Le signe d’un pic d’inflation dope le revenu fixe

George Curtis, TwentyFour Asset Management

2 minutes de lecture

Les chiffres américains de la hausse des prix ont été inférieurs aux attentes pour la première fois cette année.

©Keystone

Les marchés ont poussé un soupir de soulagement mercredi dernier après la publication des chiffres américains de l’inflation, qui se sont avérés inférieurs aux attentes pour la première fois cette année. L’indice global des prix à la consommation (IPC) a grimpé de 8,5% sur base annuelle en juillet, en recul par rapport aux 9,1% de juin; il est toutefois ressorti légèrement négatif (-0,02%) sur base mensuelle, ce qui n'avait jamais été aussi éloigné du consensus en plus de cinq ans étant donné que les économistes tablaient sur un chiffre de 0,2%.  

La lutte contre l’inflation n’est pas encore gagnée

Si nous nous attendions largement à un recul de l’inflation globale compte tenu des baisses dans le secteur des matières premières au cours du mois de juillet, nous avons également été soulagés de voir la pression se relâcher sur les prix dans l’IPC de base qui exclut l’alimentation et l’énergie. Cela tient en partie à certaines composantes de prix qui étaient anormalement élevées, telles que les billets d’avion (notamment à l’approche de la fin de l’été) et les véhicules d’occasion, mais nous avons également assisté à une décélération dans certains secteurs moins fluctuants comme le logement, où l’équivalent loyer pour les propriétaires a enregistré une croissance mensuelle de 0,6% contre 0,7% le mois précédent.

Il semble bien que les mesures prises par la Fed au cours des neuf derniers mois commencent à se répercuter sur les chiffres.

N’en concluons pas pour autant que la Fed a remporté sa lutte contre l’inflation. Si l’on peut de nouveau espérer que l’inflation ait atteint son pic, c’est le niveau auquel elle s’arrêtera qui compte: dans ce contexte, nous n’avons pas été surpris de voir des membres de la Fed s’empresser de tempérer les réactions d’enthousiasme excessif du marché après son compte-rendu. La Fed ne peut bien sûr pas faire autrement étant donné qu’un assouplissement des conditions financières au moment où l’inflation commence à se tasser n'est pas ce dont elle a besoin dans sa bataille pour ramener l’inflation à l’objectif de 2% – et le chemin est encore long pour y parvenir. On se souviendra aussi que les marchés ont déjà annoncé le pic d’inflation auparavant, ce qui n’a pas vraiment été une réussite.

Des facteurs externes pourraient encore surprendre à la hausse

Toutefois, il semble bien que les mesures prises par la Fed au cours des neuf derniers mois commencent à se répercuter sur les chiffres, une tendance qui devrait selon nous se poursuivre aux second semestre. Cela dit, des facteurs externes pourraient encore surprendre à la hausse, même si l’équation s’affaiblit du côté de la demande.

Le recul de l’inflation est néanmoins une bonne nouvelle et a été accueilli avec enthousiasme, déclenchant un fort rebond des marchés boursiers et obligataires en Europe et aux USA. Nous mettons en garde contre toute «exubérance irrationnelle» après ces indicateurs en attendant les prochains, mais au vu de la solide saison des bénéfices qui vient de s’achever, d’un nouveau rapport très positif concernant les emplois vendredi dernier, d’un taux de défaut qui reste proche des plus bas historiques et d’un pic d’inflation qui pourrait être derrière nous, on pardonnera volontiers aux marchés de profiter de l’embellie actuelle. Avec le secteur du crédit qui bénéficie enfin de flux positifs à son tour, nous ne serions pas surpris de voir les marchés accélérer le rythme durant le reste de l’été.

A lire aussi...