Point d’étape avant la Fed.
La Fed avait auparavant communiqué sur deux hausses de 0,50% aux réunions de juin et juillet, mais des fuites persistantes dans la presse évoquant une hausse de 0,75% mettent cette dernière possibilité franchement sur la table. La Fed panique après le rapport de l’inflation du mois de mai qui a montré une progression annuelle des prix de 8,6%. Le fameux ‘pic’ d’inflation se fait attendre.
La fonction de réaction de la Fed a deux caractéristiques: d’abord la Fed regarde dans le rétroviseur plutôt qu’à travers le pare-brise. C’est l’inflation actuelle qui la guide, plutôt que les modèles macroéconomiques montrant une décélération dans les prochains mois, ou même les anticipations d’inflation toujours bien ‘ancrés’ du marché obligataire (par exemple le taux d’inflation 5 ans dans 5 ans, longtemps la boussole de la Fed, qui est à ‘seulement’ 2,3%). Deuxièmement, les considérations psychologico-politiques ont autant d’importance que les critères économiques. Le cabinet Biden met une pression énorme sur la Fed, alors même qu’une grande partie de l’inflation américaine provient justement d’un déluge budgétaire en 2021. Le peuple demande des réponses rapides.
Nous pensions que la Fed allait mettre davantage l’accent sur, ou du moins commencer à évoquer, les signaux de faiblesse de l’activité économique qui se mettent à apparaître, en particulier dans l’immobilier résidentiel, mais aussi dans la confiance des entreprises. A notre surprise ces signaux sont totalement ignorés et la Fed semble même vouloir espérer une mini-récession pour endiguer l’inflation. Cela va à l’encontre de l’ADN historique de la Fed, d’éviter les récessions à tout prix. A quand la Fed reviendra-t-elle à une fonction de réaction plus sereine et davantage en ligne avec ses valeurs profondes? Nous pensions auparavant que ce changement de philosophie serait au cours de l’été, mais désormais il semble que la Fed puisse rester dans son «tunnel de panique» plus longtemps que prévu. Cela ne sera pas sans conséquence sur la croissance économique, qui risque d’accuser le coup alors que la sensibilité des Etats Unis aux taux d’intérêt est très forte dans un contexte d’endettement public et privé toujours très conséquent.