La BNS relève son taux de 50 points de base et évoque de futures hausses face à l’inflation

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Ces prochains trimestres, on peut prévoir une légère appréciation du franc face à l'euro, car les politiques monétaires de la BCE et de la BNS devraient être plus ou moins synchronisées.

Jeudi passé, la Banque nationale suisse (BNS) a relevé son taux directeur de 0,5 point de pourcentage (pp) à -0,25%, dans un contexte de pression inflationniste accrue et d'effets de second tour qui se dessinent. Dans le même temps, la BNS a également évoqué de futures hausses de taux afin de stabiliser l'inflation.

La prévision d'inflation de la BNS pour 2023 et pour 2024 montre clairement des préoccupations inflationnistes plus élevées qu'en mars (pour 2023: 1,9% et pour 2024: 1,6% vs 0,9% en mars dernier). En effet, l'inflation se situe, en fin de période de prévision, à nouveau au-dessus de la fourchette cible.

Une politique plus restrictive en vue

Les nouvelles prévisions d'inflation indiquent fortement que la politique monétaire de la BNS devrait devenir nettement plus restrictive ces prochains trimestres. Cela devrait se traduire par de nouvelles hausses des taux d'intérêt, tant en 2022 qu'en 2023.

La Recherche d’UBS est d’avis que la BNS relèvera les taux d'intérêt de 0,5 pp en septembre et de 0,25 pp en décembre et en mars.

Les attentes d'inflation nettement plus élevées de la BNS suivent ainsi les perspectives d'inflation de la Banque centrale européenne (BCE). La BCE table sur une inflation moyenne de 3,5% en 2023.

La BNS surprend avec une hausse des taux d'intérêt

La hausse des taux d'intérêt de la BNS de jeudi était inattendue, tant dans le temps que dans l'ordre de grandeur. Elle montre que l'évaluation de l'inflation suisse par la BNS a nettement changé. Cette dernière a entamé le cycle de hausse des taux d'intérêt plus tôt que la BCE. Et cela implique le risque d'un nouveau renversement de tendance dans la politique de la BNS si les hausses de taux de la BCE ne se concrétisent pas.

Cela pourrait être le cas si les perspectives de politique monétaire de la BCE changeaient à nouveau dans les mois à venir, en raison d'une escalade de la guerre en Ukraine avec un embargo sur le gaz et, éventuellement une récession dans la zone euro, ou des turbulences sur les marchés des capitaux de la périphérie.

La fin des taux d’intérêt négatifs

La Recherche d’UBS est d’avis que la BNS relèvera les taux d'intérêt de 0,5 pp en septembre et de 0,25 pp en décembre et en mars. L'ère des taux d'intérêt négatifs en Suisse devrait ainsi prendre fin durant le second semestre.

Les risques d'inflation dans la zone euro sont nettement plus marqués qu'en Suisse.

Toutefois, dès que la BNS aura laissé derrière elle les taux d'intérêt négatifs, elle devra agir avec plus de prudence que la BCE. Les risques d'inflation dans la zone euro sont nettement plus marqués qu'en Suisse. Le taux directeur de la BNS devrait se situer à 0,75% à la mi-2023, alors que la BCE devrait relever ses taux directeurs bien au-delà de 1% en 2023.

Pas de nouvelle hausse substantielle des taux à dix ans

Ces derniers mois, les taux d'intérêt à long terme (par exemple à dix ans) ont fortement augmenté. Des anticipations d'inflation plus élevées et l'attente d'un relèvement significatif des taux d'intérêt par la BNS au cours des prochains trimestres ont poussé les taux à la hausse sur l'extrémité longue de la courbe des taux. Cependant, selon la Recherche d’UBS, la hausse des taux directeurs est déjà reflétée dans les prix du marché. Cela indique une tendance latérale à court terme pour les taux d'intérêt à plus long terme.

Ces prochains trimestres, on peut prévoir une légère appréciation du franc par rapport à l'euro, car les politiques monétaires de la BCE et de la BNS devraient évoluer de manière plus ou moins synchrone. En outre, le cours EURCHF est désormais passé en dessous de la parité et l'euro n'est plus sous-évalué.

Toutefois, si le franc devait s'apprécier fortement ces prochains trimestres, la BNS serait prête à intervenir sur les marchés des changes. Dans le même temps, la BNS devra garder un œil sur la volatilité du franc et vendre des réserves de devises en cas de faiblesse de la monnaie helvétique.

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