Les pressions sur les prix menacent les marchés obligataires

Steven Bell, BMO Global Asset Management

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Les marchés actions sortent d'une nouvelle saison de résultats exceptionnels. Les actifs à risque vont surperformer, mais l'été pourrait être volatil.

© Keystone
Pénurie de main d’œuvre

Les derniers chiffres de l'emploi aux États-Unis sont décevants. Alors que le marché s'attendait à un million de nouveaux postes créés, le résultat est inférieur à 300‘000 et l'augmentation du mois précédent a été revue à la baisse. Est-ce que cela montre des signes de faiblesse de la part du marché du travail? Pas du tout. Il semblerait plutôt que l’on ait affaire à une pénurie de main-d'œuvre, ce que l'on observe normalement au plus fort du cycle économique, et non pas dans un contexte où l'emploi est encore inférieur de neuf millions à son sommet d'avant crise.

Plusieurs explications sont possibles. Premièrement, la prolongation des indemnisations de chômage par le gouvernement fédéral pourrait désinciter de nombreux travailleurs à accepter des emplois mal rémunérés. La rapidité du retournement économique est probablement aussi à blâmer, faussant les statistiques par des problèmes d'ajustement saisonnier. Mais les enquêtes montrent surtout que les entreprises ont beaucoup de mal à recruter du personnel et que celles-ci sont contraintes d'offrir des salaires plus élevés, notamment dans le secteur de l'hôtellerie.

Les rendements conventionnels se dirigent
vers une hausse qui devrait avoisiner les 2%.

Avec la hausse du prix des produits de base et les contraintes d'approvisionnement dans le secteur manufacturier liées à une pénurie de semi-conducteurs, les pressions sur les prix devraient s'accentuer. C'est en tout cas ce que disent les marchés, les points morts d'inflation à dix ans dépassant 2,5% pour la première fois sur la décennie.

Des pressions inflationnistes importantes

Alors pourquoi les rendements du Trésor américain ont-ils baissé ces dernières semaines? Car la Fed a maintenu les rendements réels – les rendements des TIPS – à un niveau bas, grâce à son programme d'assouplissement quantitatif. Une baisse de 32 points de base a été enregistrée depuis la fin mars. Cela ne pourra pas continuer, et les rendements conventionnels se dirigent vers une hausse qui devrait avoisiner les 2%. Ils resteront ainsi inférieurs à l'inflation réelle et potentielle, ce qui est loin d'être un chiffre élevé. Bien que cela puisse causer quelques hésitations pour les actions, il s'agit plus d'un vent contraire que d'une menace sérieuse.

Au Royaume-Uni, le programme de chômage partiel a limité la hausse du chômage, mais le marché de l'emploi semble montrer des signes similaires de pénurie. On trouve des offres d'emploi à l'extérieur de presque tous les pubs, à la recherche de personnel. De nombreux employés potentiels ont décidé de conserver leur nouvel emploi dans d'autres secteurs, de nombreux travailleurs non britanniques sont rentrés chez eux et, comme aux États-Unis, la rapidité du redressement crée des pénuries. L'essor du Royaume-Uni devrait s'intensifier avec l'assouplissement des restrictions et ce problème risque de s'aggraver. Ici aussi, les pressions inflationnistes devraient augmenter. Cela devrait exercer une pression à la hausse sur les rendements des gilts et renforcer la livre sterling. Ces pressions sur les prix dans les deux pays ne sont toutefois que temporaires, et l’on sait que le pic est atteint seulement une fois la descente entamée. Les mois à venir s'annoncent donc délicats.

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