D'ordinaire, le mois d’août est une période calme sur le marché des crypto-actifs, mais cette année fait exception à la règle. Si l’on considère les 100 premières capitalisations du marché, on observe une hausse proche de 30% en moyenne. Beaucoup d’indicateurs restent au vert, notamment en ce qui concerne les investisseurs institutionnels qui continuent à augmenter leurs positions. Pourtant, la plupart des observateurs ont les yeux fixés sur une problématique qui pourrait avoir un impact sur l’intégralité du marché.

On le sait, Ethereum est aujourd’hui l’un des projets les plus importants de l’écosystème des crypto-actifs et un certain nombre d’observateurs envisagent même la possibilité qu’il dépasse un jour Bitcoin en termes de valorisation, tant ses fonctionnalités sont avancées. On citera bien entendu les smart contracts, à l’origine de l’ensemble des projets de finance décentralisée que nous avons déjà évoqué.

Pourtant, Ethereum a un talon d’Achille: l’explosion de l’usage des smart contracts a entraîné une hausse massive du nombre de transactions réalisées simultanément sur cette blockchain. Et  cette hausse a entraîné une augmentation des commissions que chacun doit payer pour déclencher une transaction.

Et c’est là que les ennuis commencent. Comme le montant des commissions dépend uniquement de la saturation du réseau, on a donc vu des périodes où les commissions pouvaient être dix fois plus importantes que le montant... des avoirs transférés. Absurde.

Mais les développeurs Ethereum ne sont pas restés sans réagir. Ils travaillent d’arrache-pied sur le projet de long terme Ethereum 2.0, qui devrait en théorie résoudre toutes les problématiques actuelles, et permettre des milliers de transactions par seconde pour un coût négligeable.

En attendant, des solutions de contournement sont proposées. Ainsi, le 5 août dernier, une évolution du protocole connue sous le nom de EIP-1559 a été déployée. Le but consiste, notamment, à stabiliser les commissions. Le marché attendait cette évolution avec impatience! Preuve en est: le cours d’Ethereum a pris 24% entre le 1er et le 8 août.

Pour autant, force est de constater que cette évolution n’a rien résolu: les commissions sur Ethereum ont même augmenté significativement - en moyenne - pendant le reste du mois.

Si on veut voir le verre à moitié plein, on peut d’abord constater que la mise à jour s’est déroulée sans anicroche. Ce qui n’est jamais à négliger. Et, surtout, que l’intérêt pour l’utilisation d’Ethereum continue à être extrêmement fort. C’est cette demande, notamment dans le domaine des NFTs, qui tire le prix des commissions à la hausse.

Si l’on étudie les choses sur le long terme, il faut souligner que l’EIP-1559 réduit assez fortement le rythme de création monétaire sur Ethereum. La rareté de l’actif augmente, le rapprochant de Bitcoin en tant que réserve de valeur.

Les concurrents d’Ethereum ne veulent surtout pas laisser passer une telle aubaine. Proposant des technologies de smart contracts équivalentes, des réseaux comme Binance Smart Chain (+40%), Cardano(+111%), Avalanche (+218%)  et Solana (+209%) tentent clairement de profiter de ce moment de faiblesse du leader du marché. Et on en voit les conséquences sur le marché: les cours de ces challengers d’Ethereum sont les actifs dont la valorisation a le plus augmenté au cours du mois d’août.

Solana est clairement en pleine croissance. Les plateformes de finance décentralisée commencent à enrichir son écosystème. On n’attend plus que les grands projets comme Uniswap ou Aave le rejoignent pour qu’il atteigne la maturité ! Avalanche lance un programme de récompenses pour convaincre les acteurs existants de se déployer sur son propre réseau.

En ce qui concerne les deux autres, les choses ne sont pas aussi claires. La qualité des projets déployés sur la Binance Smart Chain, qui est une copie directe du code d’Ethereum, est très limitée: clones de projets existants, problèmes de sécurité fréquents, doutes sur l’évolution à long terme...

Pour Cardano, c’est encore pire: malgré une hausse très significative du cours sur le marché qui a atteint son plus haut historique pendant le mois d’août, les premiers essais de smart contracts ont montré des limitations techniques très fortes, difficiles à dépasser, alors qu’on n’en est qu’aux premiers balbutiements. Les développeurs affirment bien entendu qu’ils trouveront des solutions, mais il faut garder à l’esprit que le projet est en phase de développement depuis plus de cinq ans. Il n’est plus vraiment temps de décevoir.

La guerre des plateformes de smart contracts est donc bien en route. Difficile de dire aujourd’hui si le leader du marché Ethereum pourra garder sa suprématie, ou si l’un de ses concurrents directs pourra le dépasser. En termes d’investissements, ces affrontements pourront être à l’origine d’opportunités particulièrement intéressantes. À condition d’étudier de près les avantages et inconvénients des différents protagonistes.