Explosion du chômage en France

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Le secteur manufacturier sera moins touché cette fois-ci qu’au printemps car les chaînes logistiques mondiales sont rétablies.

Le Covid-19 avait déjà durement touché l’économie française lors de la première vague. Le choc devrait se révéler encore plus dur au quatrième trimestre en raison du reconfinement plus strict qu’ailleurs auquel a dû se résoudre le gouvernement. Le secteur manufacturier sera moins touché cette fois-ci qu’au printemps car les chaînes logistiques mondiales sont rétablies tandis que la demande d’Asie et des Etats-Unis reste plutôt insensible à l’évolution de la pandémie en Europe. Il s’ensuit que de nombreuses enquêtes sur le secteur manufacturier donnent des résultats supérieurs à ce que craignaient les analystes jusqu’ici pour ce trimestre. L’indice définitif des directeurs d’achats du secteur manufacturier d’octobre (PMI) a même légèrement dépassé l’estimation préliminaire, suggérant que la dégradation de la situation médicale des derniers jours d’octobre n’aurait que peu affecté l’activité industrielle et les nouvelles commandes. Il n’en va pas de même pour les services, dont les perspectives à court terme se sont indéniablement assombries : le PMI du secteur tertiaire est inférieur depuis deux mois au seuil d’expansion de 50 points et la montée du taux de chômage, de 7% au troisième trimestre à 8,8%, altère le moral des ménages. Contrairement aux autres pays européens, le deuxième confinement se ressent très clairement en France sur les déplacements individuels, concernant le temps passé dans les magasins et espaces de loisirs. Face à la dégradation de ces conditions, nous abaissons de -8% à -8,7% notre prévision de croissance pour 2020.

L’inflation annuelle est passée de 1,7% en janvier à zéro en octobre, avec des fluctuations extrêmes dues au décalage des facteurs saisonniers par rapport aux années « normales ». Cette volatilité devrait s’apaiser ces prochains mois mais les entreprises du tertiaire positionnées sur le marché intérieur auront sans doute du mal à relever leurs prix, ce qui laisse prévoir une faible pression inflationniste au premier trimestre 2021.

Le spectacle est fini en Allemagne

Le 2 novembre, l’Allemagne est entrée dans une phase de fermeture des lieux de sortie qui va durer au moins un mois. Les contacts sont limités à deux foyers et les restaurants, bars et autres lieux de loisirs sont fermés. Moins strictes qu’au printemps, ces mesures contre la flambée de Covid-19 sont plus dures que ce que nous attendions, d’où la révision en baisse de nos estimations de PIB. Les indices de déplacements de Google devraient refléter ces nouvelles restrictions (graphique du mois), censées, espérons-le, permettre d’atteindre rapidement un pic de nouveaux cas. Les faillites devraient augmenter dans les activités du tertiaire les plus touchées malgré le généreux plan de compensation du manque à gagner annoncé dernièrement. Nous attendons aussi un rebond du chômage, qui avait baissé de 6,4% cet été à 6,2% en octobre. Le secteur manufacturier pourrait toutefois poursuivre son redressement grâce au concours de la Chine et des Etats-Unis. La production industrielle a augmenté de 1,6% en septembre, moins que prévu par le consensus, mais l’indice des directeurs d’achats du secteur pour octobre a encore crû à 58,2 points, solidement ancré dans la zone d’expansion. Nous pensons néanmoins que la croissance va stagner au quatrième trimestre, pour ne repartir que doucement pendant l’hiver. La hausse du PIB du troisième trimestre supérieure aux attentes (8,2% sur trois mois contre 7,7%) amortit un peu l’effet sur 2020 mais le report statistique entraîne une réduction de 4,1% à 2,2% de notre projection de croissance du PIB en 2021.

L’indice harmonisé des prix à la consommation est resté négatif en septembre et octobre (-0,4% et -0,5% sur un an), toujours influencé avant tout par l’effet de base des prix de l’énergie et par la baisse de TVA de l’été. Les chiffres détaillés de l’inflation d’octobre seront publiés après la clôture de la rédaction mais il ne fait aucun doute que la pandémie a eu jusqu’ici un effet déflationniste.

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