En 2018, le président Trump a déclenché une guerre commerciale avec la Chine, imposant des droits de douane sur près de 350 milliards de dollars d’importations chinoises annuelles. Bien qu’un accord commercial de «Phase One» ait été signé en janvier 2020 afin de réduire les droits de douane chinois et augmenter les exportations américaines vers la Chine sur une période de deux ans, les relations entre les deux pays se sont détériorées et l’accord de «Phase Two» prévu ne s’est jamais concrétisé.
Après la signature de l’accord commercial, la pandémie de COVID-19 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine ont toutes deux incité les entreprises à réévaluer leurs chaînes d’approvisionnement. Les pays développés, dont les États-Unis, ont commencé à délocaliser certains processus de fabrication. À ce jour, la Chine reste une puissance manufacturière mondiale dotée d’une chaîne d’approvisionnement complète, d’une infrastructure et d’une expertise développées. Il s’agit également d’un marché de consommation important. Malgré cela, les tensions géopolitiques et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont conduit les entreprises à adopter une stratégie China-Plus-One.
Cette stratégie est apparue vers le milieu des années 2000 comme moyen de réduire les coûts en délocalisant la production vers des pays où les coûts sont moins élevés. Ces dernières années, les entreprises ont adopté ce modèle commercial pour protéger leurs chaînes d’approvisionnement et leurs marchés d’exportation contre les retombées potentielles d’un conflit entre les États-Unis et la Chine continentale. Il s’agit également d’une stratégie visant à diversifier les risques liés à la chaîne d’approvisionnement et à ne plus dépendre uniquement des chaînes d’approvisionnement courtes et des pratiques basées sur le «juste à temps».
Le Vietnam, souvent qualifié de «spin-off» de la Chine, est devenu un acteur majeur du secteur du textile et de l’électronique, avec une forte intégration de la chaîne d’approvisionnement avec la Chine.
Par conséquent, la région de l’ANASE (Association des Nations de l’Asie du Sud-Est) est apparue comme la destination la plus favorable pour accueillir les entreprises délocalisées en raison de sa main-d’œuvre abondante et rentable. L’ANASE, si elle était considérée comme un seul pays, serait le troisième État le plus peuplé au monde après l’Inde et la Chine. La population de la région est jeune et en pleine croissance, avec un âge médian de 30 ans, contre 39 ans en Chine et 49 ans au Japon.
De ce fait, la région d’Asie du Sud-Est connaît une forte augmentation des investissements directs étrangers.
Le Vietnam, souvent qualifié de «spin-off» de la Chine, est devenu un acteur majeur du secteur du textile et de l’électronique, avec une forte intégration de la chaîne d’approvisionnement avec la Chine.
La Malaisie se transforme en hub pour les entreprises technologiques internationales, avec de grandes usines de test de puces et d’emballage. Le pays est largement considéré comme une nation «amie» en raison de ses relations diplomatiques stables et constructives avec les États-Unis et l’Europe, ainsi que de ses liens solides en matière d’investissement.
La Thaïlande a attiré les constructeurs automobiles japonais et chinois, qui ont délocalisé une partie de leur production dans le pays.
L’Indonésie, le pays le plus peuplé d’Asie du Sud-Est et le quatrième pays le plus peuplé du monde, dispose de ressources abondantes. Le pays augmente activement la production de produits à valeur ajoutée, en particulier dans le domaine des véhicules électriques.
Les pays de l’ANASE ont également mis en œuvre des politiques préférentielles, des incitations et des subventions pour attirer les investissements étrangers dans des secteurs ciblés. Le Vietnam et la Thaïlande, par exemple, ont encouragé la croissance de la fabrication de haute technologie dans les domaines de l’aérospatiale, des appareils médicaux et de la robotique, afin de progresser dans la chaîne de valeur régionale.
Les six pays de l’ANASE participent activement à deux programmes économiques majeurs. Ils font partie du programme économique pour l’Indo-Pacifique pour la prospérité (IPEF en anglais), dirigé par les États-Unis, qui vise à réduire les barrières douanières et à faciliter l’augmentation des investissements américains dans les pays membres grâce à l’harmonisation des réglementations. En outre, ils font partie du Partenariat économique régional global (RCEP en anglais), un accord de libre-échange comprenant tous les membres de l’ANASE, ainsi que la Chine continentale, le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ces pays adoptent généralement une position neutre dans la rivalité stratégique entre les États-Unis et la Chine continentale et se concentrent plutôt sur l’optimisation des relations économiques avec les deux nations.
Toutefois, la région de l’Asie du Sud-Est est confrontée à des défis tels que la diversité des systèmes juridiques, des marchés, des infrastructures et de la bureaucratie.
Dans l’ensemble, l’Asie du Sud-Est présente plusieurs avantages en tant que destination privilégiée pour la stratégie China-Plus-One. Sa proximité avec la Chine continentale, ses partenariats économiques avec les États-Unis et la Chine continentale et sa relative stabilité politique rendent la région extrêmement attrayante.