A travers son dernier livre blanc, intitulé «The Comeback of Alternatives», l’Union Bancaire Privée (UBP) analyse en détail le tournant majeur dans l’univers des investissements alternatifs depuis 2020.
Points clés
- Contexte et relance des alternatives (depuis 2020): Après une décennie difficile (2010-2019) marquée par des politiques monétaires ultra-accommodantes, l’essor des fonds alternatifs a repris en 2020. Ce retour s’explique par la montée de l'inflation et l'augmentation des taux d'intérêt réels, créant un environnement favorable pour les stratégies alternatives, notamment les hedge funds. Ceux-ci affichent désormais des performances robustes dans des marchés marqués par la volatilité et la dispersion des actifs.
- Rendements des dotations universitaires américaines: Des institutions comme Princeton et Yale, gérant respectivement 34 et 40 milliards de dollars, ont généré des rendements annuels de 10,8% et 10,9% sur 10 ans, surpassant les portefeuilles traditionnels (60/40) avec un rendement de 6,3%. L’une des raisons majeures de cette surperformance est l’utilisation stratégique des fonds alternatifs, dont les hedge funds (16% en moyenne dans ces portefeuilles), comme facteur clé de diversification.
- Cinq piliers pour réussir un investissement dans les hedge funds:
1. Acheter et conserver: Les investisseurs doivent adopter une approche à moyen et long terme pour bénéficier des cycles de performance des hedge funds.
2. Construire des prévisions: Décomposer les sources de performance en alpha pur (compétence du gestionnaire) et alpha stratégique (stratégies applicables au marché) permet de maximiser la valeur ajoutée.
3. Allocation d'actifs: Les hedge funds doivent être intégrés dans un portefeuille global (allocation stratégique de 15 à 30%) et non être gérés de manière isolée.
4. Sélection des gestionnaires: L’accès aux meilleurs gestionnaires, avec des critères stricts (expérience, AUM, cycle de marché), est essentiel pour capter des rendements.
5. Construction du portefeuille: Les stratégies alternatives permettent de diversifier les risques et d’ajouter des sources de rendements distinctes des actifs traditionnels, en particulier dans un environnement de corrélation positive entre actions et obligations. - Alpha par unité de coût: Bien que critiqués pour leurs coûts élevés, les hedge funds ont vu leurs frais diminuer. Un focus sur le «coût par unité d'alpha» montre que les alternatives peuvent offrir un meilleur rapport qualité/prix comparé aux fonds long-only traditionnels, surtout lorsqu'ils visent des rendements alpha supérieurs.
- Opportunités actuelles dans les fonds alternatifs :
- Stratégies actions long/short: Ces stratégies continuent d’offrir des opportunités grâce à la dispersion des prix des actions, qui permet de générer de l’alpha tant sur les positions longues que courtes.
- Stratégies de crédit: Les opportunités dans le crédit sont amplifiées par la volatilité et les écarts de spread. L’arbitrage d’obligations convertibles, par exemple, permet de générer des gains en capital et des revenus.
- Diversificateurs (macro et matières premières): Ces stratégies bénéficient de la volatilité accrue, des contraintes sur l'offre de matières premières, ainsi que de l’incertitude politique et économique, créant un environnement propice pour des positions non consensuelles.
Conclusion
Dans un contexte économique mondial plus incertain et marqué par une volatilité accrue des actifs traditionnels, les fonds alternatifs se positionnent comme une composante essentielle des portefeuilles diversifiés. L'approche endowment, largement adoptée par les institutions américaines, pourrait inspirer les institutions européennes à accroître leur exposition aux alternatives pour améliorer leurs rendements ajustés au risque.