Les rendements élevés le resteront-ils?

Pierre Beniguel, TwentyFour Asset Management

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La revalorisation des marchés est tirée par les taux, mais aussi par l’élargissement des spreads de crédit.

Pour les investisseurs obligataires, cette réévaluation s’est également traduite par une hausse significative des rendements, qui est venue aussi bien de l’augmentation des taux d’intérêt que de l’élargissement des spreads de crédit. Rappelons-nous que le 16 septembre 2021, l’indice ICE BofA Euro High Yield Index s’établissait à 2,3%, un point bas inédit depuis un an, tandis que le rendement allemand à 10 ans se situait à -0,30% et l’indice Xover, à 224 points de base. Depuis, le rendement du Bund et l’indice Xover se sont inscrits en hausse pour s’établir à respectivement 1,66% et 552 points de base. L’indice ICE BofA Euro High Yield Index affiche aujourd’hui un rendement trois fois plus élevé à 6,9%.

Des rendements très élevés sont une rareté

Historiquement, ces périodes de rendements très élevés n’ont été observées qu’à des occasions très limitées. En fait, au cours des dix dernières années, les niveaux actuels n’ont été dépassés qu’à deux reprises: au tout début de la pandémie en 2020 et à la fin 2012 lorsque le marché se remettait encore de la crise de la dette souveraine en Europe. Il y a bien eu d’autres pics des rendements, par exemple à 5,8% à la mi-2013 en raison du «taper tantrum» de Ben Bernanke et à 6,4% pendant la correction tirée par les matières premières fin 2015/début 2016, mais aucun n’a atteint les niveaux actuels. En 2019 également, les rendements ont grimpé jusqu’à 4,9% lorsque le resserrement monétaire de la Fed a fait exploser les craintes de récession.

Toutefois, un constat émerge de tous ces exemples: les rendements ne sont jamais restés très longtemps à ces niveaux élevés.

Rendement au pire (YTW) pour l’indice CE BofA Euro High Yield Index

Source: Bloomberg, ICE Bond Indices, 22 juin 2022

Le même constat s’applique au marché du haut rendement américain: l’indice HY a offert des rendements supérieurs au niveau actuel de 8,5% pendant moins de six mois au cours des dix dernières années, et ce à une seule occasion, lors de la crise énergétique/minière de 2015/2016.

Des taux de défaut plus bas que dans le passé

Toutefois, les perspectives actuelles sont très incertaines et ne sont aucunement comparables à celles de la crise sanitaire. Les taux de défaut, actuellement bas, augmenteront, mais les niveaux attendus dans ce cycle seront plus modestes que lors des phases de récession précédentes.

Il est bien évidemment impossible de prédire l’évolution des marchés et l’incertitude actuelle devrait se maintenir sur fond de resserrement monétaire et d’inflation élevée. Toutefois, compte tenu des rendements observés au cours des dix dernières années, le crédit sera intéressant en termes de valeur relative pour les investisseurs disposant d’un horizon d’investissement raisonnable, tout comme le sont actuellement les taux d’intérêt.

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