Les rendements des bons du Trésor américain ont été volatils après la publication d’indicateurs qui ont envoyé des signaux contradictoires quant à la santé du marché de l’emploi.
Jeudi d’avant, le rendement des bons du Trésor à deux ans a culminé en séance à 5,11% – au plus haut depuis 2008 – dans la foulée de la publication du rapport ADP (Automatic Data Processing), qui a fait état de 497 000 créations d’emploi dans le secteur privé en juin, quasiment deux fois plus que prévu.
Toutefois, des données publiées le lendemain ont semblé contredire cette situation: les chiffres officiels de l’emploi salarié ont fait état de seulement 209 000 créations de postes au cours du mois, dont 149 000 dans le secteur privé.
Dans un cas comme dans l’autre, ces chiffres sont inférieurs aux attentes. Le rendement des bons du Trésor à deux ans est ainsi retombé à 4,75% avant de rebondir par la suite vers 4,9%. Même s’il est difficile de tirer des conclusions concrètes de ces données, ces statistiques confortent l’idée que l’atterrissage en douceur que la Réserve fédérale américaine (Fed) s’efforce d’orchestrer s’apparente à un numéro d’équilibriste.
Les derniers chiffres laissent espérer un fléchissement de la demande de main-d’œuvre et, en définitive, une fin imminente du resserrement monétaire aux Etats-Unis. Ils mettent en évidence les plus faibles créations d’emplois mensuelles depuis décembre 2020. De plus, c’est la première fois depuis quinze mois que ces chiffres se révèlent inférieurs aux estimations du consensus.
Toutefois, le taux de chômage est retombé à 3,6%, contre 3,7% le mois précédent. Il reste proche de celui enregistré en avril (3,4%), qui était le plus bas depuis 69 ans. Par ailleurs, le salaire horaire moyen a augmenté plus vite que prévu (en glissement mensuel comme en glissement annuel), trop vite pour être compatible avec le taux d’inflation de 2% visé par la Fed.
L’indice des dépenses de consommation personnelles hors alimentation et énergie – le baromètre de l’inflation préféré de la Fed – est ressorti en hausse de 4,6% en mai, contre 4,7% en avril, après avoir culminé à 5,4% en février 2022.
Toutefois, on n’observe pas de décrue constante de l’inflation sous-jacente depuis le début de l’année (elle oscille entre 4,6 et 4,7%). Lors de son audition devant le Congrès à la fin juin, le président de la Fed, Jerome Powell, a estimé que «la pression inflationniste (restait) forte et que le retour à une inflation de 2% (prendrait) du temps».
Il y a dix jours, la présidente de la Fed de Dallas, Lorie Logan, un membre votant du comité de politique monétaire (FOMC), a pour sa part estimé qu’«un nouveau tour de vis (était) nécessaire pour que l’inflation retrouve rapidement et durablement un niveau conforme à l’objectif».
Cette divergence complique la tâche de la Fed, qui s’efforce d’orchestrer un atterrissage en douceur de l’économie. Le secteur des services, qui est le principal foyer de tensions inflationnistes ces derniers temps, résiste bien, à en juger par les résultats des enquêtes de conjoncture.
L’indice ISM des services en juin a rebondi à 53,9 points, son plus haut niveau depuis quatre mois, alors que le consensus tablait sur 51,2. Les composantes des nouvelles commandes et de l’emploi ont augmenté. La conjoncture dans le secteur manufacturier est moins bonne mais le rebond des ventes de voitures en juin a quelque peu soutenu l’indice.
Par conséquent, les investisseurs devraient privilégier les obligations aux actions dans la mesure où les risques qui pèsent sur l’économie restent considérables. La préférence devrait toujours aller vers les obligations de grande qualité, notamment les emprunts d’Etat et le segment investment grade, qui devraient avoir le vent en poupe en cas de ralentissement économique plus marqué. Les rendements totaux sont en effet devenus encore plus attrayants (4,9% par an pour les bons du Trésor américain à deux ans).