Les enjeux de la sécurité et de la scalabilité de la blockchain

Laurent Chazallon & David Delmi, Wecan Group

2 minutes de lecture

Chronique Blockchain. Vitesse des transactions, défense contre les comportements irrationnels. Comment répondre aux besoins croissants?

Nombreux sont les sujets traitant des cryptomonnaies en cette phase de croissance et d’attrait pour les actifs financiers construits avec les technologies Blockchain. Une thématique s’arroge néanmoins une place prépondérante dans ces perspectives de développement : la confiance numérique. 

Les problématiques concernant la notion de confiance digitale ont en effet des ramifications dans l'entièreté de chaînes de valeurs de l'industrie 4.0. La technologie Blockchain et ses impacts sur des industries variées sont au centre des intérêts. Cette dernière ayant une importance grandissante dans les services financiers, tant du point de vue des échanges de valeurs entres entités, que de validation des données. 

A l’instar de la finance, les domaines de la santé, des assurances, de l’énergie, des télécommunications ou de la manufacture sont de plus en plus en interaction avec la technologie Blockchain. Les questions de sécurité et de scalabilité sont donc primordiales.

Le challenge réside dans le fait de trouver le meilleur équilibre
entre un temps de latence faible et un niveau de sécurité élevé.

Contrairement à Internet qui s’est construit sur la technologie de communication Hypertext Transfer Protocol (http), les technologies blockchain sont en grand nombre, et construites sur des technologies parfois bien différentes. Le bitcoin a son propre protocole. Ethereum également. Chaque technologie blockchain développe ses propres solutions afin de garantir sécurité et scalabilité. La course à la solution la plus poussée est intense, et les blockchains répondant le mieux à des challenges bien précis sont scrutées avec attention.

Une problématique bien connue dans le domaine blockchain, par exemple, est celle de la latence d’une technologie. La latence correspond au temps nécessaire pour un système blockchain à traiter une requête. Plus la latence est faible, et plus la performance sera au rendez-vous. Le sujet de la latence est ici éminemment lié à celui de la sécurité. Plus vous prenez du temps pour valider une information, et plus le caractère certain de cette information sera grand. Le challenge réside dans le fait de trouver le meilleur équilibre entre un temps de latence faible et un niveau de sécurité élevé. Les technologies actuelles apportent des solutions variées pour résoudre cet objectif. 

Prenons l’exemple de Visa qui permet jusqu’à 25’000 transactions par seconde (TPS)1. Bitcoin en comparaison2 est loin à la traîne avec seulement 7 transactions par seconde en 2018. Le challenger Ethereum ne fait pas vraiment mieux avec 20 transactions par seconde. Ripple, une technologie moins médiatisée mais bien connue des aficionados des cryptomonnaies, s’est construit principalement dans l’objectif de répondre à ce problème de nombre de transactions. Avec 1’500 transactions par seconde, le Ripple fait mieux que ses concurrents, mais est toujours bien loin derrière Visa. Les atouts de la sécurité de la Blockchain ont donc leurs désavantages. La course à l’amélioration des technologies est intense entre les différents acteurs. 

Les Blockchains privées apportent des solutions très efficaces,
avec des algorithmes résistants aux pannes dites byzantines.

Un autre exemple plus complexe est celui de la résistance aux pannes byzantines. Ce terme désigne la capacité d’une technologie à se défendre des comportements non rationnels. Dans un système comme celui des Blockchains publics, où le consensus de validation des informations est central, la capacité à se protéger contre les validateurs malintentionnés est primordiale. Les Blockchains privées apportent ici des solutions très efficaces, avec des algorithmes résistants à ces pannes dites byzantines. 

On comprend ici l’importance de faire progresser l’état de l’art de la cybersécurité en évaluant de manière systématique les différentes technologies, tant au niveau de leur sécurité que de leur capacité à répondre à ces problématiques de scalabilité et de croissance. Le tout en analysant et évaluant avec précision l’impact environnemental des solutions utilisées.

La Suisse, pionnière en matière de technologie blockchain, a bien compris l’intérêt d’un tel système d’évaluation. Les équipes de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) menées par le professeur Rachid Guerraoui, en collaboration avec Wecan Group, développent ainsi une méthodologie répondant à ce besoin d’évaluation de la vulnérabilité, de la performance et de l’impact des nombreuses technologies blockchain présentes et futures. 

Au vu des quelques solutions pionnières, de l’intérêt croissant des acteurs publics et privés, et de la variété toujours plus grande des secteurs touchés par ces innovations, la question concernant le choix des meilleures solutions est bien évidemment charnière. 

 

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