Le scénario d’un atterrissage en douceur conforté par la décrue de l’inflation

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Les actions et les obligations viennent de rebondir suite aux signes de poursuite de la décrue de l’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) aux Etats-Unis.

Après avoir grimpé proche de son sommet historique, le S&P 500 a connu une faiblesse passagère pour se retrouver, en fin de semaine passée, presque à son pic absolu.

De leur côté, les bons du Trésor américain à dix ans ont vu leur rendement se reprendre et dépasser la barre des 4%. Les cours actuels des contrats à terme sur les fonds fédéraux reflètent une baisse des taux directeurs d’environ 165 pb en 2024.

L’inflation globale aux Etats-Unis a rompu avec sa tendance à la décrue régulière. L’indice des prix à la consommation (IPC) en décembre est ressorti en hausse de 3,3% en glissement annuel, contre 3,1% en novembre.

Néanmoins, on observe des signes de poursuite de la décrue de l’inflation sous-jacente aux Etats-Unis, ce qui conforte le scénario de base de la Recherche d’UBS: un atterrissage en douceur de l’économie. Cela dit, les cours actuels des contrats à terme, qui reflètent une probabilité de 80% d’une première baisse des taux directeurs en mars, pourraient se révéler trop optimistes.

Poursuite de la décrue de l’inflation sous-jacente

L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) est tombée de 4% sur un an en novembre à 3,9% en décembre, au plus bas depuis mai 2021. Les prix des biens essentiels sont relativement stables. Toutefois, la pression inflationniste sous-jacente est principalement imputable à la hausse des prix des services.

Les chiffres de l’emploi, de l’inflation et de la croissance économique sont probablement trop élevés pour que la Fed s’empresse de baisser ses taux malgré les signes de détente graduelle du marché de l’emploi. 

La donne est susceptible de changer dans les mois à venir car la tendance pour les prix des biens pourrait être moins favorable et le coût des logements pourrait ralentir. Les loyers, qui sont ressortis en hausse de 6,2% en glissement annuel en décembre, représentent près de 70% de l’inflation des services essentiels. L’inflation des loyers, qui réagit avec douze mois de retard sur les nouveaux contrats de bail, devrait encore ralentir dans les mois à venir.

L’inflation des prix à la production est également en train de se calmer. Aux Etats-Unis, l’indice des prix à la production en décembre est ressorti en baisse de 0,1% en glissement mensuel et de seulement 1% en glissement annuel.

L’inflation salariale reste trop forte

Lors de la conférence de presse donnée dans la foulée de la réunion du comité de politique monétaire  (FOMC) de la de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell a souligné que les responsables suivent attentivement l’évolution des salaires.

Le dernier baromètre des salaires de la Fed d’Atlanta est resté inchangé en décembre (+5,2% sur un an). L’inflation salariale est moins forte qu’en juillet 2022, lorsqu’elle avait culminé à 6,7%, mais elle reste trop forte pour être compatible avec le taux d’inflation de 2% visé par la Fed.

Les chiffres de l’emploi, de l’inflation et de la croissance économique sont probablement trop élevés pour que la Fed s’empresse de baisser ses taux malgré les signes de détente graduelle du marché de l’emploi. Les créations d’emplois demeurent substantielles, le taux de chômage aux Etats-Unis flirte toujours avec son plus bas niveau depuis des décennies et la situation financière des ménages reste saine.

Par conséquent, on peut tabler sur un atterrissage en douceur de l’économie qui se traduira par un ralentissement graduel de la consommation des ménages en 2024.

Assouplissement monétaire: pas pour tout de suite

Le président de la Fed de New York, John Williams, a récemment déclaré qu’il était prématuré d’appeler à une baisse des taux directeurs compte tenu du chemin qui reste à parcourir pour ramener l’inflation vers l’objectif de 2%.

Il a ajouté que les taux devront rester élevés « pendant un certain temps » et que l’inflation ne devrait retomber à 2% qu’en 2025. Quelques jours plus tôt, le président de la Fed d’Atlanta, Raphael Bostic, a réaffirmé qu’il tablait sur une première baisse des taux directeurs au troisième trimestre.

Gérer les liquidités

De son côté, la Recherche d’UBS prévoit, dans son scénario de base, quatre baisses de 25 points de base cette année, la première intervenant au mois de mai. Dès lors, elle recommande, une fois encore, aux investisseurs de gérer les liquidités en limitant leur excédent et en engrangeant les rendements.

Même si, dans l’immédiat, les rendements devraient rester volatils, la Recherche d’UBS maintient son avis Most Preferred sur les obligations de qualité dans ses portefeuilles mondiaux. En outre, elle considère toujours que les investisseurs doivent impérativement détenir des actions de qualité.

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