Les nombreux défis de la place boursière allemande

Alexander Dominicus, MainFirst

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Birkenstock a fait son entrée en bourse aux Etats-Unis, tandis que d'autres groupes allemands annulent leur IPO ou procèdent à une décotation.

Même les grands groupes du Dax comme BASF investissent de plus en plus en dehors de l'Europe. En témoigne la fermeture d'une usine de production en Allemagne et la réflexion sur la construction d'une nouvelle usine aux Etats-Unis. De plus, Linde, autrefois le groupe avec la plus forte capitalisation sur le marché boursier allemand, a abandonné la bourse allemande et n'est plus coté qu'à la bourse de New York.

Dans le segment inférieur, des entreprises comme Suse et Synlab sont en train de se retirer de la bourse allemande. Suse n'est entré en bourse qu'en mai 2021, mais a été racheté peu de temps après par un capital-risqueur suédois à un prix nettement inférieur. Synlab, un fournisseur de laboratoires qui est entré en bourse au printemps 2021, a connu un sort similaire et est désormais racheté par un investisseur financier pour une fraction du prix d'émission.

Quatre raisons à cette évolution

Des valorisations plus élevées attirent les entreprises à Wall Street: le marché boursier européen est nettement moins bien valorisé que le marché américain. Cela peut conduire des entreprises très similaires à préférer une cotation aux Etats-Unis. Il en résulte une claire incitation à procéder à une IPO aux Etats-Unis afin de maximiser la valorisation.

Les nouvelles émissions ont besoin d’un climat de confiance: en Allemagne, les valeurs secondaires moins liquides sont nettement à la traîne par rapport aux actions à grande capitalisation. Si cela devait changer, cela pourrait être un catalyseur pour d'autres introductions en bourse. Dès qu'il apparaîtra que le cycle de hausse des taux d'intérêt est terminé, cela pourrait donner aux marchés l'élan nécessaire et relancer l'appétit pour les nouvelles émissions.

Les candidats à l'introduction en bourse sont nombreux: le pipeline des introductions en bourse en Allemagne est intact. Mais l'environnement reste difficile, car le marché des nouvelles émissions n'a pas encore retrouvé sa vitesse de croisière. L'exemple de Schott Pharma montre que de bonnes entreprises parviennent malgré tout à se hisser sur le devant de la scène. Il est crucial que de nombreuses entreprises continuent à opter pour une cotation en bourse en Allemagne malgré les défis de ce marché.

L'Allemagne n'est plus le premier choix lors d’une implantation d’entreprise: En raison de sa dépendance au gaz russe, elle a particulièrement baissé l'année dernière. Si l'approvisionnement en gaz semble aujourd'hui assuré, les coûts de l'énergie restent un problème. L'Allemagne étant en train d’abandonner l'énergie nucléaire et le charbon, la question de la localisation se pose de plus en plus pour les entreprises à forte consommation d'énergie.

Le stock-picking offre des opportunités aux investisseurs

Nous pensons que le marché boursier allemand pourrait rester volatil quelque temps. Mais la lumière se profile à l'horizon: les taux d'inflation baissent et nous pensons que nous sommes dans la phase finale des hausses de taux. Toutefois, les perspectives de croissance ne sont pas roses. La croissance économique est atone en Europe et la propension des consommateurs américains à dépenser pourrait encore diminuer.

Dans un contexte de conjoncture morose, le stock picking est important : la sélection d'actions permet de miser sur des entreprises qui peuvent augmenter leurs bénéfices même sans croissance économique, par exemple grâce à des gains de parts de marché ou à une croissance structurelle. Les valeurs secondaires, dont l'évaluation est nettement plus attrayante que celle des grandes entreprises et qui présentent donc un potentiel de cours plus élevé, pourraient notamment rattraper leur retard.

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