Les technologies propres sont considérées, avec la numérisation, l'intelligence artificielle et la robotique, comme un élément central de la sixième vague d'innovation industrielle. Elles devraient bénéficier d'investissements publics et privés massifs pendant plusieurs décennies et présenter un fort potentiel de création de valeur pour les investisseurs, écrivent Pauline Grange, gestionnaire de portefeuille de l’investissement responsable, et Jess Williams, analyste de portefeuille de l’investissement responsable chez Columbia Threadneedle Investments, dans un récent commentaire de marché.

D'un point de vue économique, la protection de la biodiversité est également un thème central. Selon le World Economic Forum, plus de la moitié du PIB mondial dépend de la nature et de ses ‘services’. «Si nous détruisons la biodiversité, nous perdons notre base existentielle. La biodiversité est la condition préalable à la santé des sols, à la pollinisation, aux ressources naturelles, au stockage du carbone et à bien d'autres choses encore». Pourtant, les activités humaines auraient fait chuter les populations d'animaux et de plantes sauvages de 68 pour cent au cours des 46 dernières années.

L'agriculture de précision est un exemple d'opportunité d'investissement visant à protéger la biodiversité. «Une technologie de pulvérisation innovante permet un dosage optimal et évite l'accumulation d'eau dans les champs. Selon les fabricants, la technologie de précision peut réduire de 77 pour cent l'utilisation d'herbicides et de pesticides, dont la production est très gourmande en carbone, ce qui entraîne à son tour une nette amélioration de l'empreinte carbone», expliquent les expertes de Columbia Threadneedle. L'utilisation de la technologie d'agriculture de précision n'aide pas seulement les agriculteurs à travailler de manière plus durable et à se conformer aux nouvelles réglementations. Elle est également rentable d'un point de vue économique, car elle permet une utilisation plus efficace des intrants et des rendements plus élevés, ce qui est extrêmement important dans le contexte actuel de pénuries et d'inflation.

La part d'énergie propre doit passer de 17% à 78% d'ici 2050 afin d'atteindre les objectifs «net zéro». Le passage à l'énergie propre est de plus en plus rentable financièrement: «Une rentabilité élevée, l'électrification des économies nationales et le soutien croissant des politiques et des consommateurs devraient stimuler les investissements dans les énergies renouvelables», écrivent les experts. Les énergies renouvelables devraient représenter près de 95% de l'augmentation de la capacité de production électrique mondiale d'ici 2026. «Les énergies renouvelables représentent déjà le moyen le plus économique de produire de l'électricité pour les nouvelles centrales électriques pour 90% de l'approvisionnement énergétique mondial», écrivent Grange et Williams. La récente hausse des prix des combustibles fossiles a encore amélioré la compétitivité relative des énergies renouvelables en termes de coûts. Si l'on prend en compte le coût économique du changement climatique non maîtrisé, estimé à plus de 3% du PIB par an d'ici 2030, le passage aux énergies propres devient encore plus intéressant.

«Le rythme des bouleversements dans l'industrie automobile devrait surprendre de nombreux investisseurs». En Chine, la demande de véhicules entièrement électriques aurait déjà atteint 17 pour cent des ventes de voitures neuves à la fin 2021. Le facteur décisif pour l'achat d'une voiture électrique est la baisse des coûts d'exploitation. La Chine a bénéficié de chaînes d'approvisionnement nationales solides pour les batteries et de la production nationale de puces semi-conductrices. Ainsi, il existe désormais une large offre de modèles électriques moins chers de marques nationales.

Williams et Grange s'attendent à ce que l'évolution observée en Chine s'étende à d'autres régions. Certains des plus grands marchés automobiles du monde ont déjà annoncé qu'ils cesseraient de vendre des véhicules à moteur à combustion entre 2030 et 2040 afin d'atteindre leurs objectifs «net zéro». Selon les prévisions, le coût des véhicules électriques atteindra le même niveau que celui des véhicules à moteur à combustion avant 2024. Compte tenu de la croissance du marché des véhicules électriques, les expertes estiment que les entreprises qui produisent les composants nécessaires à leur fabrication et à leur recharge ont de bonnes perspectives de croissance à long terme.

«Nous sommes peut-être à l'aube d'un supercycle pluriannuel d'investissements dans les technologies vertes, dont l'ampleur est sous-estimée par de nombreux investisseurs», concluent Grange et Williams.