Le changement climatique, dont les conséquences sont plus durement ressenties par les pays les plus pauvres, risque de creuser le fossé entre les pays développés et ceux en développement. Aggravé par la pandémie de Covid-19, ce déséquilibre a été mis à nu par les immenses taux de mortalité dus aux virus dans les pays en développement. Aujourd’hui, l'environnement est de plus en plus présent dans le discours public et la finance durable ainsi que l'investissement d'impact sont devenus des moyens de financement importants. Pourtant, il existe une autre source de fonds, souvent négligée, qui pourrait jouer un rôle clé dans la transition climatique et contribuer ainsi à réduire cette inégalité : la philanthropie environnementale.

Les arguments en faveur d'un relèvement du niveau d'ambition de la philanthropie environnementale, dont les actions soutiennent le développement durable et de la protection de l’environnement, sont convaincants. Si le mot philanthropie peut évoquer des promesses de dons importants de la part de personnes fortunées, elle peut être tout aussi puissante – voire davantage – à plus petite échelle. En effet, le pouvoir de l'action philanthropique individuelle est importante, en particulier lorsqu'elle est dirigée de manière réfléchie vers des projets et des organisations valables. La philanthropie environnementale est certes active encore à petite échelle, mais elle peut avoir un impact immense lorsqu'elle est articulée de manière efficace dans un effort commun.

Adoptant une approche holistique, de plus en plus d'entreprises du secteur de la banque privée, en complément à leurs offres d'investissement, encouragent leurs clients à faire des dons philanthropiques parallèlement à l'investissement d'impact, une stratégie qui devrait être mobilisée à tous les niveaux. Une philanthropie environnementale intelligente concentrée dans des actions communes peut contribuer à protéger la nature et notre climat.

Un exemple est celui des «Blue Bonds for Conservation», qui, par le biais de NatureVest, une unité d'investissement de The Nature Conservancy, offre un moyen révolutionnaire de convertir la dette publique des Seychelles en protection de l'environnement marin, l'aidant ainsi à s'adapter au changement climatique. Grâce à ce projet, les Seychelles ont désigné 410'000 kilomètres carrés – une superficie plus grande que l'Allemagne – comme zones marines protégées, atteignant ainsi leur objectif de protéger 30% du territoire océanique local avec un an d'avance. Si davantage de projets comme ceux-ci recevaient des dons réguliers, la progression serait encore plus rapide.

Pour pouvoir aborder la question de l'aggravation des inégalités dans le monde, il est important de garder à l'esprit que la durabilité environnementale est en fin de compte à la base de la durabilité sociale. De nombreuses institutions prennent des mesures pour lutter contre la pauvreté, en particulier dans l'immédiateté de la crise de Covid, où les enfants et les adolescents sont parmi les plus vulnérables. De nombreuses autres banques privées dont Lombard Odier collaborent avec des fondations pour fournir des fonds et sensibiliser le public. Si ces initiatives sont importantes et urgentes, nous ne devons pas oublier que la philanthropie environnementale est également vitale à long terme : avec un financement adéquat, elle a le pouvoir d'aider à faire face à l'urgence climatique et de travailler ainsi à combler le fossé des inégalités entre les pays développés et ceux en développement.

Le monde de l'entreprise ne peut pas rester sur la touche en ce qui concerne le changement climatique. Nous devons être actifs et imaginatifs. La philanthropie environnementale, en particulier, peut jouer un rôle plus central et stratégique en combattant les inégalités mondiales et l'urgence fondamentale de la crise climatique dans le cadre d'une approche holistique, afin de préserver ce qui est le plus précieux et d’engager un changement positif.