Les banques centrales durcissent le ton

Philippe Waechter, Ostrum AM

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Les investisseurs n’auront sans doute pas besoin d’intégrer une prime «inflation» aux taux d’intérêt à long terme.

© Keystone

«Pour l’instant, il est très difficile de trouver les arguments en faveur d’une pause», c’est en ces termes que Lael Brainard, vice-présidente de la réserve fédérale, a indiqué que la Fed pourrait ajouter une hausse supplémentaire en septembre. Après des hausses de 50 points de base (0,5%) en juin et en juillet, le taux des fed funds passerait alors à 2,5% en septembre contre 1% actuellement.

Du côté européen, Christine Lagarde, a validé la hausse de taux attendue lors de la réunion de la banque centrale européenne du 21 juillet, et déjà esquissée dans le discours du 11 mai. «Nous serons probablement en mesure de sortir des taux d’intérêts négatifs d’ici la fin du troisième trimestre», a-t-elle précisé. Et si elle en rajoute bien une en septembre, le taux directeur reviendrait alors à 0% et le refi passerait à 0,5%.

Les banques centrales sont encore dans le flou et ne savent pas à quel moment l’inflation changera d’allure. Elles ne peuvent donc pas prendre des positions qu’elles devraient renier plus tard. Ainsi, elles préfèrent intégrer une politique plus restrictive dans leurs anticipations plutôt que d’avoir à faire machine arrière plus tard. Les risques de persistance de l’inflation sont suffisamment importants pour ne pas prendre de risque et s’engager trop vite alors qu’il serait difficile pour les banques centrales d’inverser la tendance.

Gérer les attentes

Reste que les investisseurs attendent une stratégie plus restrictive des autorités monétaires. Une première étape pour répondre à ces attentes serait de revenir à un taux d’intervention qui représenterait une certaine neutralité en termes de politique monétaire. Avant la pandémie le taux était stable à -1% en zone Euro et à -1,1% aux Etats-Unis. Le taux des banques centrales en 2023, pourrait tendre vers 2-3% en zone Euro et 3-4% aux Etats-Unis. Au-delà de ces niveaux, la politique deviendrait restrictive.

La dernière rupture à la hausse de la politique monétaire a eu lieu après le 4 février 1994.La Fed avait alors surpris les investisseurs. Elle avait remonté son taux de référence sous prétexte de risques d’inflation. Les taux d’intérêts à long terme avaient alors vivement augmenté avant de se stabiliser. Face au durcissement des banques centrales, les taux longs pourraient à nouveau suivre une trajectoire comparable à celle de 1994 et se stabiliser.

Les banques centrales ne veulent pas se laisser prendre de vitesse par l’inflation. Pour répondre, aux attentes des investisseurs, elles doivent indiquer qu’elles durciront leur politique monétaire afin de contenir l’inflation qui apparait plus persistante qu’anticipé. Les banques centrales sont volontaristes dans cette lutte mais elles ont été surprises par la vitesse et l’ampleur de la hausse des prix.

Elles restent pourtant crédibles dans la lutte contre l’inflation. Elles feront le nécessaire pour que la hausse des prix ne s’inscrive pas dans la durée. Cette crédibilité suggère que l’inflation se réduira dans un futur proche avec des taux d’intérêt des banques centrales plus élevés.

Pour cette raison, les investisseurs n’auront pas à intégrer une prime inflation dans les taux d’intérêt de long terme. Ceux-ci se stabiliseront à un niveau plus élevé qu’actuellement tout comme en 1994.

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