Les ventes au détail ont augmenté de 1% en juillet, soit la plus forte hausse mensuelle depuis janvier 2023 qui confirme la bonne tenue de la consommation. Dans le même temps, les nouvelles inscriptions au chômage ont baissé, ce qui a semblé atténuer la crainte d’une brusque dégradation du marché du travail aux Etats-Unis.
Les marchés croient de moins en moins à une nette baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed) lors de sa prochaine réunion de politique monétaire en septembre. En effet, la probabilité d’une baisse de 50 points de base (pb) déduite des cours des contrats à terme sur les Fed funds (fonds déposés par les banques commerciales qui ont des exigences de réserves obligatoires auprès des Réserves fédérales régionales) est tombée à environ 30%, contre 55% il y a peu (alors qu’elle était même quasiment tenue pour acquise pas plus tard que le 5 août).
Que faut-il en penser?
Le risque d’un ralentissement économique plus marqué aux Etats-Unis, suggéré par la faiblesse des chiffres de l’emploi en juillet, n’a pas disparu. Il faudra probablement attendre la publication, le 6 septembre, du rapport sur l’emploi en août pour savoir si la dégradation du marché de l’emploi observée en juillet était principalement due aux perturbations causées par l’ouragan Beryl ou si elle reflète quelque chose de plus fondamental.
Les indicateurs économiques sont encourageants à plusieurs égards.
Néanmoins, au vu des données mitigées publiées récemment, on ne peut parler ni de surchauffe, ni de coup de froid pour l’économie américaine. Cela devrait contribuer à éloigner le spectre d’une récession aux Etats-Unis ou d’une persistance de l’inflation qui empêcherait la Fed de baisser ses taux pour défendre la croissance. Les indicateurs économiques sont encourageants à plusieurs égards. Explications en trois points.
- L’indice des prix à la consommation a montré que l’inflation aux Etats-Unis se rapproche du taux de 2% visé par la Fed
L’inflation globale en juillet a ralenti à 2,9% en glissement annuel, contre 3% en juin. Elle est tombée à son plus bas niveau depuis mars 2021. S’agissant de la moyenne mobile sur trois mois, le taux d’inflation sous-jacente annualisé est tombé à 1,6%, contre 2,3% en juin et 4,5% pas plus tard qu’en mars dernier.
Les données relatives aux prix à la production, dont le baromètre de l’inflation préféré de la Fed – l’indice des dépenses de consommation personnelles – tient compte, sont également rassurantes. En définitive, rien ne s’oppose à une baisse des taux directeurs. - La résilience des ménages américains devrait jouer un rôle crucial en évitant que le ralentissement ne se transforme en récession
Abstraction faite du chiffre de l’inflation globale en glissement mensuel, les investisseurs pourraient être rassurés par le chiffre corrigé au moyen d’un groupe de contrôle, qui est pris en compte dans le calcul du PIB. Cet indicateur est ressorti en hausse de 0,3% sur un mois, davantage que le taux de 0,1% prévu par les économistes, ce qui est particulièrement impressionnant après la hausse de 0,9% observée en juin.
L’optimisme quant à la situation financière des ménages américains a également été renforcé par les bons résultats du distributeur Walmart, qui a revu à la hausse sa prévision de chiffre d’affaires pour cette année. - La baisse des nouvelles inscriptions au chômage renforce l’espoir que les chiffres de l’emploi en juillet aient exagéré la faiblesse du marché du travail
Il est peu probable que le taux de chômage continue à augmenter rapidement si la consommation résiste. Evidemment, il convient de suivre de près les statistiques à venir pour voir si elles confortent toujours ce point de vue.
Comment investir?
Le rebond des marchés conforte dans l’idée que les investisseurs doivent éviter de surréagir aux accès de volatilité, notamment en été lorsque le volume de transactions est faible.
Le scénario de base de la Recherche d’UBS reste celui d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine, la Fed commençant à assouplir sa politique à l’issue de sa réunion de septembre. Par ailleurs, on peut entrevoir de belles perspectives bénéficiaires pour les entreprises.
Dans ce contexte, on recommandera aux investisseurs trois stratégies.
- Se préparer à la baisse des taux d’intérêt
Les inscriptions au chômage sont tombées à leur plus bas niveau depuis un mois et les ventes au détail se sont révélées meilleures que prévu, ce qui confère à la Fed une plus grande marge de manœuvre pour ce qui est de privilégier le soutien de la croissance.
Le scénario de base envisage un assouplissement monétaire rapide de la part de la Fed, avec une baisse de 100 pb en 2024, même si le rythme pourrait ralentir si les prochains chiffres de l’emploi se révèlent rassurants. Cet assouplissement s’inscrit dans un cycle mondial de réduction des taux directeurs, auquel les investisseurs devraient se préparer.
Compte tenu de l’érosion des rendements des liquidités, les investisseurs devraient donc envisager d’investir leurs liquidités et leurs avoirs sur le marché monétaire dans des obligations de grande qualité, en veillant à diversifier leur portefeuille obligataire. Ces actifs ont récemment montré leur valeur en atténuant la volatilité des marchés des actions.
- Rechercher la croissance de qualité
Les ventes au détail meilleures que prévu et la bonne tenue du marché de l’emploi plaident pour les valeurs de croissance de qualité. La croissance des bénéfices observée récemment a été principalement tirée par des entreprises bénéficiant d’avantages concurrentiels et d’une exposition à des facteurs structurels qui leur ont permis de se développer et de réinvestir leurs bénéfices avec constance.
Cette tendance est certainement appelée à se poursuivre. En outre, la croissance de qualité devrait surperformer, surtout si les préoccupations liées à la conjoncture s’intensifient.
- Se diversifier à l’aide des actifs alternatifs
Les indicateurs économiques publiés récemment se sont avérés meilleurs que prévu mais le risque d’une accentuation de la volatilité des marchés demeure. Les actifs alternatifs, notamment les hedge funds, peuvent non seulement permettre de stabiliser les portefeuilles en période de tension, mais aussi de tirer parti des perturbations du marché et de générer des rendements attrayants lorsque d’autres classes d’actifs sont à la peine.
Cela dit, les investissements dans les produits alternatifs comportent des risques, à savoir l’illiquidité et le manque de transparence.