La fintech devrait se faire une place dans votre portefeuille

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Les attentes des consommateurs évoluent rapidement et l'on observe une amélioration notable de richesse des services qui reposent sur la fintech.

Le secteur des services financiers a tardé à s'adapter aux nouvelles technologies. En partie à cause de la complexité des réglementations, des habitudes des consommateurs et d'autres contraintes liées aux solutions de dimensionnement. La donne a néanmoins commencé à changer: les attentes des consommateurs en matière d'outils digitaux évoluent rapidement et l'on observe une amélioration notable de la variété et de la richesse des services qui reposent sur la fintech.

En début d'année, CB Insights recensait 75 licornes (start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars) dans la fintech au niveau mondial. Ce troupeau grandit rapidement alors que les investisseurs cherchent à s'exposer à de nouvelles plates-formes prometteuses et à des entreprises porteuses d'innovations de rupture.

Des changements sont en cours

Aux Etats-Unis, la plate-forme d'échange et de stockage de crypto-monnaies Coinbase a été admise à la cote il y a dix jours sur le Nasdaq. Lors de sa première séance, sa capitalisation boursière a flirté avec les 85 milliards de dollars, soit une valorisation supérieure à celle des Bourses de valeurs américaines traditionnelles.

La pandémie a bouleversé le comportement
d'un grand nombre de consommateurs à travers le monde.

Ce troupeau de licornes n'échappe plus à la vigilance des autorités de réglementation. Le leader chinois des services de paiement Ant Group a annoncé il y a peu sa transformation en une holding financière chapeautée par la Banque centrale chinoise. Cette annonce intervient dans un contexte de durcissement des restrictions et de resserrement du contrôle par les autorités. Par la suite, certains médias ont fait état de possibles modifications de l'actionnariat de l'entreprise, des informations démenties par cette dernière.

D'après la Recherche d’UBS, ces deux événements montrent que le secteur des services financiers est sur le point de connaître un changement irréversible sous l'impulsion des acteurs de la fintech. Quels sont les enseignements que les investisseurs peuvent en tirer? Tour d’horizon.

Adoption accélérée des services financiers

La pandémie a bouleversé le comportement d'un grand nombre de consommateurs à travers le monde. Ils n'hésitent plus à passer par Internet pour réaliser leurs courses alimentaires, mais aussi pour effectuer des investissements plus fréquents et plus complexes.

Pendant la pandémie du Covid-19, les sociétés fintech ont réduit leurs frais et amélioré la fluidité des transactions. Elles ont également simplifié les processus d'accueil des nouveaux clients, multiplié les canaux de paiement digitaux et enrichi l'éventail des services à valeur ajoutée.

La génération Y, qui représente près d'un quart de la population mondiale et un patrimoine de 24'000 milliards de dollars, est de plus en plus demandeuse de services financiers digitaux abordables. Ces changements s'avèreront certainement durables.

Le tour de vis donné par la Chine a également obligé les investisseurs
à réévaluer les modèles d'affaires des sociétés fintech.
Entreprises technologiques bien placées

La réduction des coûts, l'aversion au risque et les dépenses de mise en conformité avec la réglementation sont quelques-uns des héritages de la crise financière mondiale de 2008 pour le secteur bancaire. Les géants technologiques et les petites start-up se sont engouffrés dans la brèche créée par le manque d'innovation des établissements financiers. Ceci au moment où la connectivité mobile se généralisait.

Les entreprises technologiques ont pris une longueur d'avance dans de nouveaux segments tels que les paiements électroniques, les technologies appliquées à l'assurance (assurtech), ainsi que les plates-formes de prêt et d'investissement en ligne.

Le contrôle plus strict exercé par les gouvernements et les capitalisations boursières record des géants technologiques suggèrent que les autorités de réglementation et les marchés s'attendent à ce qu'elles soient dorénavant des leaders. Les acteurs financiers historiques disposés à racheter des sociétés fintech ou à investir dans ces nouveaux acteurs peuvent probablement également jouir de l'avantage du précurseur.

Réglementation omniprésente

Les investisseurs dans la fintech ne peuvent ignorer l'environnement réglementaire. L'essor de la fintech est devenu un sujet majeur aux yeux des responsables politiques, qui y ont réagi en prenant des mesures aussi bien générales que spécifiques. Ceci afin de saisir les opportunités et d’atténuer les risques de l'innovation financière.

Le tour de vis donné par la Chine a également obligé les investisseurs à réévaluer les modèles d'affaires des sociétés fintech en accordant une attention particulière à la valeur des données privées, aux exigences de fonds propres et aux bénéfices futurs. En revanche, les crypto-monnaies profitent jusqu'ici d'un laisser-faire, ce qui laisse planer un risque sur les opérateurs exposés à ce segment.

Miser sur les entreprises non cotées

Coinbase vient de faire son entrée en Bourse, ce qui n'est pas encore le cas d'Ant Group, sachant que ces deux sociétés ont réalisé plusieurs tours de table afin de financer leur croissance rapide. Les fonds de capital-risque restent l'un des moyens les plus intéressants pour investir dans les start-up du secteur de la fintech, et ce quel que soit leur stade de développement.

Les investisseurs auront la possibilité
de se positionner à long terme dans divers domaines.

D'un point de vue sectoriel, les investisseurs s'intéressent surtout aux prêteurs non traditionnels, aux paiements, à l'assurtech et aux néobanques, ainsi qu'aux start-up spécialisées dans le paiement différé («Achetez aujourd’hui, payer plus tard»).

Le bel avenir de la fintech

Par conséquent, compte tenu de la multiplication des introductions en Bourse de sociétés fintech dans les douze à 18 mois qui viennent, les investisseurs auront la possibilité de se positionner à long terme dans divers domaines. On pense notamment aux plates-formes de paiement en ligne, à la blockchain appliquée aux technologies financières, ainsi qu’à l'intelligence artificielle appliquée à l'investissement.

La Recherche d’UBS est d’avis que le marché mondial de la fintech triplera au bas mot pour atteindre 750 milliards de dollars en 2030. Le contrôle plus étroit des autorités de réglementation aura sans doute des répercussions favorables sur le long terme pour le secteur et les consommateurs. En effet, un contrôle accru créera les conditions d'une concurrence loyale et atténuera les risques systémiques ou inhérents à la concentration pour le système financier.

La fintech est l'une des nombreuses opportunités de croissance structurelle à long terme et il est possible de s'y exposer en investissant aussi bien dans des entreprises cotées que dans des entreprises non cotées.

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