Le virus repasse au premier plan aux Etats-Unis

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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L’élection s’est déroulée de manière pacifique et équitable, ce qui réduit le risque d’une remise en cause interminable, voire violente, des résultats.

Les marchés financiers ont bien réagi au résultat des élections américaines. Premièrement, si l’on s’attend à ce que le président élu Joe Biden reste ferme à l’égard de la Chine, sa politique sera sans doute bien plus prévisible et moins focalisée sur des menaces de droits de douane aux effets délétères. Deuxièmement, malgré les contestations (attendues) de Donald Trump, l’élection s’est déroulée de manière pacifique et équitable, ce qui réduit le risque d’une remise en cause interminable, voire violente, des résultats. Troisièmement, le raz-de-marée démocrate qu’attendaient la majorité des sondeurs n’a pas eu lieu. Une division du Congrès entre les deux partis limitera considérablement la marge de manœuvre du gouvernement Biden, notamment sur le plan budgétaire, concernant le projet d’annulation partielle des baisses d’impôts votées sous Trump. Les démocrates pourraient cependant remporter le Sénat, dont deux sièges restent à pourvoir en Géorgie, où aura lieu un scrutin de ballottage le 5 janvier. Globalement, les élections ne modifient pas nos perspectives économiques, dont la révision en baisse s’explique par la résurgence de la pandémie. Peu de restrictions ont été imposées à ce jour car la plupart des Etats touchés sont ruraux mais nous pensons que le virus reviendra avec l’hiver vers les côtes très peuplées, où de nouvelles mesures pèseraient bien davantage sur l’économie. Illusion sur le marché du travail au Royaume-Uni.

Comme prévu, l’inflation sous-jacente s’est stabilisée à 1,7% en août et septembre après le net repli dû à la crise des mois précédents. Elle devrait rester dans cette zone jusqu’en mars 2021. De son côté, l’inflation totale devrait fortement fluctuer sous l’effet de la variation considérable des prix de l’énergie et des effets de base associés. Nous pensons qu’elle atteindra un plus-bas de 1% en décembre, avant de rebondir pour dépasser temporairement la barre des 2% au deuxième trimestre 2021.

Même pas eu le temps de respirer au Royaume-Uni

La deuxième vague de coronavirus a touché une économie qui s’était à peine remise du premier assaut. Nous estimons que le PIB britannique n’était qu’à 94% environ de son niveau d’avant la crise en septembre, loin derrière l’Allemagne, la France (estimées à 97%) ou même l’Italie (96%). La succession de coups de frein et d’accélérations constatée ailleurs en Europe a pris une nouvelle dimension outre-Manche, où le gouvernement subventionnait les ménages pour manger à l’extérieur en août avant de refermer tous les bars et restaurants lors du reconfinement de novembre. Les commerces non essentiels restent également fermés mais l’envolée des ventes en ligne et le fait que les écoles et les usines restent ouvertes pourrait limiter la casse économique cette fois-ci. Comme en outre le taux d’utilisation des capacités part de bien plus bas qu’au printemps, le deuxième confinement devrait causer une chute mensuelle du PIB de « seulement » 5,4% en novembre, environ un quart de l’effondrement d’avril. Quant au Brexit, nous tablons toujours sur une issue favorable, l’élection de Joe Biden à la présidence américaine ayant accru la pression sur le gouvernement britannique pour trouver un accord commercial avec l’UE. Les démocrates américains ont d’ailleurs reproché au projet de loi sur le marché intérieur, censé pousser l’UE au compromis, de menacer la paix en Irlande du Nord. Ce texte, actuellement bloqué au parlement et susceptible d’empêcher tout accord commercial transatlantique, ne fait donc plus peur à personne.

Le programme de subvention des repas au restaurant avait tiré l’inflation à la baisse en août, avant un rebond technique en septembre à respectivement 0,5% et 1,3% pour l’inflation totale et sous-jacente. La première devrait rester inférieure à la seconde ces prochains mois en raison de la modération des prix de l’énergie, avant que le retour au taux de TVA normal ne la fasse remonter au-dessus de 1% début 2021.

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