris) sur son investissement. Dans seulement 15% des cas (contre 19% pour la même analyse effectuée pour un point de départ aléatoire), l’investisseur verra la valeur de son investissement chuter de plus de 20%.
Le fait que la hausse se poursuive après des sommets historiques peut sembler contre-intuitif. Toutefois, les investisseurs doivent se souvenir qu’un sommet historique n’est pas la même chose qu’un point culminant pour le marché. Il est vrai qu’en 2000 ou en 2007, acheter à un sommet historique s’est par la suite avéré être une mauvaise idée, mais il y a bien d’autres sommets (1982, 1992, 1995, 2013, 2016, mi-2020 et début 2024) où ce choix s’est avéré payant pour ceux qui ont gardé la foi.
3.Les portefeuilles équilibrés présentent un risque de baisse moins marqué que les portefeuilles exclusivement composés d’actions
Un portefeuille récemment constitué et composé, par exemple, de 60% de grandes capitalisations américaines et de 40% de bons du Trésor américain se traduit tout au plus, dans deux tiers des cas, par une perte cumulée (dividendes compris) supérieure à 5%. Dans seulement 5% des cas, un investisseur essuie une perte supérieure à 20% par rapport à son niveau d’achat.
Même si les performances passées ne préjugent pas des performances futures, l’histoire suggère que les portefeuilles équilibrés subissent moins de pertes importantes qu’un portefeuille exclusivement composé d’actions.
Faire fructifier immédiatement ses liquidités
Ces éléments sont importants car de nombreux investisseurs surestiment l’intérêt potentiel du «market timing» (démarche qui consiste à tenter d’anticiper les fluctuations des marchés) et sous-estiment le coût d’une absence d’exposition au marché dans l’attente d’une baisse des cours. En effet, faire immédiatement fructifier ses liquidités est généralement la meilleure approche car, historiquement, il est peu probable que l’opportunité d’achat à bon compte espérée se présente.
Alors que le rendement des liquidités devrait s’éroder au fil du cycle de baisse des taux directeurs, on recommande aux investisseurs d’élaborer un plan rigoureux pour faire fructifier leurs liquidités. Il peut s’agir d’investir une somme d’argent fixe à intervalles réguliers («dollar cost averaging») pour soigner ses points d’entrée sur le marché.
Les investisseurs peuvent également envisager des investissements structurés et des stratégies sur options telles que l’achat d’options call et la vente d’options put, qui peuvent réduire le coût d’opportunité d’une entrée progressive sur le marché. Le contexte actuel (décrue de l’inflation, baisse probable des taux d’intérêt et croissance économique modérée) semble favorable aux actions comme aux obligations.