Les leçons de journées mouvementées

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Les marchés devraient rester turbulents tant que les investisseurs n’auront pas davantage de visibilité sur trois fronts: les taux, la récession et le risque.

Les statistiques économiques publiées dernièrement aux Etats-Unis sont encourageantes: les ventes au détail sont ressorties en hausse de 0,9% sur un mois en avril et la production industrielle de 1,1%. Néanmoins, les résultats de certaines enseignes de la grande distribution dénotent l’apparition de certaines difficultés: Target et Walmart ont toutes deux souligné la pression grandissante à la hausse des coûts.

Statistiques américaines optimistes

Le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, a déclaré récemment que la banque centrale «(n’hésiterait) pas» à relever ses taux directeurs pour faire retomber l’inflation, quitte à freiner la croissance. Le ton incisif de la Fed semble aider à maintenir les anticipations d’inflation sous contrôle: après avoir culminé à 3,1% il y a un mois, les points morts d’inflation à dix ans aux Etats-Unis – un indicateur des anticipations d’inflation fondé sur le marché – sont retombés à 2,6%.

Le président de la Fed de Saint- Louis, James Bullard, qui préconise toujours de porter les taux directeurs à plus de 3% cette année pour maîtriser plus rapidement l’inflation, a observé qu’un resserrement plus rapide de la politique de la Fed pourrait permettre de réduire les taux directeurs l’an prochain et en 2024.

D’autres sources d’incertitude

Les autorités chinoises se préparent à déconfiner progressivement Shanghai. En revanche, la hausse du nombre de cas à Pékin fait craindre des mesures de restriction dans la capitale. Le conflit en Ukraine reste également une source d’incertitude.

Les récentes fluctuations montrent à quel point il peut être coûteux et risqué de tenter d’anticiper le comportement des marchés en période d’incertitude économique et géopolitique. Il est quasiment impossible de savoir quelles seront les séances les plus noires et, en tentant d’y échapper, les investisseurs peuvent également passer à côté du rebond. Alors, comment se positionner? Propositions.

Le scénario central de la Recherche d’UBS envisage une modération de la croissance et de l’inflation. Dans ce contexte, les marchés d’actions devraient terminer l’année à un niveau plus élevé qu’aujourd’hui. Par conséquent, les investisseurs feraient bien de garder leur calme, de rester exposés et de réfléchir aux façons de gérer la volatilité actuelle. Quelques pistes dans ce sens.

Actions: s’intéresser aux segments défensifs

Les valeurs de la santé sont généralement moins sensibles aux fluctuations économiques. Les investisseurs peuvent donc atténuer le risque de récession en se positionnant sur ce secteur. Autre raison de le préférer à l’échelle mondiale, outre ses caractéristiques défensives: il confère une exposition à la croissance structurelle.

Les valorisations dans ce secteur semblent raisonnables, et même particulièrement attrayantes en ce qui concerne les valeurs pharmaceutiques. Certains titres de qualité, caractérisés par un rendement du dividende attractif, de confortables flux de trésorerie et un rendement des capitaux propres pérenne, sont généralement plus stables en période de volatilité.

Hedge funds: souvent bien placés pour surperformer

Cela se confirme en particuluer quand la volatilité est marquée. C’est d’ailleurs le cas depuis le début de l’année: l’indice HFRI Fund Weighted Composite n’a cédé que 2,3% entre le 1er janvier et la fin avril, contre une chute de 12,9% pour le S&P 500 (rendement total) et de 11,3% pour l’indice Bloomberg Aggregate Global Bond.

Forts d’un accent mis sur la gestion des risques et sur l’atténuation des pertes en cas de baisse des marchés, les hedge funds peuvent être un moyen de s’exposer aux marchés de façon défensive ou d’atténuer le risque. Par exemple, les stratégies macro ont rapporté 10,3% sur les quatre premiers mois de l’année.

Matières premières: pour couvrir le risque géopolitique et l’inflation

On peut tabler sur un rendement total de 10% pour les matières premières dans leur ensemble lors des six prochains mois et pour les titres du secteur de l’énergie qui ont la préférence de la Recherche d’UBS.

Les marchés internationaux de matières premières connaissaient déjà un déficit d’offre au tournant de l’année 2022. Les ruptures d’approvisionnement induites par la guerre entre la Russie et l’Ukraine et les événements météorologiques sont susceptibles de maintenir des cours élevés. A plus long terme, les fondamentaux (offre limitée) et la transition écologique sont également de nature à soutenir cette classe d’actifs.

Par conséquent, comme il peut être coûteux et risqué de tenter d’anticiper le comportement des marchés, il est probablement préférable de rester investi et de suivre des stratégies permettant de composer avec l’incertitude et la volatilité. Outre les actions défensives, les hedge funds et les matières premières, les produits structurés peuvent permettre de gérer le risque de corrections tout en restant investi.

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