La souveraineté au défi de la prospérité

Wilfrid Galand, Montpensier Finance

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Entre Europe, Etats-Unis, Chine ou Japon, les banques centrales divergent et les devises doivent s’ajuster, introduisant un nouvel élément d’instabilité économique.

La souveraineté est au cœur des enjeux politiques mondiaux. Au-delà des ambigüités du mot, les défis économiques posés par ce nouvel «horizon indépassable» sont nombreux.

L’élection présidentielle qui vient de s’achever en France n’a pas fait exception à la nouvelle règle de la politique mondiale: les enjeux de «souveraineté» sont désormais au cœur des débats politiques.

Le mouvement, déjà sensible en 2016 avec l’élection de Trump («America First») et le Brexit («Take back control») s’est élargi aux problématiques sanitaires avec la pandémie et s’est accéléré suite à la guerre en Ukraine et aux perturbations des chaines d’approvisionnement liées au «zéro-CoVid» chinois.

Au-delà des slogans, le terme recouvre des notions bien différentes. Entre autarcie – le modèle «Corée du Nord» - autosuffisance – le nouvel objectif assumé de la Russie post guerre en Ukraine, voire de la Chine sur certains pans considérés comme critiques de son économie – et résilience – mot d’ordre de l’Union Européenne pour se projeter en 2030 - toutes les acceptions sont possibles.

Reste néanmoins deux invariants, même dans les conceptions de la «souveraineté» les plus ouvertes sur le commerce international: privilégier les productions nationales sur les importations et priorité donnée à la satisfaction des besoins des citoyens du pays.

L’Europe semble montrer une solidité et une solidarité prometteuses dans les crises majeures affrontées depuis le Brexit, y compris sur le plan militaire.

Les principes énoncés ci-dessus se heurtent néanmoins à la nécessité de répondre à une demande de prospérité de la part des citoyens en Europe comme aux Etats-Unis, qui ne se dément pas depuis la crise financière de 2008 et même se renforce après les restrictions liées à la pandémie.

Or la prospérité est indissociable des échanges. Depuis la théorie des avantages comparatifs énoncés par David Ricardo en 1817 dans son ouvrage «principes d’économie politique et de l’impôt», l’ouverture des frontières reste un préalable à un développement économique capable de faire progresser la richesse des pays et de leurs habitants.

Comment réconcilier ces deux volontés en apparence antagonistes: bien vivre et mieux contrôler son destin?

En gardant en tête un triptyque simple. Premier élément: Nul ne peut produire tout ce qui est nécessaire à son bien-être et il faut accepter une certaine dépendance, loin du «mythe du potager».

Deuxième élément: il faut cultiver ses «avantages comparatifs» au sens de Ricardo, et son excellence dans la production de biens et services essentiels à l’économie moderne pour être en position de force lors des négociations commerciales entre puissances.

Et troisième élément, sans doute le plus important: seul un réseau d’alliances stratégiques solides et reposant sur des valeurs communes permet d’exister et surtout de prospérer à long terme dans un monde d’interdépendance.

A ce titre, l’Europe semble montrer une solidité et une solidarité prometteuses dans les crises majeures affrontées depuis le Brexit, y compris sur le plan militaire. Et le moindre des paradoxes n’est pas que le Royaume-Uni de Boris Johnson ne se soit montré – pour l’essentiel - un allié fiable dans ces circonstances exceptionnelles. Reste à poursuivre ce chemin et à montrer, dans les turbulences énergétiques considérables qui nous attendent, que le «triptyque de souveraineté» est efficace.

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