La BCE veut rattraper son retard

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Les investisseurs anticipent un taux d'intérêt à 2,5% d’ici juillet 2023. Un scénario que Christine Lagarde juge plausible. L’objectif sera de réagir à des perspectives d’inflation défavorables.

Avec 9,1% en août, le taux d’inflation n'a jamais été aussi élevé depuis la création de la zone euro. Cette hausse des prix se poursuivra ces 2 prochaines années selon la BCE qui anticipe 8,1% en 2022 et 5,5% en 2023. La pression sur les prix pourrait même s'accentuer à court terme. Au cours des prochains mois, il faut s'attendre à ce que le seuil de 10% d'inflation soit franchi. La banque centrale anticipe une contraction de l’activité en fin d’année, puis une reprise au printemps 2023. La croissance sera alors de 0,9% en 2023. Un scénario optimiste compte-tenu de la persistance d’une inflation élevée.

L’attention porte désormais sur une possible inversion des courbes des taux en réaction à des perspectives d’activité défavorable.

Après avoir longtemps hésité, la BCE tente désormais de prendre des mesures décisives. L'augmentation des taux d'intérêt de 75 points de base le 8 septembre à 0,75% (taux de dépôt) est la plus forte jamais effectuée par la BCE. La tendance se poursuivra puisque les officiels de la BCE ont confirmé que de nouvelles hausses arriveront lors des prochaines réunions. Les investisseurs anticipent par ailleurs un taux BCE à 2,5% d’ici juillet 2023. Un scénario que Christine Lagarde considère comme plausible. L’objectif sera de réagir à des perspectives d’inflation défavorables si l’on en croit les consommateurs qui attendent une inflation à 7,1% ces 12 prochains mois et à 4,7% au cours des 3 prochaines années!

Cela conduit les taux souverains à fortement augmenter. Le taux italien 10 ans excède les 4%, et ceux allemands se rapprochent des 2%. Une tendance difficile à freiner malgré la flexibilité des rachats d’actifs apportée par la BCE en juin et juillet. Alors que les obligations d'Etat allemandes ont été vendues pour un volume de plus de 14 milliards d'euros, la BCE a renforcé les obligations d'Etat espagnoles (6 milliards d'euros) et italiennes (10 milliards d'euros). Néanmoins, le mouvement de hausse persiste. L’attention porte désormais sur une possible inversion des courbes des taux en réaction à des perspectives d’activité défavorable. Celle allemande est désormais proche de l’inversion, tandis que celle française reste pentifiée. En raison de contexte défavorable, nous restons prudents et maintenons une duration courte des obligations dans les portefeuilles.

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