Cap sur le crédit au premier trimestre

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Nous privilégions le crédit sur de courtes durations, et particulièrement les obligations d’entreprises européennes de type investment grade et celles à haut rendement.

2022 aura été une année particulièrement difficile, tant pour les actions que pour les obligations. Le pire est-il maintenant derrière nous? En 2023, nous nous attendons à ce que l’inflation et les conséquences du choc de l’offre causé par la guerre entre la Russie et l’Ukraine restent des enjeux de premier plan, mais avec des effets plus limités sur les marchés financiers. L’évolution de l’inflation sous-jacente (hors prix de l'énergie et des denrées alimentaires) sera déterminante pour la suite des événements, puisque ce n’est que lorsque cette inflation-là diminuera que les banques centrales pourront mettre fin à leur politique monétaire restrictive. La réouverture de la Chine, et la fin de sa politique de ‘Zéro-Covid’, présente un autre inconnu, puisque cela pourrait certes mener à un regain de croissance, mais aussi perturber les chaînes d’approvisionnement en raison du nombre élevé d’infections.

Cet environnement macro-financier a trois implications pour notre stratégie d’allocation d’actifs.

Premièrement, nous privilégions le crédit sur de courtes durations, et particulièrement les obligations d’entreprises européennes de type investment grade et celles à haut rendement (high yield). Ces obligations offrent à présent des rendements attrayants, donnant aux investisseurs un coussin de sécurité en cas de nouvelles hausses des taux et d’augmentation des écarts de crédit. Sur les obligations à haut rendement, nous privilégions aussi les obligations européennes car les écarts du crédit sont supérieurs à ceux en USD et la dépréciation du dollar pourrait se prolonger.

Deuxièmement, nous encourageons la prudence envers les obligations d’Etat. Depuis plusieurs mois, les taux d’intérêt à court terme sont supérieurs aux taux à long terme, ce qui est habituellement interprété comme le signal d’une récession imminente. Bien que cette inversion de la courbe des taux d’intérêt soit significative, la prudence reste de mise sur les obligations d’Etat en raison des nouvelles hausses de taux à venir.

Enfin, nous restons exposés sur les actions tout en accentuant la sélection. Nous priorisons ainsi les valeurs de qualité que nous définissons par 4 critères. Le premier est la stabilité et un niveau élevé du rendement du capital. Le deuxième est la présence d’avantages concurrentiels à long terme. Par exemple, les brevets, procédés spéciaux et économies d’échelles permettent à l’entreprise de protéger sa position sur le marché, et de générer de la valeur actionnariale. Troisièmement, nous choisissons des entreprises qui bénéficieront des tendances de croissance structurelle à long terme, comme le vieillissement de la population, la numérisation de l’économie, et les nouvelles tendances de consommation. Enfin, le quatrième critère est la valorisation de l’action concernée, que nous cherchons à obtenir à un prix raisonnable.

Notre forte concentration sur la qualité dans les marchés d’actions nous mène à privilégier les actions européennes, dont les valorisations sont attrayantes comparées à celles des actions américaines. Dans le cadre du ralentissement de l’économie mondiale, les actions européennes, en particulier les valeurs de style «value» restent encore extrêmement sous-valorisées et offrent un potentiel de hausse important.

Nous voyons aussi un fort potentiel du côté des actions de marchés émergents pour trois raisons. Premièrement, les marchés émergents bénéficient de la baisse du dollar américain, qui génère des flux de capitaux vers ces marchés. Deuxièmement, la réouverture de la Chine suite à la fin de la politique du ‘Zéro-Covid’ présage un regain de la demande et des exports. Enfin, les valorisations des actions des marchés émergents restent attrayantes, créant des opportunités pour l’investisseur cherchant des entreprises de qualité à des prix raisonnable.

Tourner la page de 2022 prendra du temps et demandera un peu de patience. Pour un repositionnement significatif, il faudrait que l’inflation atteigne un pic, que la fin du cycle de hausse des taux d’intérêt soit proche, que la courbe des taux se stabilise et que les principaux indicateurs de marché atteignent des points bas.

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