Investir après le rallye de fin d’année

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Un portefeuille équilibré composé d’actions, d’obligations et de produits alternatifs devrait être le meilleur moyen pour les investisseurs d’accroître leur patrimoine au fil du temps.

Depuis mi-novembre, les actions mondiales et les obligations de haute qualité ont rebondi. Le S&P 500 a progressé de 14% depuis son creux d’octobre et le rendement du Trésor américain à dix ans n’a perdu qu’environ un point de pourcentage par rapport aux sommets atteints en octobre. Décryptage.

Cette évolution des marchés correspond au changement de l’environnement macroéconomique, dans lequel l’inflation, les chiffres de la croissance économique et les prévisions de taux d’intérêt continuent de façonner les perspectives d’investissement.

Une croissance américaine résiliente

Ces deux derniers mois, l’inflation américaine a été étonnamment faible, les données de l’indice des prix à la consommation (IPC) de novembre confirmant la tendance établie en octobre, à savoir qu’elle devrait avoisiner les objectifs de la banque centrale d’ici le second semestre de cette année. Aux Etats-Unis, les publications récentes témoignent également d’une croissance résiliente, avec des ventes au détail supérieures aux prévisions, et d’un marché de l’emploi toujours solide.

En outre, la Réserve fédérale américaine (Fed) a signalé qu’elle mettrait fin aux relèvements de taux, son président Jerome Powell ayant déclaré que la banque centrale était disposée à réduire les taux d’intérêt même si les Etats-Unis n’entraient pas en récession.

Par conséquent, la Recherche d’UBS a révisé ses scénarios potentiels pour l’année à venir. Récapitulatif des divers scénarios possibles.

Scénario de base: atterrissage en douceur (probabilité de 60%)

Le scénario de base est celui d’un atterrissage en douceur: la croissance ralentit à un niveau légèrement inférieur à la tendance, une récession aux Etats-Unis est évitée, l’inflation se rapproche des objectifs de la banque centrale d’ici le second semestre et la Fed réduit ses taux d’intérêt de 100 points de base. Les freins à la croissance américaine ne devraient pas provoquer d’augmentation de l’épargne de précaution et l’inflation devrait reculer à un rythme plus progressif.

Bien que les marchés anticipent désormais des baisses de taux plus importantes que celles prévues par la Recherche d’UBS, la Fed devrait tenter de trouver un équilibre entre sa volonté d’aider l’économie à éviter la récession et des chiffres du marché de l’emploi et de l’inflation sous-jacente qui suggèrent toujours la nécessité d’une politique monétaire plutôt restrictive.

Dans ce scénario, les rendements obligataires à moyen et long terme devraient continuer à baisser modérément et les indices des actions mondiales devraient encore progresser légèrement au cours de l’année. La Recherche d’UBS a relevé son objectif pour le S&P 500 à 5000 (contre 4700 précédemment) pour fin 2024. Sa prévision de rendement du Trésor américain à dix ans reste à 3,5%.

Scénario optimiste: boucle d’or (probabilité de 20%)

Dans ce scénario, la croissance ne connaîtrait pas de ralentissement significatif et resterait égale ou supérieure à la tendance. En outre, la Fed pourrait réduire les taux d’intérêt à titre préventif afin de ne pas entamer un cycle de réduction des taux trop proche de l’élection présidentielle de novembre, avec six baisses de taux en 2024 à partir du mois de mars.

L’inflation recule également plus vite et plus régulièrement dans ce scénario, ce qui permet à la Fed de justifier d’autant plus une baisse des taux plus précoce et plus importante que dans le scénario d’un atterrissage en douceur. Dans ces conditions, le S&P 500 pourrait grimper à 5300 fin 2024, avec un rendement du Trésor américain à dix ans de 4%.

Scénario pessimiste: atterrissage brutal (probabilité de 20%)

Cette fois, un ralentissement de la croissance entraînerait une récession modérée aux Etats- Unis. La gravité potentielle de ce scénario serait toutefois atténuée par l’assouplissement des conditions financières et par les fortes baisses de taux d’intérêt auxquelles la Fed devrait alors procéder.

Dans ce scénario, les rendements seraient sans doute nettement négatifs pour les actions et largement positifs pour les obligations, car les actifs refuges attirent les flux de capitaux. Bien que ce scénario reste plausible, chaque mois qui passe s’accompagne de résultats confirmant la bonne santé de l’économie américaine, ce qui réduit le risque d’une récession provoquée par la hausse des taux d’intérêt.

Les scénarios alternatifs

Il convient toujours de surveiller de près le risque qu’une période d’inflation supérieure aux prévisions ou une offre excédentaire de bons du Trésor américain ne conduise à des attentes plus fortes en matière de taux d’intérêt ou ne propulse à nouveau le rendement du Trésor américain à dix ans aux alentours de 5%. Un tel scénario serait négatif pour les marchés des actions et des obligations, même si la récente décrue de l’inflation et les prévisions de taux de la Fed le rendent moins probable qu’il n’y paraissait à la fin de l’année dernière.

Privilégier la qualité

Par conséquent, il est recommandé une fois encore aux investisseurs de gérer les liquidités en limitant leur excédent et en engrangeant les rendements. Malgré la probabilité d’une volatilité des rendements toujours forte à court terme, on prévoit, cette année, des rendements positifs pour les obligations de qualité dans de nombreux scénarios de marché.

Parmi les actions, on considère toujours que les investisseurs doivent impérativement détenir des actions de qualité. En effet, les données historiques montrent qu’elles ont tendance à surperformer dans les périodes de ralentissement de la croissance économique. La Recherche d’UBS maintient son avis Most Preferred sur le secteur américain des technologies, qui concentre un grand nombre d’actions de qualité.

S’exposer aux petites capitalisations

En complétant leur portefeuille d’actions de qualité par une exposition tactique aux petites capitalisations (small caps) américaines, les investisseurs devraient bénéficier de gains plus importants si les marchés poursuivent leur progression.

Les valorisations relatives des small caps américaines (indice Russell 2000) sont inférieures de 10 à 15% à leur niveau d’avant la crise bancaire régionale de mars, car la crainte que la Fed ne maintienne ses taux à des niveaux durablement élevés pour faire reculer l’inflation pénalise ce segment. Avec environ 50% de la dette des small caps à taux variable (contre 10% pour les large caps), le segment est très sensible aux taux d’intérêt et bénéficierait donc particulièrement d’une baisse plus rapide des taux de la Fed.

Enfin, un portefeuille équilibré composé d’actions, d’obligations et de produits alternatifs devrait être le meilleur moyen pour les investisseurs de préserver et d’accroître leur patrimoine au fil du temps. En effet, un tel portefeuille peut offrir des rendements solides et durables, des avantages en termes de diversification et une croissance assurée.

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