Encore un potentiel de hausse malgré le sommet historique du S&P 500

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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A mesure que la croissance s'accélérera, les valeurs cycliques, notamment les petites capitalisations et les actions des marchés émergents, surperformeront.

Il y a dix jours, l'indice S&P 500 a atteint un sommet historique malgré l'anxiété des investisseurs face à la menace d'un regain d'inflation et d'une hausse des rendements obligataires. Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a augmenté de 8 points de base (pb) en l'espace d'une semaine. Il dépasse désormais 1,63%, soit 90 pb de plus qu'en début d'année.

Depuis le 12 février, date du précédent sommet historique du S&P 500, les secteurs cycliques (énergie, finance, industrie et matériaux) surperforment avec une progression de 5 à 20%, tandis que les valeurs technologiques sont les lanternes rouges, avec un repli de 5%. Et ceci malgré le rebond de 3% enregistré par l'indice Nasdaq il y a dix jours.

 Les récentes évolutions confortent dans l'idée
que la reprise économique aux Etats-Unis s'intensifiera.

Pour la Recherche d’UBS, la hausse des rendements obligataires n'est pas incompatible avec la progression des marchés des actions si elle est le fruit des prévisions de croissance, et non de la crainte d'un resserrement monétaire. Les récentes évolutions confortent dans l'idée que la reprise économique aux Etats-Unis s'intensifiera et que les banques centrales ne donneront pas un tour de vis prématuré. Ce dernier pourrait, en effet, créer les conditions d'une poursuite du rebond des marchés des actions et de la rotation des valeurs de croissance vers les valeurs cycliques.

Croissance plus forte que prévu

Le projet de loi promulgué il y a dix jours comporte des mesures de relance évaluées à 1900 milliards de dollars, un montant nettement supérieur à celui anticipé en début d'année. Ses dispositions sont de nature à donner un coup de fouet à la consommation et à la croissance. L'une des mesures consiste en des versements directs de 1400 dollars à une majorité d'Américains. Les demandeurs d'emploi toucheront également une allocation complémentaire de 300 dollars par semaine.

Cette manne inattendue tombera alors que l'on observe déjà des signes de rattrapage de la demande refoulée des ménages américains, notamment une hausse de 5,3% des ventes au détail en janvier. Dans ces conditions, la Recherche d’UBS pourrait être amenée à revoir à la hausse sa prévision de croissance du PIB des Etats-Unis estimée à 6,4% en 2021.

Soutien par les banques centrales

Il y a dix jours, la Banque centrale européenne (BCE) a suggéré que la reprise économique dans la zone euro pourrait être freinée par la hausse des rendements obligataires. Elle s'est dit prête à accélérer le rythme de ses achats d'obligations au trimestre prochain afin d'enrayer un resserrement injustifié des conditions financières.

L'évolution de la situation conforte toujours
le potentiel de hausse des actions.

En dépit d'un possible regain d'inflation à court terme, la BCE table toujours sur une inflation nettement inférieure à son objectif jusqu'en 2023. Ceci laisse entrevoir le maintien d'une politique monétaire extrêmement accommodante. La Banque centrale australienne s'efforce également d'enrayer la hausse des rendements en augmentant le rythme de ses achats d'obligations.

De son côté, la Réserve fédérale américaine (Fed) a suggéré qu'elle était disposée à tolérer une légère surchauffe de l'économie. Son président Jerome Powell a déclaré que l'inflation engendrée par le rattrapage de la demande refoulée serait probablement transitoire et que, dans ces conditions, la Fed pouvait se permettre de faire preuve de patience. La Fed souhaite que l'inflation dépasse son objectif de 2% afin d'ancrer les anticipations d'inflation, qui étaient trop basses ces dernières années.

Vers une normalisation

D’un autre côté, les nouvelles sont encourageantes sur le front des vaccins: le président Biden a annoncé un doublement des commandes relatives au vaccin de Johnson & Johnson (soit 100 millions de doses supplémentaires). Par ailleurs, GlaxoSmithKline et Vir Biotechnology ont annoncé que les essais cliniques montrent une efficacité de leur traitement contre le Covid-19, avec une réduction de 85% des hospitalisations et des décès.

De telles possibilités de traitement pourraient faciliter la levée des restrictions par les gouvernements sans que cela se traduise par une saturation du système de santé. Le déconfinement est plus ou moins rapide selon les pays. Les plus avancés dans la campagne de vaccination se dirigent vers une normalisation, ce qui laisse entrevoir une tendance favorable dans les mois à venir.

Par conséquent, l'évolution de la situation conforte toujours le potentiel de hausse des actions. A mesure que la croissance s'accélérera, les valeurs cycliques, notamment les petites capitalisations et les actions des marchés émergents, surperformeront. La Recherche d’UBS entrevoit également des possibilités de profiter des accès de volatilité liés à l'inquiétude suscitée par l'inflation, qui semble exagérée et qui devrait retomber.

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