La chute des bancaires est un mauvais présage

Emmanuel Garessus

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La hausse des taux d’intérêt n’est plus une bénédiction pour les banques mais le signe avant-coureur d’autres mauvaises nouvelles.

Qui ose encore affirmer que la hausse des taux est une bénédiction pour le secteur financier? Comme souvent en octobre, la finance paraît vaciller et les autorités interviennent. En octobre 2008, en pleine crise financière, six banques britanniques étaient partiellement nationalisées. Quatorze ans plus tard, la Banque d’Angleterre sauve les fonds de pension locaux à la suite d’une crise sur des produits complexes (LDI) sur les Gilts. «L’histoire ne se répète pas, mais ses rendez-vous se ressemblent» écrivait l’essayiste Gabriel de Broglie.

En ce début d’année, les analystes promettaient que la hausse des taux d’intérêt profiterait, comme d’habitude, aux valeurs bancaires. La guerre en Ukraine et le resserrement des politiques monétaires ont mis à mal ce scénario. Les anticipations de récession augmentent en effet les provisions. D’ailleurs, comme nous le rappelle le Wall Street Journal, la hausse des taux n’est une bénédiction pour les banques qu’à condition qu’elle résulte du dynamisme de l’économie et que la hausse des revenus d’intérêts dépasse celle de leurs coûts.

Les cours des titres bancaires européens sont inférieurs à ceux d’octobre 2008, non seulement ceux de Credit Suisse, mais aussi d’UBS et des banques européennes. L’incertitude sur le sort des banques grimpe à nouveau dangereusement sur le Vieux-Continent dans la crainte d’une récession de grande ampleur.

Jusqu’à récemment, en Angleterre, personne ne croyait que les fonds de pension seraient en danger. Que cachent les bas niveaux des valeurs bancaires?

Certes, tout le monde répète que les banques sont en meilleur état qu’à l’époque de la crise financière et que leurs fonds propres sont enfin confortables. Les mesures prises après 2009 ont même, dit-on, transformé les banques en sociétés sans risque. Elles sont donc des sociétés sans rendement puisque ce dernier exprime la rémunération du risque.

Les investisseurs sont pourtant très réticents. Quel cygne noir pourrait-il émerger? Jusqu’à récemment, en Angleterre, personne ne croyait que les fonds de pension seraient en danger. Que cachent les bas niveaux des valeurs bancaires? Selon un sondage de Piper Sandlers, 55% des investisseurs interrogés estiment que le risque de crédit constitue le principal risque pour les banques, contre 5% il y a un an. On craint donc une hausse des provisions.

On oublie peut-être que les banques sont parmi les grands détenteurs d’obligations souveraines, dites sans risque. Le resserrement monétaire pourrait bien provoquer des événements semblables à ceux que vient de travers la City. De nombreux pays sont surendettés et incapables de financer une hausse des taux dans un environnement récessif. Ce ne sont pas les hypothèses employées pour les budgets 2023 qui rassurent. Qui croît que la France de Bruno Le Maire, dont la dette explose, enregistrera une croissance économique de 1% l’an prochain (avec un déficit budgétaire de «seulement» 5%)?

Les banques sont en première ligne si l’on assiste à une perte de confiance envers la dette souveraine.  D’ailleurs les obligations d’Etat ne sont peut-être pas le placement sans risque que les régulateurs imaginent. C’est peut-être l’un des messages qu’entend nous livrer la nouvelle baisse des banques. Dans quelle mesure les banques centrales sont-elles prêtes à voler leur au secours?

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