Que 2022 soit marquée par un regain de vigueur de la démocratie

François Savary, Prime Partners

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La prévalence de l’état de droit est le plus sûr rempart contre la peur. Une économie et une entreprise ne peuvent être durablement prospères sous le régime de la peur.

   

Alors que la fin de l’année approche, il n’est pas rare de lire, entendre ou de voir des commentateurs s’étendre sur les scénarios catastrophes (ou les mauvaises surprises) qui pourraient venir perturber une évolution harmonieuse du cycle économique et des marchés financiers. Alors que nous sommes tous (une nouvelle fois) sous la pression de la Covid-19, a-t-on vraiment envie d’être confronté aux prédictions des Cassandre? D’une manière générale, n’y a-t-il pas une traction auto-réalisatrice dans cette approche pessimiste du monde?

Un adage récurrent veut que tout événement soit à la fois un risque et une opportunité. Alors plutôt que regarder le verre à moitié vide, on peut aussi tenter de le considérer comme à moitié plein ! Ce qui ne veut pas dire que tomber dans l’optimisme béat.

La résurgence de la pandémie et l’esprit de confrontation, parfois haineux, sur cette question tend à nous faire oublier que des progrès importants ont été réalisés dans la gestion du virus, qui «pourrit» nos vies depuis deux ans. Alors oui Omicron ou son successeur éventuel pourraient ruiner l’année 2022; il est aussi possible que tous les efforts consentis par une large majorité de la population pour permettre de juguler cette menace finiront par payer. Je nous le souhaite.

Rien ne permet de dire a priori que le grand argentier US court à l’échec.

La Réserve Fédérale américaine et les banques centrales en général sont entrées dans une phase délicate de la conduite de la politique monétaire: le changement de cap vers une orientation plus restrictive. Ces phases ne sont jamais simples et elles peuvent induire des erreurs «funestes» pour le cycle économique et financier. Rien ne permet de dire a priori que le grand argentier US court à l’échec dans sa tentative de calmer les pressions inflationnistes excessives qui sont apparues. Il est aussi possible qu’une normalisation de ces dernières au cours des prochains mois puisse permettre d’éviter une erreur fatale dans le resserrement monétaire en cours. Je nous le souhaite.

Le monde est sujet à de multiples tensions géopolitiques, qui font craindre qu’un grain de sable ne finisse par faire «dérailler» la machine des relations internationales:  le risque de conflit armé en Ukraine, le possible échec des négociations sur le nucléaire iranien, les tensions américano-russes, la menace d’un intervention chinoise à Taiwan et, par extension, le climat de «guerre froide» entre Pékin et Washington ne sont que les points de cristallisation les plus souvent évoqués pour se faire peur. Il y en a d’autres aptes à nourrir le sentiment d’un système international tombé dans le chaos et dans une spirale infernale vers la confrontation inévitable. On peut aussi se remémorer que les tensions excessives nourrissent aussi les volontés de s’ouvrir à la négociation, à l’image de ce que le monde a connu dans les années 1980 au moment où «l’inflexible» Reagan et Gorbatchev ont privilégié la voie de l’accord à celui de la menace d’une confrontation que d’aucuns pensaient inévitable. Certes, le monde multipolaire d’aujourd’hui est plus compliqué mais, sans se soumettre et en défendant ses intérêts légitimes, il est possible aussi de limiter les escalades inutiles. Je nous le souhaite.

Le pire est toujours possible ce qui ne veut pas dire forcément probable.

Il n’est pas besoin de revenir ici sur les propos de Winston Churchill pour caractériser la démocratie mais on ne peut que constater les assauts dont ce régime fait l’objet depuis plusieurs années. Le sentiment diffus que la «cause est entendue» face aux attaques populistes et/ou communautaristes de toutes sortes et que nous devons nous résoudre à la défaite de la démocratie pourrait légitimement nous faire broyer du noir. Ce serait alors oublier le cas de la dernière élection présidentielle américaine, la maturité des élites politiques allemandes dans la formation d’un nouveau gouvernement, le sursaut qui semble se faire jour en Hongrie ou encore des signes encourageants dans la course à la Présidence française. 2022 peut-elle permettre de voir la démocratie résister aux assauts des régimes populistes et autoritaires? Je nous le souhaite.

Je m’égare, me direz-vous, car ces considérations sont hors de propos dans le cadre d’une chronique économico-financière? Pas autant qu’il peut paraître de prime abord. La démocratie est par essence le respect de l’état de droit. C’est d’ailleurs bien pour cela que les états autoritaires sapent ce dernier autant qu’ils le peuvent et que les populistes/complotistes fourbissent leurs armes pour, le cas échéant, s’engager sur la même pente.

La démocratie nourrit peut-être des élites (méprisables aux dires des populistes de tout bord) mais les autres systèmes font de l’arbitraire et du chaos les deux mamelles de leurs agissements. La prévalence de l’état de droit est le plus sûr rempart contre la peur; une économie et une entreprise ne peuvent pas être durablement prospères sous le régime de la peur. Voilà pourquoi je nous souhaite que 2022 soit celle du regain de la démocratie pour nous permettre de surmonter les défis qui nous attendent, sans tomber dans le travers du catastrophisme! Le pire est toujours possible ce qui ne veut pas dire forcément probable.

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