Euro-dollar: le billet vert peut-il aller encore plus haut?

Cedric Damestoy, DailyFx France

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L’euro pourrait regagner du terrain face au dollar avec un rattrapage de la politique monétaire européenne.

La hausse quasi continue du dollar sur 2021 a été plus marquée contre les devises dont les taux d’intérêts sont restés bas notamment contre l’euro. Ceci s’explique par l’écart de niveau du PIB entre les deux zones mais aussi par rapport à leur niveau pré-covid, synonyme de potentiel rattrapage, par un marché de l’emploi bien moins tendu, par l’inflation sous-jacente largement inférieure et des politiques monétaires qui peuvent rester expansionnistes plus longtemps en Europe. 

Si l’on y appose le degré d’urgence visible de la Fed pour restreindre sa politique monétaire, le mouvement haussier sur les taux à 10 ans américain s’est transmis à la partie courte qui a un impact plus important sur les taux de change. Après le virage «hawkish» encore plus prononcé délivré par les minutes de la Fed mercredi dernier, on s’attend à 4 hausses des taux cette année contre aucune encore au mois d’octobre. Une accélération donc qui s’est accompagnée de la perspective de la fin des stimuli monétaires mis en place pour lutter contre la pandémie et d’une réduction du bilan de la Fed. Or cela n’a pas engendré une baisse de l’euro contre dollar comme on aurait pu s’y attendre.

On pourrait donc en conclure que l’EUR/USD a pris du retard sur ses fondamentaux. Et effectivement si le chiffre à paraitre de l’indice des prix à la consommation sortait au-delà des attentes déjà élevées à 7% avec une inflation sous-jacente à 5,4%, on ne peut exclure une baisse vers le niveau des 1,1000 voire vers le seuil technique sous 1,0800.

La paire qui évolue depuis plus un mois dans un canal horizontal pourrait se trouver dans une phase de distribution selon la théorie de Dow.

Comme on peut le remarquer, c’est surtout le différentiel de taux d’intérêt qui a conduit à la hausse la paire euro dollar avec la progression des taux américains.

Cependant si toute l’attention des opérateurs était tournée vers les Etats-Unis, il semblerait que la situation en Europe évolue. Le dernier chiffre sur l’inflation en zone euro a soudainement surpris. Le taux d'inflation annuel de la zone s'est accéléré pour le sixième mois consécutif pour atteindre un niveau record de 5% en décembre 2021, contre 4,9% en novembre, selon les estimations préliminaires. Les chiffres sont à comparer avec les prévisions du marché de 4,7%. Le mois de décembre marque également le sixième mois consécutif où l'inflation reste au-dessus de l'objectif de 2% de la BCE, car les perturbations de la chaîne d'approvisionnement et les coûts élevés de l'énergie continuent de peser. Or les prix des matières premières vont sans doute continuer à progresser. La rhétorique tenue par la BCE selon laquelle le taux d’inflation est temporaire, des propos qui ressemblent étrangement à ceux de la Fed il y a quelques semaines, pourrait vite être abandonnée. On sait que le débat est vif au sein de la banque centrale avec les tenants allemands et autrichiens d’une orthodoxie monétaire pas très satisfaits de la conclusion accommodante de la dernière réunion.

On pourrait donc assister à un rattrapage dans les prochaines semaines de l’euro contre dollar entre la Fed dont il sera difficile d’aller encore plus loin dans son changement de politique monétaire, au moins dans l’immédiat, et la BCE pressée par les tensions sur les prix d’amorcer le sien au risque d’alimenter un scénario en stagflation.

Techniquement, la paire qui évolue depuis plus un mois dans un canal horizontal pourrait se trouver dans une phase de distribution selon la théorie de Dow, bien qu’un accès de faiblesse ne soit pas à exclure, prémices d’un rebond vers 1,1500 dans un  premier temps. Il sera alors temps de réévaluer le différentiel entre les deux zones. 

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