Croissance structurelle de l'Inde

Luca Castoldi, Reyl Singapore

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L'Inde se profile comme un géant économique émergent, avec des fondamentaux solides attirant les investisseurs du monde entier.

L'Inde reste une destination attrayante pour les investissements grâce à la hausse de la consommation domestique de la classe moyenne, la solidité des infrastructures et le dynamisme des investisseurs institutionnels nationaux. Avec un PIB par habitant d'environ 2000 USD, l'Inde se situe au même niveau que la Chine il y a 15 ans. Avec 1,4 milliard d'habitants, le pays compte la population la plus nombreuse et bénéficie d'une jeunesse et d'une main-d'œuvre bien formée et qualifiée. Le pays devrait ajouter 200 millions de personnes à sa force de travail entre 2020 et 2050. Cela contribuera à la croissance du PIB et à l’accroissement des consommateurs au sein du pays. 

En matière de consommation, les dépenses des ménages indiens ont plus que doublé en dix ans. Les dépenses mensuelles moyennes par habitant dans les zones urbaines ont évolué de 2630 en 2012 à 6459 roupies (78 USD), selon les estimations de l'enquête la plus récente. Dans l'Inde rurale, elles sont passées de 1430 à 3773 roupies. Les ménages dépensent moins pour les produits alimentaires, passant de 53% à 46%, tout en consacrant plus d'argent aux vêtements, aux télévisions et aux divertissements. L'Inde a l'un des taux de pénétration des biens et services les plus faibles et ce pourcentage continuera d'augmenter avec la croissance du niveau de revenu. L'urbanisation grandissante et l'éducation devraient renforcer cette tendance. 

Les dépenses publiques et la demande nationale ont alimenté la croissance; ainsi, l'économie devrait croître de 6% en 2024 et se maintenir au même niveau au cours des prochaines années, ce qui permettra à l'Inde d'émerger comme l'une des trois premières économies dès 2027.

En ce qui concerne l'industrie manufacturière, à quelques mois des élections, le premier ministre Nareda Modi est en position de force pour remporter un troisième mandat. La poursuite des réformes est attendue, avec la simplification du système fiscal, l'amélioration de la gouvernance et l'accent mis par le gouvernement sur les infrastructures physiques et digitales. Grâce à cet environnement favorable, la formation de capital fixe brut connaît une forte hausse, la politique «Chine +1» et les tensions entre les pays développés et la Chine offrant le catalyseur nécessaire pour déplacer la chaîne d'approvisionnement vers un autre marché de consommation important. 

Jusqu'à présent, l'Inde a principalement été un centre d'exportation de services, avec 450 milliards de dollars d'exportations annuelles de services (12,5% du PIB indien), principalement axées sur les services de technologies de l’information. Compte tenu du grand réservoir de personnes potentiellement prêtes à être employées, le pays se concentre désormais sur l'initiative «Make in India» afin d'attirer des capitaux manufacturiers à travers le développement de zones économiques spécifiques, en fournissant des avantages liés à la production dans les domaines de la substitution des importations, de l'investissement dans les infrastructures et des entreprises cherchant à diversifier leur base d'investissement. L'objectif est d'augmenter la contribution du secteur manufacturier au PIB à 25% d'ici 2025, contre 14% actuellement. 
Le pays récolte les fruits des réformes entreprises ces dernières années, de l'assainissement du système bancaire, de l'augmentation des recettes fiscales en pourcentage du PIB et de l'amélioration de la position fiscale du pays, ainsi que de la simplification des règles et de leur assouplissement pour l'employeur.

Les dépenses publiques et la demande nationale ont alimenté la croissance; ainsi, l'économie devrait croître de 6% en 2024 et se maintenir au même niveau au cours des prochaines années, ce qui permettra à l'Inde d'émerger comme l'une des trois premières économies dès 2027 avec un PIB de 5'000 milliards de dollars. L'objectif à long terme est de porter le revenu à plus de 12’000 dollars et le PIB à 19’000 milliards de dollars, ce qui correspond à la situation actuelle de la Chine. 

Au niveau du marché, bien que la Chine possède la plus ancienne bourse d'Asie, créée en 1875, le marché boursier a été dominé par quelques grandes entreprises et le secteur de la nouvelle économie, comme les entreprises digitales et en ligne, n'était pas représenté. Cependant, cette situation est en train de changer très rapidement avec la montée des licornes, offrant davantage d'opportunités aux investisseurs. 

Comme pour tout pays en croissance, les principaux défis résident dans les réformes structurelles fondamentales, en particulier dans le secteur de l'électricité, de la justice et de la lutte contre la corruption devant être menées en temps opportun. La multiplication démographique doit être complétée par la création d'emplois et l'amélioration de la productivité, ainsi que par l'amélioration de la qualité de l'éducation et la réduction des disparités de revenus. 

Les risques pour le pays à court terme sont une inflation élevée, qui pourrait forcer la banque centrale à maintenir des taux plus élevés à plus long terme, ainsi qu'un déficit commercial de compte courant, si la demande mondiale continue à s'affaiblir. Les équilibres budgétaires sont tendus et peuvent impacter la monnaie. La dépréciation de la monnaie est nuisible pour l'inflation, étant donné la forte dépendance du pays à l'égard des importations, en particulier du pétrole.

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