Les prix des produits agricoles et des engrais poussent à l'innovation dans l'agriculture

Pauline Grange, Columbia Threadneedle Investments

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«D'ici 2030, 45% de la production d'énergie doit provenir de sources renouvelables. Cela nécessite de quadrupler les capacités en énergie solaire et de les tripler en énergie éolienne», explique Pauline Grange.

La guerre en Ukraine crée des pénuries de matières premières agricoles et fait grimper les prix des denrées alimentaires de manière spectaculaire, ce qui fait craindre une crise alimentaire mondiale naissante. Les gouvernements de nombreux pays devraient tenter d'atténuer les effets négatifs, notamment sur les populations les plus vulnérables, par des mesures de politique sociale, écrit Pauline Grange, gérante de portefeuille chez Columbia Threadneedle Investments, dans un récent commentaire de marché. «En même temps, l'évolution actuelle devrait augmenter le rythme de croissance de l'agriculture de précision. En effet, l'Ukraine et la Russie représentent non seulement 30% de la production mondiale de blé, 80% de la production d'huile de tournesol et 20% de la culture de maïs - la Russie représente également un quart de la production mondiale d'engrais».

En raison de la guerre et des sanctions, les terres agricoles ne sont plus exploitées ou les produits agricoles ne sont plus exportés.  En conséquence, les prix ont augmenté. Les prix des engrais ont également explosé en raison de la diminution de l'offre sur le marché et de l'augmentation du prix du gaz naturel nécessaire à leur production. Selon Pauline Grange, en réaction à cette hausse des prix, les agriculteurs épandent moins d'engrais, ce qui a un impact négatif sur les rendements des cultures. Les effets du changement climatique, notamment les périodes de sécheresse persistantes, pèsent déjà sur l'agriculture en Amérique du Nord et du Sud, explique l'experte en investissement.

Que signifie tout cela pour les investisseurs? Les entreprises développent de plus en plus de solutions numériques innovantes pour l'agriculture de précision. Deere et Trimble en sont deux exemples. «Ces entreprises ouvrent la voie à une agriculture durable et peuvent aider les agriculteurs à surmonter certains de ces obstacles», écrit Pauline Grange. «Elles contribuent à augmenter les rendements tout en réduisant l'utilisation d'eau, d'engrais et de pesticides». En outre, les tâches pourraient être automatisées afin de pallier la pénurie de main-d'œuvre. Enfin, l'utilisation des données et de l'IA aide à mieux s'adapter à l'évolution des modèles météorologiques mondiaux.

En outre, la gérante de portefeuille s'attend à une accélération des investissements dans les énergies renouvelables au sein de l'UE, car le programme 'RePowerEU', par lequel la communauté internationale vise à s'affranchir du gaz russe d'ici 2030, formule des objectifs nettement plus ambitieux que le programme 'Fitfor55'. «D'ici 2030, 45% de la production d'énergie doit provenir de sources renouvelables. Cela nécessite de quadrupler les capacités en énergie solaire et de les tripler en énergie éolienne, 'Fitfor55' ne prévoyait qu'un doublement», écrit l'experte. Elle s'attend à ce que les procédures d'autorisation – jusqu'ici un frein majeur à la transformation – soient réduites à un an (contre quatre pour le solaire et neuf pour l'éolien) grâce à RePowerEU. Selon Grange, la hausse des prix du gaz et les investissements supplémentaires dans l'hydrogène vert améliorent encore les perspectives d'avenir de cette source d'énergie. «Ces investissements créent un vent favorable à long terme pour les grands développeurs européens d'installations d'énergie renouvelable».

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