La Chine hausse le ton, mais a-t-elle les moyens de ses ambitions?

Peter van der Welle, Robeco

2 minutes de lecture

Tant que l’économie locale n’aura pas durablement repris le chemin de la croissance, la rhétorique musclée de Pékin risque de pousser les investisseurs à la prudence.

© Keystone
Des moteurs qui patinent

En 2021, la contribution de la Chine à la croissance mondiale n’a pas été aussi importante que ces dernières années, la faute à une décélération provoquée par des mesures fortes prises par le pouvoir central et à un rattrapage des économies développées dans un contexte post-COVID.

Ainsi, regrettant que la croissance ne profite pas de la même façon aux 1,4 milliard de Chinois, le Parti a décidé de lancer un programme dit de «prospérité commune». Pékin voulait également améliorer le système d’aides en faveur des plus démunis pour apaiser les tensions sociales qui menacent le régime. Avec 1% des ménages qui détiennent le tiers des richesses du pays, la Chine ne fait pas mieux que les Etats-Unis en matière d’inégalités. Avec un ratio dette/PIB supérieur à 270%, une population vieillissante et de plus en plus dépendante et une augmentation des coûts environnementaux, la classe politique sait que les principaux problèmes de la Chine sont chinois.

Dans les faits, les réformes de Pékin reviennent à obliger le secteur immobilier à se désendetter.

Face à ces défis, le programme de «prospérité commune» est axé sur trois secteurs à forte concentration de richesse et de pouvoir à savoir l’immobilier, la technologie et l’éducation. La PBoC a défini trois lignes rouges: un ratio passif/actif inférieur à 70%, un ratio d’endettement net inférieur à 100% et un ratio liquidités/dette à court terme inférieur à 1. Dans les faits, cela revient à obliger le secteur immobilier à se désendetter. Evergrande, qui est actuellement en train de restructurer sa dette, en a fait les frais.

Lire l’avenir dans les feuilles de thé

La question est désormais de savoir si le tour de vis a porté ses fruits et si les investisseurs peuvent espérer un interventionnisme moins prononcé en 2022, ce qui serait une excellente nouvelle pour les actions chinoises et émergentes. Or la situation n’est pas très claire. Le durcissement de ton du gouvernement central a provoqué un ralentissement des ventes de logement et une baisse des prix de l’immobilier, ce qui pèse sur l’effet de richesse, donc sur la consommation. Historiquement, en Chine, il existe une corrélation positive forte entre croissance de la consommation et prix des logements, car l’essentiel du patrimoine des ménages vient de l’immobilier.

La PBoC et le Ministère des finances se sont engagés, fin décembre, à assurer une croissance stable.
La pandémie, un facteur à ne pas oublier

Parallèlement, le COVID-19 continue de se propager à travers le monde et le nouveau variant Omicron a provoqué une vague de reconfinements. En raison de la stratégie zéro COVID de la Chine et des éléments tendant à prouver que le vaccin Sinovac ne protège pas contre le variant Omicron, même après une dose de rappel, les confinements pourraient se multiplier dans le pays à court terme. La consommation intérieure s’en retrouverait pénalisée, même si les JO d’hiver approchent. Les dirigeants chinois devront donc faire preuve d’agilité pour réussir à slalomer entre ces menaces pour la croissance.

Réussir un atterrissage en douceur

Tous les regards sont braqués sur le grand patron. Pour confirmer son statut de chef du parti avant le congrès de 2022, Xi Jinping aura vraisemblablement à cœur de protéger la stabilité sociale tout en assurant un atterrissage en douceur de l’économie. L’assouplissement de la politique monétaire, qui passe par de nouvelles baisses du ratio de réserves obligatoires, le rebond de la dynamique du crédit au premier semestre 2022, le recours à la relance budgétaire et la détente des règles applicables à l’immobilier résidentiel en sont les outils les plus évidents. La PBoC et le Ministère des finances se sont d’ailleurs engagés, fin décembre, à assurer une croissance stable, évoquant une baisse de la fiscalité et des liquidités en quantité suffisante. 

A lire aussi...