Les institutions financières non bancaires font l’objet d’une attention accrue

Yves Hulmann

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Lors de l’Asset Management Day 2023, régulateurs et gérants d’actifs ont échangé leurs vues sur l’encadrement des acteurs non bancaires.

©Eve Kohler

La régulation des institutions financières non bancaires, la politique monétaire et l’avancée de la reprise de Credit Suisse par UBS ont été quelques-uns des sujets abordés lors de l’Asset Management Day 2023. La manifestation, qui a réuni plus de 300 participants vendredi à Berne, a été l’occasion pour Marlene Amstad, présidente du conseil d’administration de l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma), de rappeler que près de la moitié des actifs investis à travers le monde le sont désormais par des institutions financières non bancaires, ou NFBI (Nonbank Financial Institutions) comme on les appelle en anglais. Il peut s’agir aussi bien de gérants de fonds, d’investisseurs institutionnels comme des caisses de pension que d’autres véhicules d’investissement. Le fait que près de la moitié de l’ensemble des actifs mondiaux soient gérés par des institutions financières non bancaire peut être une source de risque systémique. Chaque situation de stress dans ce secteur peut affecter le reste du secteur financier, et par ricochet l’économie dans son ensemble, a mis en perspective Marlene Amstad.

Sergio Ermotti est resté plutôt évasif quant à l’avenir de la marque Credit Suisse en tant que telle.

L’autorité surveille en particulier les risques de liquidité sur le marché des fonds ainsi que les effets de levier utilisés par ceux-ci. A cet égard, la présidente a toutefois relevé que la plupart des fonds en Suisse n’utilisent qu’un faible levier. Pour Ulf Lewrick, économiste en chef auprès de la Banque des règlements internationaux (BRI), il faut être aussi attentifs aux effets pro-cycliques des mouvements sur les marchés. Selon l’expert de la BRI, un des défis à relever en termes de stabilité financière est de renforcer la résilience durant les périodes favorables afin de pouvoir réduire l’impact négatif lors des périodes défavorables.

BNS: de nouveaux tours de vis ne peuvent pas être exclus

Les questions en lien avec la politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS) ont été abordées par Martin Schlegel, vice-président du directoire de la BNS. Même si l’inflation en Suisse demeure très inférieure à celle observée dans la plupart des pays de la zone euro et aux Etats-Unis, la BNS va néanmoins poursuivre ses efforts pour assurer la stabilité des prix, à savoir une inflation située entre 0 et 2%. Depuis 2022, la BNS a pu observer un élargissement des biens et services affectés par l’inflation. Dès lors, une poursuite du resserrement de la politique monétaire ne peut pas être exclue actuellement, a estimé le vice-président de la BNS, qui communiquera sa décision de politique monétaire en seconde partie du mois de juin.

Sergio Ermotti: la reprise est «en phase de finalisation»

Autre intervention très attendue vendredi, celle de Sergio Ermotti, ancien et nouveau directeur d’UBS depuis mars, au sujet de l’avancée de la reprise de Credit Suisse. «Nous sommes en train de finaliser les derniers préparatifs», a déclaré le Tessinois, soulignant que la transaction avait déjà obtenu l’approbation de la part de plus de 170 autorités de supervision à travers le monde.

S’agissant des conséquences que la reprise de Credit Suisse par UBS aura pour l’emploi, Sergio Ermotti a estimé que davantage de synergies pourront être obtenues pour les activités situées en arrière-plan, ou «back-end», que dans le domaine «front-end». Pour autant, il ne minimise pas l’impact de la transaction : «Nous devons examiner de près notre base de coûts. Et cela sera douloureux», a-t-il prévenu.

Quant à l’avenir de la marque Credit Suisse en tant que telle, Sergio Ermotti est resté plutôt évasif à ce sujet: «Nous sommes encore en train d’analyser ce qui peut être fait. Nous évaluons différentes options qui sont à même de minimiser les coûts sociaux de cette transaction».

En revanche, le directeur réfute l’idée que la future UBS puisse avoir un poids trop grand au sein du secteur bancaire en Suisse: «Oui, nous aurons une position dominante – mais au sein d’une branche qui est extrêmement compétitive», a-t-il nuancé.

Au final, Sergio Ermotti s’est dit convaincu que la reprise du numéro deux bancaire helvétique sera en fin de compte positive pour la place financière suisse: «Même si les choses seront douloureuses au début, cela finira par être une très bonne transaction pour la place financière. Nous voulons pouvoir proposer le meilleur de la banque suisse à l’étranger, que ce soit dans la gestion de fortune, dans la gestion d’actifs ou dans la banque d’investissement nécessaire pour soutenir les activités de nos clients», a-t-il mis en perspective.

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